La causerie d'avant match

Olivier Baute
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La causerie d'avant match
Photo: © SC

Serge Gehoulet, ancien membre du staff technique du Sporting de Charleroi et ancien entraineur de l'AS Eupen, partage son vécu et ses expériences du coaching. Chaque semaine, il vous fera découvrir un aspect de cette corporation.

Une causerie réussie c’est tout un art. Parler au collectif tout en s’adressant à l’individuel est la grande difficulté de la causerie. C’est un exercice plus difficile qu’il n’y parait. Pas de place pour l’improvisation, un « briefing » d’avant match cela se prépare si on veut fédérer, motiver, rassembler mais surtout être efficace et impactant vis-à-vis de son équipe.

Ci-dessous certains points d’attention pour la réussite d’une causerie :

1. Un rituel qui ne doit jamais être banal ; celle-ci constitue le dernier moment d’influence de l’entraineur. «Gommer»  les doutes, réduire les incertitudes, encourager le risque et l’initiative et surtout motiver en utilisant les mots justes. Pour réussir une bonne causerie il faut que l’entraineur soit en forme. Si ce n’est pas le cas il est  préférable de l’adapter et de le réduire.

2. Ne jamais oublier que quelqu’un qui a peur transmet sa peur ; l’entraineur doit éviter de laisser transparaitre une grande angoisse,  il doit éviter les signes de nervosité en manifestant une grande assurance (bien surveiller son langage, sa posture et son gestuel qui pourraient le trahir).

3. Courte, tonique, dynamique et positive ; une causerie doit être courte et impactante.  Il est essentiel de ne pas tomber dans la routine en développant  des approches différentes ; parfois il faut remonter le moral, parfois il faut fustiger. Parfois c’est très court, parfois c’est plus long. L’entraineur peut jouer sur l’effet de surprise en laissant les joueurs entre eux trois ou quatre minutes afin qu’ils puissent se parler des taches respectives de chacun. Cela peut développer une forme de solidarité qui peut se retrouver sur le terrain.

4. Ne pas trop insister sur la valeur de l’adversaire, de la sorte on risque (in)consciemment de semer le doute dans l’esprit des joueurs avant le début du match au lieu de développer une confiance en « béton armé ».

5. Eviter un vestiaire surchauffé qui pourrait entrainer une somnolence peu propice à la compréhension du message de l’entraineur.

6. Surprendre pour capter l’attention des joueurs en utilisant (par exemple) une image forte ou une métaphore. L’humour a sa place dans une causerie, un rire collectif et inattendu permet un relâchement et favorise une certaine complicité entre les joueurs et l’entraineur.

7. L’aspect motivationnel de la causerie intervient toujours à la fin.

8. Axer le discours sur le jeu et pas l’enjeu ;  les joueurs sont responsables du « jeu ». La pression du résultat est pour l’entraineur. Insister sur le plaisir du jeu comme quand ils jouaient plus jeunes dans la cour de récréation de leur école. Toujours dédramatiser l’évènement,  rappelez-vous, les évènements ont l’importance qu’on leur accorde  «  c’est un match de football juste un match ! »

9. L’intervention du président ; si celui-ci veut prendre la parole face au groupe, c’est toujours avant la causerie de l’entraineur jamais après. Il ya un risque de décalage avec vos propos.

10. Tous les joueurs sont différents et ont besoin d’une approche différenciée de la part de leur entraineur; certains ont besoin d’être « câlinés » pour être performants, d’autres ont besoin d’être « secoués ».
 



« Le plus important dans une causerie, c’est l’émotion que vous aurez fait passer.  Les joueurs le ressentent. S’ils vous apprécient et ont envie de remporter un succès, ils feront les efforts. »

(F. Hantz)

« Avec les plus jeunes, le discours sera orienté vers le plaisir du jeu ; plus haut dans les catégories, la causerie doit faire état dans un premier temps de l’objectif technico-tactique, en lien direct avec le travail qui a été effectué la semaine. La deuxième partie de la causerie sera axée sur la motivation et l’investissement »

(Elie Baup)


Dans tous les cas (le jour du match), la causerie doit rester très courte, 10 à 15 minutes tout au plus…

Source : J. Crevoisier/S. Gehoulet



A méditer : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »



Sportez-vous bien, à la semaine prochaine !

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