Edito Un monde sans football : il va falloir s'y faire ... et savourer à son retour

Joachim Durand
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Un monde sans football : il va falloir s'y faire ... et savourer à son retour

Voilà : le premier week-end sans football est derrière nous. Une situation inédite pour notre génération, une situation qui va durer ... À quel point est-ce égoïste de se sentir un peu perdu dans ces circonstances ?

Quel drôle de week-end pour les amoureux de sports en général, de football dans notre cas particulier. Quel drôle de goût en bouche ce matin : aucune analyse à effectuer, pas de 30e journée de Pro League - rien d'autre à écrire qui ne soit pas relié, de loin ou de (trop) près à ce mot qu'on n'en peut plus d'entendre - coronavirus. Parce qu'il a tout effacé, tout rendu futile et qu'on vit la tête dans le guidon, JT après JT, mesure après mesure, drame après drame - parce que le tunnel s'annonce tellement noir qu'on ne voit pas la lumière au bout et qu'on a presque déjà oublié comment c'était, avant. 

Et pourtant, c'est parce que ce virus a tout rendu futile que le football ne l'est pas, en un sens. Comme souvent dans l'histoire, le football a reflété la société qui l'entoure : peut-être un peu lent à la détente (certains pays jouent toujours ...), souvent maladroit, un peu paumé, puis finalement résigné. Que des institutions telles que l'UEFA ou la FIFA (avec les sommes folles que cela implique) décrètent la suspension générale des compétitions est un signe assez fort en soi. Plus que jamais, le football est un baromètre : s'il est à l'arrêt, c'est toute une société qui l'est. 

Des âmes en peine 

J'en entends déjà s'écrier : "Bien sûr que le football est futile quand des gens meurent !". Bien sûr qu'il l'est. Boire un verre en terrasse, s'offrir un restaurant entre amis, aller au cinéma, aller au stade - des futilités, prises séparément. Privée des futilités, la vie devient progressivement ce à quoi elle va ressembler pendant les semaines à venir : un confinement. L'occasion de redécouvrir l'essentiel, mais certainement pas d'oublier à quel point le futile peut être essentiel. 

L'épisode est célèbre : Noël 1914, sur le front, Allemands et Britanniques décidèrent d'une trêve spontanée ... et jouèrent au football. Une futilité. Pourtant la première futilité venue à l'esprit de ces âmes en peine, privées de tout. Il n'y aura pas de trêve cette fois et les situations sont complètement différentes, mais voilà bien une preuve que même dans les plus graves moments, le football compte. 

Patience et prudence 

Avec humour, beaucoup de clubs réagissent déjà à la disparition de ce qui, pour eux, n'est pas une futilité mais un gagne-pain, l'oeuvre d'une vie : interactions sur les réseaux sociaux, compétitions d'e-sport, second degré ... Et patience. Tout en jouant un rôle social essentiel en rappelant à leurs nombreux fans la marche sanitaire à suivre dans ces circonstances inédites. 

Pour nous aussi, journalistes, c'est un défi : de quoi vous parlerons-nous s'il n'y a rien à dire, rien à écrire, rien à commenter ? C'est ce à quoi nous allons devoir réfléchir, tout en étant conscients du luxe qui est le nôtre habituellement : oui, notre travail est d'écrire sur des futilités,  sur quelque chose qui doit bien naturellement passer au second plan aujourd'hui. Vous tous, lecteurs et amoureux du sport, et nous tous, nous savourerons le retour à la normale en temps et en heure. D'ici là, il nous reste les souvenirs : et si on se revisionnait Belgique-Brésil 2018 ?  

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