Billet d'humeur Voilà, Mr Preud'homme, ce que peuvent faire les clubs belges en Europe

"Nous n'avons pas le niveau pour la Ligue des Champions". Voilà ce que déclarait, il y a maintenant déjà de longs mois, Michel Preud'homme après la dramatique prestation de son équipe face à Copenhague (4-0). Versé dans la poule la plus faible de toutes, le FC Bruges est sorti tête basse de la C1 après six défaites et sans prendre aucun point. Une triste prestation que l'entraîneur brugeois avait justifiée par l'impossibilité pour les Blauw en Zwart de rivaliser avec les équipes affrontées, surtout en jouant sur deux tableaux.

Compétiteur et combattif comme on le connaît, le Liégeois était donc toutefois parti vaincu en Ligue des Champions, partant du principe que le championnat était la priorité. Et tout ça pourquoi, au lendemain des ultimes éliminations belges sur la piste aux étoiles? Une piteuse troisième place après un début de play-offs catastrophique. On soupçonne Michel Preud'homme de s'en mordre les doigts.

La Belgique doit regarder l'Europe dans les yeux

Certes, le FC Bruges, contrairement aux autres équipes belges engagées en Europe, a connu la pression "ultime": celle de disputer la Ligue des Champions, la reine des compétitions. Comme La Gantoise un an auparavant pour le résultat qu'on connaît - et pourtant Hein Vanhaezebrouck découvrait alors le plus haut niveau européen, contrairement à un Preud'homme habitué aux sommets et à l'ivresse qu'ils entraînent.

Fort heureusement, Anderlecht, Gand et Genk ont de leur côté porté haut les couleurs du football belge tout au long de l'année. Ne revenons pas sur l'élimination regrettable d'un Standard versé dans une poule rétrospectivement trop forte pour lui (le Celta et l'Ajax sont en demi-finales...) et qui, au vu de sa saison, ne pouvait pas forcément espérer mieux. Concentrons-nous plutôt sur le parcours épatant de ces trois équipes dont deux ont atteint les quarts de finale... et la troisième n'a été éliminée que par un compatriote.

Genk a manqué les play-offs. Par la faute de l'Europe? Peut-être, concédons-le

Genk n'était pas versé dans une poule simple. Pourtant, les Limbourgeois n'ont jamais fléchi, surclassant l'Athletic Bilbao, Sassuolo et le Rapid Vienne, remportant toutes leurs rencontres à domicile et allant même chercher une victoire précieuse en Italie... avant de bénéficier de la chance nécessaire au tirage pour éliminer un Astra Giurgiu inférieur et, bien sûr, La Gantoise. Seul bémol, ce parcours héroïque se sera conclu par une élimination évitable face à un Celta Vigo loin d'être imprenable et, surtout, aura vu les Limbourgeois manquer les play-offs en Jupiler League. Par la faute de l'Europe? Peut-être, on le concède volontiers à l'entraîneur brugeois.

Gand, de son côté, a invoqué les fantômes de son héroïque saison 2015-2016, qui les avait vus rivaliser avec Lyon, Valence et le Zenit en poules: après une qualification difficilement (miraculeusement!) acquise en poules grâce à ce but inoubliable de Coulibaly en Turquie, les Buffalos ont écrit une des plus belles pages de l'histoire récente du football belge en allant chercher la qualification pour les huitièmes de finale dans un Wembley et face à un Tottenham cité comme favori de la compétition.

Enfin, un mot sur Anderlecht. Après avoir effrayé leur monde en poules en proposant un football peu ambitieux (beaucoup doutaient à l'époque de René Weiler), les Mauves, pourtant donnés perdants face au Zenit Saint-Pétersbourg, ont réussi l'exploit totalement inattendu d'aller chercher la qualification en Russie via un but sorti de nulle part (premier et dernier fait d'arme de Thelin sous la liquette mauve). La suite est connue - chance au tirage contre l'APOEL et, surtout, deux matchs homériques face à Manchester United durant lesquels Tielemans et Kara ont probablement gagné leur gros transfert.

Oui, c'est possible

Jetons maintenant un oeil au classement domestique. Anderlecht? Fièrement en tête des play-offs devant... La Gantoise, qui a récemment dépassé Bruges. Ce dimanche, une victoire mauve et le titre serait à portée de main. Genk? Certes hors des PO1... mais soulignons que quelques unes des superbes prestations européennes des Limbourgeois ont correspondu à leur regain de forme en championnat, preuve que les deux ne sont pas forcément opposés. L'arrivée d'Albert Stuivenberg un ou deux mois plus tôt aurait peut-être tout changé.

La saison prochaine, Bruges sera certainement encore européen. En Europa League ou, c'est toujours possible, en Ligue des Champions. De deux choses l'une: ou Michel Preud'homme est encore sur le banc et tout le football belge espérera le voir changer son fusil d'épaule. Ou il aura plié bagages et son successeur devra se rappeler ce dont sont capables les clubs belges quand ils croient en eux...