Mouscron-Péruwelz, la crise sans fin : récit d'une inexorable chute vers les playoffs 3

Edgar Makanga
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Mouscron-Péruwelz, la crise sans fin : récit d'une inexorable chute vers les playoffs 3
Photo: © photonews

Samedi dernier, Mouscron-Péruwelz s'est incliné face au KV Ostende (0-1), dans un duel qui s'apparentait à un match de la dernière chance, au vu du calendrier difficile qui attend le RMP en cette fin de saison. Voici douze raisons pour lesquelles le maintien des Hurlus en D1 est devenu illusoire.

Par Edgar Makanga

Avant l'entame de la Jupiler Pro League 2014-2015, l'ensemble des observateurs avaient d'emblée catalogué Mouscron-Péruwelz comme candidat numéro 1 à la relégation. Et pourtant, dès le début de la saison, le RMP allait apporter un vent de fraîcheur sur notre élite, avec son jeu léché à la française.

Emmenés alors par le sens du but d'Abdoulay Diaby, la vitesse de Steeven Langil, l'opportunisme d'Anice Badri, l'abattage de Kevin Vandendriessche ou encore la vista de Julian Michel, les Hurlus occupèrent, après six journées, la deuxième place du classement, avec 11 unités sur 18. Les démonstrations face au Standard (5-2) et contre le Cercle Bruges (4-0) allaient durablement marquer les esprits des suiveurs.

C'est à partir de la mi-septembre que le vainqueur du tour final de division 2 connut son premier passage à vide, avec un bilan de 3 points sur 21 qui fit dégringoler les Hennuyers de la 2e à la 12e place.

C'est aussi la période où les blessures et les suspensions allaient davantage mettre en exergue le fil rouge de cette saison : le manque de joueurs belges ou assimilés dans le noyau. Et en effet, à peine huit Belges (dont trois gardiens !) figurent dans l'effectif : Delacourt, De Vlamynck, D'Hoest, Gano, Houzé, Monteyne, Verstraete, rejoints en janvier par Dumesnil. Régulièrement, le RMP a été contraint de ne coucher que 17, voire 16 noms sur la feuille de match, afin de contourner la règle des 6 Belges ou assimilés pour 18 noms.

Malgré une première crise au début de l'automne, le maintien semblait une formalité

L'élimination aux tirs-au-but en seizième de finale de la Coupe de Belgique à Coxyde (D3A), sans le moindre "national" sur la pelouse, fit polémique. Tout comme le triste sort réservé aux rares joueurs belges du noyau, ostracisés par le staff de Rachid Chihab, et par extension, par le propriétaire lillois.

Malgré cette première crise, Mouscron-Péruwelz se réveillait en novembre pour aborder une nouvelle dymanique positive, avec un bilan de 9 points sur 15, amorcé par sa seule victoire en déplacement de la saison (1-3 à Westerlo) et ponctué par une nouvelle orgie face à Anderlecht (4-2). Le soir du 6 décembre, le RMP (23 points) semblait rassuré, avec une 10e place et neuf unités d'avance sur la zone rouge.

Et pourtant, depuis ce soir de la Saint-Nicolas, les Hurlus n'ont plus engrangé la moindre unité. Voici douze raisons pour lesquelles le maintien de Mouscron-Péruwelz en D1 est désormais devenu illusoire.

  1. Huit défaites consécutives (série en cours) et deux petits buts marqués : un tel bilan, en plein milieu du deuxième tour, est forcément rédhibitoire pour envisager mieux que les playoffs 3. Et mis à part la rencontre face à un Ostende clairement démoblisé, les Mouscronnois ont rarement été en mesure de se créer de véritables occasions.
  2. Un bilan terriblement insuffisant à l'extérieur. Une seule victoire away, c'est trop peu pour revendiquer le maintien. Avec 6 points sur 36, aucune autre équipe de l'élite n'a fait pire en déplacement.
  3. Un calendrier infernal. Lorsque Fernando Da Cruz a repris l'équipe en janvier, après l'éviction de Rachid Chihab, le RMP devait affronter sept candidats au Top-6 lors des neuf derniers journées. Dès lors, on ne s'attendait pas à un miracle. Et effectivement, celui n'a pas eu lieu. Lors des quatres dernières journées, Mouscron doit encore se déplacer à Lokeren (J27), au Club de Bruges (J28) et à Charleroi (J30). Il ne reste plus qu'une seule rencontre à domicile, contre Westerlo (J29). À moins d'un improbable retournement de situation, la série en cours de huit défaites consécutives devrait donc se prolonger ...
  4. Le départ d'Abdoulay Diaby (12 buts), meilleur buteur du championnat, a largement contribué à creuser la tombe du RMP. Au cours de ses dernières semaines au Canonnier, l'international malien était devenu l'arbre qui cachait la forêt d'une équipe à la peine sur le plan offensif.
     

  1. La méforme chronique d'Anice Badri et de Steeven Langil. Percutants et insaisissables en début de saison, les deux attaquants ne sont que l'ombre d'eux-mêmes depuis de nombreux mois. Et c'est surtout le cas Langil qui pose problème. Depuis sa blessure aux adducteurs à la mi-octobre, le Martiniquais n'a jamais retrouvé son meilleur niveau. En coulisses, son implication est régulièrement remise en question.
  2. Une défense perméable tout au long de la saison. Lors de quatre des six victoires de la saison, Mouscron a inscrit au moins trois buts : cela en dit long sur ses carences défensives. En 26 journées de championnat, le RMP n'a signé que trois clean-sheets.
  3. Un manque de leaders dans le vestiaire. L'ambiance a toujours été au beau fixe au RMP. Cependant, comme nous le soulignait Fernando Da Cruz il y a un mois, "les joueurs sont tellement potes entre eux qu’ils ne se diront jamais les quatre vérités en face, les yeux dans les yeux, de peur de se fâcher." De fait, à chaque fois que les Hurlus encaissent un but, c'est toute une équipe qui s'écroule moralement.
  4. Du fait de cette faiblesse mentale, on voit mal Mouscron-Péruwelz survivre à des playoffs 3 et à un éventuel tour final de division 2. Ces potentiels onze rencontres supplémentaires risquent de s'apparenter à un chemin de croix pour une équipe désespérément à la recherche de son âme.
     

  1. La désaffection des supporters. À l'exception des matches face au Standard et contre Anderlecht, le Stade du Canonnier n'a jamais fait le plein. La présence insignifiante de joueurs belges et/ou du terroir, ainsi que le divorce consommé entre les conceptions mouscronnoise et lilloise, en sont les principales raisons. De plus, la froideur et la timidité de Rachid Chihab n'ont pas aidé à mobiliser le public.
  2. La recherche d'un nouvel investisseur pour racheter les 51 % de parts détenues par le LOSC. L'implication de Marc Coucke, président de KV Ostende, à hauteur de 5 % dans le capital de Lille aura perturbé toute la saison du RMP. L'incertitude quant à l'avenir du club a forcément régulièrement trotté dans la tête des joueurs.
  3. L'insuffisance du recrutement hivernal. Les Hennuyers avaient cruellement besoin d'autres alternatives en défense, des leaders qui connaissent bien la compétition belge et surtout un buteur. Pourtant, les arrivées de Coeff, Dumesnil et Rodelin ne cadrent pas du tout avec les besoins des Hurlus.
  4. Les autres candidats au maintien semblent dans de meilleurs dispositions qualitatives et mentales. Le recrutement hivernal du RMP n'a pas eu l'effet escompté, alors des équipes comme Waasland-Beveren et le Lierse semblent en nette amélioration depuis plusieurs semaines. En cas de playoffs 3, Mouscron-Péruwelz ne partira certainement pas favori face aux Waesladiens ou aux Lierrois. Enfin, malgré sa stériltié devant le but, le Cercle de Bruges nous paraît actuellement supérieur à ce RMP.
     

 

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