Analyse Saelemaekers à Milan : un cas qui pose question pour le futur d'Anderlecht

Saelemaekers à Milan : un cas qui pose question pour le futur d'Anderlecht
Photo: © photonews

C'est donc une certitude désormais : Alexis Saelemaekers va être prêté avec option d'achat obligatoire à l'AC Milan. Une surprise ? Oui et non. Car le "cas" Saelemaekers paraissait délicat à gérer pour Anderlecht ... et c'est inquiétant.

Une sensation d'inachevé : voilà ce que laissera Alexis Saelemaekers aux supporters du RSC Anderlecht en partant ce vendredi 31 janvier pour l'AC Milan. En un an et demi, la situation de l'ailier a changé du tout au tout : d'arrière droit brillant faisant ses débuts à 18 ans avec une audace et une spontanéité folles, il était devenu un ailier, voire un milieu axial (non-sens à nos yeux) d'à peine 20 ans, mais comme déjà usé, forcé d'être un cadre trop jeune. 

Une progression qui interpelle 

Ne revenons même pas sur le bref passage de Fred Rutten à Anderlecht, qui aura surtout fait perdre du temps à tout le monde et freiné la progression de plusieurs jeunes. Alexis Saelemaekers, il faut mettre cela à sa charge, a été mis sur le banc par d'autres entraîneurs, pour diverses raisons - y compris en Espoirs par Johan Walem. Le caractère explosif du jeune latéral, ses quelques lacunes défensives également, lui ont joué des tours et il fallu qu'Alexis retombe les pieds sur terre pour reprendre sa progression. 

Mais cette saison, son cas interpelle. Un peu trop vite considéré comme impropre au poste de back droit par un Vincent Kompany qui y laissera pourtant Killian Sardella, 17 ans, trop longtemps qu'il l'aurait fallu (sans plus jamais même y essayer Saelemaekers une seule fois !), il reviendra du diable vauvert pour le Classico du 1er septembre, inscrivant le seul but du match et prenant une belle revanche. Il ne quittera presque plus le onze, trimballé du flanc droit au flanc gauche en passant par l'axe. 

Trop vieux trop vite ? 

Pourtant, quelque chose cloche. Saelemaekers n'a que 20 ans, mais on a l'impression que tous attendent plus de lui, et pour cause : à 20 ans, il est déjà un "vétéran" parmi les jeunes du RSCA. Jérémy Doku, Marco Kana, Yari Verschaeren, Killian Sardella, Antoine Colassin, Sieben Dewaele, même Albert Sambi Lokonga : tous sont plus jeunes, même de quelques mois, et Saelemaekers lui-même évoque certains de ses coéquipiers comme s'il avait ce rôle de "grand frère", pour le jeune Doku ou le jeune Kana. 

C'est là qu'intervient une question qui nous semble légitime : n'est-ce pas le "piège" du projet anderlechtois, de ce "In Youth We Trust" qui consiste, cela a été dit, à intégrer de nouveaux jeunes à intervalle régulier dans le noyau ? Quand un joueur de 17 ou 18 ans arrive dans l'équipe A, mécaniquement, il fait des jeunes de 20 ans qui l'ont précédé des "anciens". Saelemaekers a vu arriver Yari Verschaeren la saison passée ; il a vu arriver la fournée suivante durant l'été 2019. Cet hiver, Antoine Colassin ... Et beaucoup semblent oublier une chose : Alexis lui-même n'est pas un joueur "fini", a encore énormément de progrès à faire. On a même parfois l'impression que son meilleur poste n'a pas encore été trouvé. 

Ce processus n'a pas de machine arrière possible. Vous ne pouvez pas "redevenir" un joueur vierge, méconnu, la patience du public et des analystes (voire de vos entraîneurs) ne reviendra pas de nulle part - la seule voie est vers l'avant. Dans une situation si délicate que celle d'Anderlecht, c'est un piège cruel. 

Une leçon pour l'avenir ? 

Quoi qu'on puisse en dire, et même si les 7 millions d'euros touchés pour ce départ vont faire du bien au club, devoir se séparer d'un des plus grands talents de Neerpede sans avoir réussi à en tirer le maximum cette saison est un aveu d'échec pour Anderlecht (qui ne se privera pas, si Saelemaekers brille à Milan, de rappeler d'où il vient avec aplomb).

La pire chose qui peut arriver à Anderlecht est de griller des jeunes présentés comme l'essence du process ... 

C'est cependant une situation win-win : Saelemaekers, redevenu le "petit nouveau", entouré de moins d'attentes, pourra grandir dans un environnement différent, devra passer un nouveau palier. Avec un Zlatan dans le vestiaire, il n'a pas le choix et sa marge de progression reste énorme. Anderlecht, de son côté, ne pouvait probablement pas fournir à son joueur les meilleures conditions à l'heure actuelle.

Mais qu'en est-il de l'avenir ? D'autres talents (on pense naturellement à Yari Verschaeren, qui montrait des symptômes inquiétants avant sa blessure) risquent-ils de connaître le même phénomène qu'Alexis Saelemaekers ? La pire chose qui peut arriver au RSCA, c'est bien de griller des jeunes présentés comme l'essence du process ... 

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