Edito Le retour de Kompany : un symbole bien au-delà d'Anderlecht

Personne ne peut dire à l'heure actuelle si le retour de Vincent Kompany à Anderlecht sera une réussite sur le plan sportif. Oui, Michael Verschueren et Marc Coucke prennent un risque : le travail est titanesque, les attentes seront à la hauteur de l'événement et si les choses venaient à mal tourner, ce serait une situation très délicate à gérer. Mais l'important, avant qu'on puisse juger des résultats, est pour l'instant ailleurs. 

Un coup de projecteur inédit 

Bien sûr, ce n'est pas le premier transfert récent dépassant largement les frontières de la Belgique en termes de publicité : les venues successives au Standard d'Eiji Kawashima d'abord et Memo Ochoa surtout ont mis la Pro League au centre de l'attention au Japon et au Mexique ; Saint-Trond a poursuivi ce travail au Pays du Soleil Levant avec l'arrivée d'investisseurs japonais.

Eupen, en attirant Claude Makelele sur le banc, a fait venir une star européenne. On oublierait presque que l'une des plus grandes stars du football thaïlandais, le portier Kawin Thamsatchanan, évolue en D1B. Les exemples de coups de projecteurs plus ou moins réussis ne manquent pas. 

C'est une star mondiale qui arrive 

L'arrivée de Vincent Kompany est d'un tout autre type. Anderlecht attire là une star mondiale, titulaire très régulier en 2019 chez le champion d'Angleterre, auteur du but de l'année en Premier League, capitaine de l'une des plus impressionnantes équipes que la Premier League ait connu. Kompany est une star absolue en Angleterre. "Nous en sommes conscients, bien sûr. C'est une star mondiale qui arrive chez nous et c'est le but : remettre Anderlecht sur la carte du football européen", confirmait Michael Verschueren ce dimanche. Kompany sera l'un des, si pas le plus grand nom à avoir foulé les pelouses de Pro League. 

Un exemple inspirant 

Voilà pour le chapitre bassement médiatique, mercantile, celui qui fait que financièrement et en termes de "buzz", Anderlecht a frappé plus fort que jamais. Mais l'arrivée de Kompany va évidemment au-delà de ça. Elle est un symbole comme il en existe peu dans le football moderne. 

Vincent Kompany n'a que 33 ans. Ceux qui voient en lui un "estropié", en permanence blessé, n'ont pas suivi les derniers mois : Vince était titulaire lors de 7 des 11 derniers matchs de Premier League (six fois 90 minutes, une fois 86). Sans montrer de signes de faiblesse physique et en encaissant peu (3 buts). Un tel joueur peut signer où il veut ; la logique l'envoyait en MLS, à New York City, où une fin de carrière tranquille et rémunératrice l'attendait avant, peut-être, un parcours à la Vieira qui avait fait ses débuts de coach à NY. 

L'exemple de Kompany peut en décider d'autres à l'avenir 

Pourtant, le voilà à Anderlecht. A la maison. On ne doute pas de l'effort financier fait par Marc Coucke, mais soyons honnêtes : jamais le président d'Anderlecht n'aurait pu rivaliser avec ce que certaines destinations lucratives auraient eu à offrir. Il n'a pas de Coupe d'Europe à proposer, ne dépensera pas des centaines de millions pour son noyau. Tout ce que Kompany a accepté, c'est un projet - et un projet risqué. Pour l'amour d'Anderlecht. 

Cette décision est un signal fort lancé par le Diable Rouge. C'est, dans une moindre mesure, le genre de défi qu'a accepté Michel Preud'homme au Standard : un projet très exigeant, dont les résultats ne doivent pas être attendus en quelques semaines, mais accueilli à bras ouverts par les supporters et accepté par amour pour un club.

A l'avenir, ce choix de Kompany peut en décider plus d'un : le désormais joueur-entraîneur d'Anderlecht montre aux anciennes idoles de clubs belges que oui, finir sa carrière là où tout a commencé, refuser une préretraite dorée, c'est possible. Avant même d'avoir dirigé son premier match à Anderlecht, Vincent Kompany a peut-être changé l'avenir du football belge.