Interview Arnaud Scalco "Nous sommes importants dans les moments cruciaux"

Olivier Baute
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Arnaud Scalco "Nous sommes importants dans les moments cruciaux"
Photo: © SC

Ce diplômé de la prestigieuse Université de Lyon nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions sur l'utilité d'un préparateur physique dans un staff technique.

Wf : Peux-tu nous parler de l’utilité d’un préparateur physique dans un club ?


Le préparateur physique devient indispensable dans un staff. C’est un élément qui est aussi incontournable que l’entraineur, le préparateur mental, le kiné, le diététicien,… Il complète les idées de l’entraîneur et il lui permet de garder son groupe en forme tout au long de la saison et surtout dans les moments cruciaux.

Je pense que nous avons autant d’importance dans le bon déroulement d’une saison que l’entraîneur lui-même. Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit, c’est l’excellent deuxième tour du Standard de Liège ou l’aspect physique a joué un grand rôle, tel que la fraîcheur des joueurs, l’explosivité, la vivacité et le retour en forme des joueurs blessés au meilleur moment.



Wf : Votre présence est importante tout au long de l’année ou juste durant la préparation ?

La planification se fait sur une saison complète, de la reprise jusqu’aux matches amicaux de fin de saison. Une planification peut aussi s’étaler sur plusieurs saisons quand le préparateur reste en place dans un staff qui possède un objectif à long terme. La saison se divise en différentes parties où le préparateur à son importance :

1) La phase de préparation (6 à 8 semaines) qui est pour moi la plus importante. Il nous est demandé de préparer l’équipe pour qu’elle soit affutée pour le premier match de la saison. Souvent ce match est un indicateur du bon ou du mauvais déroulement d’une saison. Le travail effectué (4 à 6 semaines) est un travail de fond basé sur l’endurance et le renforcement musculaire. Les deux dernières semaines, seront plus axées sur l’affutage des joueurs (explosivité et vitesse seront au programme).

2) La première partie du championnat (16 à 20 semaines), où nous devons maintenir ce qui aété acquis lors de la phase de préparation. Il est primordial de jongler avec des entraînements de haute intensité, de récupération (endurance ou repos complet), de renforcement musculaire et avec l’accumulation des matches jusqu’à la trêve hivernale. Nous nous occupons aussi des joueurs blessés afin qu’ils puissent revenir à leur meilleur niveau le plus rapidement possible.

3) La trêve hivernale. C’est le moment où les joueurs vont pouvoir récupérer et se préparer pour aborder au mieux la deuxième partie de saison. Celle-ci est plus courte (2 à 4 semaines). Nous proposons un programme de maintien de la forme physique avant de reprendre avec le groupe.

4) Le travail ressemble très fort à celui de la première partie de saison (16 à 20 semaines), où nous allons utiliser un savant dosage d’entraînements intenses et de récupération, pour limiter les blessures au maximum et ainsi amener le groupe avec la plus grande fraîcheur jusqu’au terme de la saison.

5) Petite phase d’un mois de récupération ou l’on va proposer un programme au joueur, afin de garder la forme et de lui permettre de commencer la préparation de début de saison dans les meilleurs conditions.



Wf : Quel est le profil d’un bon préparateur physique ?

Il va réussir à amener le groupe au-delà de ses limites, sans aller jusqu’à la blessure.
Il doit être capable d’informer l’entraîneur sur l’état de forme des joueurs, de différencier les entraînements en fonction des places occupées par un ou l’autre joueur sur le terrain
Il doit planifier ses entraînements en fonction du but à atteindre par le club.

Il doit mettre toutes ses compétences en œuvre pour atteindre les objectifs de début de saison.
Il doit être capable de s’adapter à toutes les situations, d’intégrer ses entraînements dans les séances techniques et tactiques.
Il doit connaître tous les joueurs du groupe, savoir quel joueur a besoin de quels exercices.



Wf : Te concernant, quel a été ton parcours pour devenir préparateur physique ?

Je me suis lancé dans la préparation physique lors de mes études en éducation physique, dans des sports biens différents comme le triathlon, le handball, le tennis. Ensuite, j’ai travaillé comme psychomotricien au Standard de Liège. Après une saison, ils m’ont proposé de prendre un des postes de préparateur physique des catégories U15 à U21.

Durant mon passage au Standard de Liège, j’ai obtenu mon diplôme de préparation physique de l’Université de Lyon. Lors de cette formation, j’ai eu l’occasion de voyager et de côtoyer des préparateurs physiques européens de renoms (Inter Milan, Juventus, Manchester United, Equipe nationale Suisse, Marseille, …), ce furent des rencontres très enrichissantes.

Depuis mon départ du Standard de Liège, je suis parti à Montegnée et à Aubel pour m’occuper des équipes séniors. Pour moi, il était nécessaire de mettre en pratique tout ce dont j’avais appris. J’aspire, dans un délai très bref, à retrouver un club professionnel pour pouvoir continuer à progresser dans les meilleures conditions.

Je ne dis pas que le travail en Promotion ou en P 1 n’est pas intéressant, mais les joueurs ne sont pas professionnels et donc ne comprennent pas toujours l’intérêt des séances de préparation physique. Le manque de moyens est aussi un problème, j’ai dû acheter mon propre matériel pour pouvoir donner des entraînements de qualité.



Wf : Quelle est ta relation avec Fiorenzo Serchia à Montegnée?

J’apprécie de travailler avec Fio. Il est très compétent, simple, il se remet tout le temps en question.
Il a tout de suite compris que mon rôle était très important, dans le bon déroulement d’une saison.
Il me fait confiance et me laisse prévoir mon programme de physique. Nous discutons tout le temps, pour l’intégration du physique lors des séances d’entraînement. Il me tient au courant de ses idées et moi, je peux travailler plus sereinement et proposer des entraînements qui rentrent parfaitement dans sa philosophie de jeu.

Je pense que la discussion est primordiale pour que le travail d’un staff soit qualitatif, il est donc important de tous tirer sur la même corde. Cette année, ce qui a été le plus difficile, c’est de travailler avec plus de 40 joueurs, pour une seule équipe. Il est certain que quelques joueurs peuvent intégrer le groupe durant la saison, mais le fait de changer plus de 10 joueurs à la trêve, ne permet pas la stabilité de l’équipe. Il est plus intéressant de travailler avec un groupe plus restreint pour favoriser la qualité du
travail.

Wf : Tu as eu l’occasion de t’occuper de jeunes au Standard de Liège et d’adultes à Aubel et à Montegnée. Ton approche est-elle la même ?

Pour les jeunes, le travail va être axé sur le développement de la motricité et des mouvements fondamentaux. Les adultes vont plus aller vers la performance, avec développement de la force musculaire et de la vitesse. Les jeunes ont tout à apprendre tandis que normalement, chez les séniors, nous allons développer ou rappeler certains acquis.

Le but reste le même, c’est d’avoir l’équipe la mieux préparée physiquement pour limiter les blessures et donc être décisif dans les moments importants.

Wf : Que vois-tu pour ton futur ?

J’aimerai dans un futur proche retrouver un club professionnel, avec un projet à long terme. Travailler avec les jeunes ou l’équipe sénior. Le but ultime serait de pouvoir vivre de ce métier, d’intégrer un staff professionnel.



Wf :As-tu déjà un club pour la saison prochaine ?

Oui, pour l’instant je suis toujours à RRFC Montegnée, qui possède un projet ambitieux avec des jeunes liégeois. Je ne refuserai pas une proposition intéressante d’un point de vue sportif, d’un club évoluant
en National.

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