Réforme de D2, entre clair-obscur

Julien Denoël
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Réforme de D2, entre clair-obscur
Photo: © SC

Samedi dernier, la Ligue Nationale, l'organe regroupant les équipes de deuxième division, a marqué son accord pour le projet de réforme qui touchera les deux premiers échelons du football belge. Un plan compliqué qui pourrait bien tuer le foot amateur...

Par Julien Denoël

En Belgique, le goût pour le surréalisme prend parfois des tournures particulières, cocasses, voire, souvent, ridicules. Et le foot belge n'est bien évidemment pas épargné. La nouvelle réforme qui devrait secouer la Division 1 et la Division 2 est de celle-là.

Trop de clubs pros

Ainsi, ce plan prévoit de ramener de 34 à 24 le nombre de formations professionnelles du plat pays. 16 en D1, comme aujourd'hui, mais plus que 8 en Proximus League. « On a compris, avec preuves à l'appui, qu'il y avait trop d'équipes professionnelles pour la Belgique. Il fallait réduire le nombre », explique Philippe Emond, le président de Virton.

On vous épargne les détails, mais il sera notamment possible à une équipe de D2 de se qualifier pour l'Europe sans passer par la case Coupe de Belgique. Par ailleurs, l'antichambre de l'élite serait une division quasiment fermée. « C'est vrai que ce n'est pas très clair, avoue Emond. Rien que pour établir les budgets, on ne sait pas encore vraiment comment il faudra s'y prendre avec le système de play-offs. » Pour autant, le président des Gaumais tient à soutenir cette réforme. « Il y a pas mal de positif, insiste-t-il. Au niveau financier, les 500.000€ supplémentaires issus des droits tv, c'est une aubaine. »

Hélas, le revers de la médaille, c'est qu'il ne sera plus question pour les clubs de D3 de monter d'une division (« On était obligé de fermer un peu l'accès », estime-t-il). Pour se faire, il faudrait répondre strictement aux exigences de la licence. Laquelle devrait encore être durcie puisqu'il s'agira pour les clubs de D2 d'avoir une licence de D1. « Si on reste dans cette optique, ce sera très compliqué pour beaucoup de clubs. En revanche, si on laisse un délai de 3 ans pour se mettre aux normes, c'est tout à fait jouable », estime le président de Virton.

De grosses conséquences en-dessous

Cette réforme, elle pourrait même voir le jour dès la saison prochaine. Quid des 10 clubs "en trop" ? Les reverser tous en D3 avec des problèmes en cascades dans les divisions suivantes ? Créer une nouvelle division entre la D2 et la D3 ? Quels clubs resteraient et quels clubs seraient éjectés ? Rien n'est encore défini. Mais il est déjà certain que si cette nouvelle mouture de nos championnats devait voir le jour, les conséquences seraient énormes pour les clubs amateurs. « Cela va tuer certains clubs, c'est évident », juge Emond. « Il fallait réduire le nombre de clubs pros, certes, mais on ne s'y est peut-être pas pris de la meilleure manière qui soit. »

Un autre problème qui semble n'avoir pas été pris en compte, ce sont les jeunes. « On risque de se retrouver avec plus de 600 jeunes qui ne pourront plus jouer en national. Que vont-ils devenir ? », s'inquiète le Virtonnais.

Sans aucun challenge en D3, c'est l'essence même du sport qui disparaitrait. Seul la lutte pour le maintien apporterait quelque chose... Mais on parlerait là alors d'une sorte de nivellement pas le bas. « Le problème qui se pose aussi, c'est que certains clubs sont réticents à l'idée de faire deux séries régionales. Pour un club comme Virton, ça n'a aucun intérêt de traverser toute la Belgique », peste Emond.

Si les clubs n'ont plus d'objectifs qui tirent vers le haut - le championnat ressemblera alors à une saison amicale - couplé aux très longs déplacements, il y a fort à parier que le public finira par déserter - encore un peu plus - les travées des stades dans les divisions inférieures.

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