Eibar et Luzenac, ou le foot joué hors du terrain

Joao Viriato Nunes
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Eibar et Luzenac, ou le foot joué hors du terrain
Photo: © SC

Comment des lois mal faites peuvent fausser les championnats européens

Des évènements en Espagne et en France ces dernières semaines auront peut-être des conclusions différentes mais montrent tous les deux que le mérite sportif ne suffit pas toujours pour réussir dans le football professionnel.

En Espagne, l'Eibar a brillement réussi sa montée en D1 pour la première fois de son histoire. Après deux promotions successives, cette ville basque de 27 000 habitants s'attendait à pouvoir bientôt recevoir les illustres visiteurs de Barcelone et Madrid dans sa petite enceinte.

Sa montée fut une complète surprise. Le club, contrairement à tant d'autres en Espagne qui sont surendettés, applique ce que ses dirigeants appellent une "économie de guerre" et avait le plus petit budget de la D2. Or, paradoxalement ça lui a presque couté sa promotion si difficilement conquise.

La loi exige que les clubs qui montent aient un certain capital social, qui est quatre fois supérieur à celui dont l'Eibar disposait. L'objectif étant de garantir que les clubs puissent payer leurs dettes, la loi est perverse pour des clubs comme Eibar qui n'en ont pas.

Le club basque a finalement réussi à augmenter son capital grâce à une mobilisation extraordinaire de ses supporters ainsi que des gens de 48 pays qui ont voulu empêcher ce qui aurait été une énorme injustice.

Mais si à Eibar les supporters auront accompli le rêve de voir son équipe affronter les grosses affiches, l'histoire est moins allègre en France. Le Luzenac, représentant d'un village de 650 habitants perdu dans les Pyrénées, a réalisé l'impossible exploit d'être promu en D2.

Tout allait bien jusqu'à l'entrée en scène de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), le gendarme des comptes de la ligue de football professionnel, célèbre pour avoir brisé plus d'un rêve de promotion en France. Encore cette saison, elle a tenté d’empêcher Lens de monter en D1 pour manque de garanties financières.

La raison d'être de cette direction est assez compréhensible, son objectif étant, comme en Espagne, d'empêcher les faillites et les défauts de paiement. Mais la DNCG, dans une interprétation très large de ses fonctions, semble avoir des critères qui ferment les portes du foot professionnel aux petits clubs. C'est très regrettable étant donné que cela dénature l'esprit même du sport et, à long terme, peut ouvrir le chemin à des ligues fermées "à l'américaine", bloquant des promotions et relégations pourtant basées sur des résultats sportifs.

 Fabien Barthez, ancien champion du monde et directeur sportif de Luzenac, parle d'un "délit de sale gueule". Son club va d'appel en appel, jusqu'au tribunal administratif pour prouver qu'il répond aux critères exigés. Si celui-ci est débouté, ses supporters se demanderont surement à quoi servent les victoires sur le terrain.

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