Analyse Quand il était possible de gagner la Coupe d'Europe avec des joueurs du coin

Antoine Arnould
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Quand il était possible de gagner la Coupe d'Europe avec des joueurs du coin

"On l'a fait en jouant un football pur, beau, créatif. Il n'y avait pas de pensées négatives dans nos têtes. J'ai simplement demandé à mes joueurs de profiter du match, de s'amuser" déclarait le coach du Celtic à la BBC, après avoir gagné l'ancêtre de la Ligue des Champions un 25 mai, mais de 1967.

Les Lisbon Lions : l’exploit du Celtic !

Cette victoire était particulière, et d’autant plus remarquable, à de nombreux égards. L’entraîneur Jock Stein était à la tête d’une équipe entièrement composée d’Ecossais. L’ancrage local était encore plus impressionnant ; tous les joueurs ayant disputé la finale sont nés à moins de 48 kilomètres du stade. Bobby Lennox mis à part, les 14 autres joueurs proviennent même tous de Glasgow, dans un rayon de 10 kilomètres du Celtic Park.

Stevie Chalmers inscrit, ce jour-là, le but de la victoire contre l’Inter Milan. Le natif de Springburn, un quartier populaire du nord de Glasgow, inscrit le 2-1 à la 84ème minute. 70.000 supporters s’étaient amassés dans le Stade National de Lisbonne, où se déroulait la finale de la Coupe des clubs champions. La joie et la folie dans les tribunes étaient telles que les autorités portugaises décidèrent de ne pas laisser les joueurs soulever le trophée sur le terrain.

Le lendemain soir, les Champions d’Europe reviennent à Glasgow. Cette fois-ci, 50.000 Irish Scotts se rassemblent au Celtic Park pour venir fêter le titre avec leurs héros locaux. Un titre historique ; le Celtic devient le premier club non latin à remporter le plus prestigieux des trophées. Tout cela valait bien à ces Bhoys un surnom pour avoir réalisé le plus grand exploit de ce club fondé par des immigrés irlandais à la fin du XIXème siècle : les Lisbon Lions, en référence, bien sûr, au lieu de l’exploit.

Bhoys from Seville : 60.000 supporters traversent l’Europe !

Le 21 mai 2003, le Celtic aurait pu réitérer l’exploit. Mais le Portugal leur a moins réussi ; ils se sont inclinés 3-2 en finale de la Coupe UEFA contre le FC Porto. Quelques 60.000 supporters étaient du déplacement à Séville. A défaut d’avoir pu ramener un nouveau trophée européen, ils auront fait le bonheur des tenanciers andalous le temps de quelques jours. A chaque exploit son surnom : les joueurs seront nommés à tout jamais les Bhoys from Seville, en ce compris le défenseur belge Joos Valgaeren.

Un temps définitivement révolu : le foot est désormais une marchandise comme une autre

Entre-temps, l’industrialisation du football et l’arrêt Bosman étaient en effet passés par là. Plus question de gagner une Coupe d’Europe avec, presque exclusivement, des joueurs de la même ville. En supprimant dès 1996 le quota de trois joueurs étrangers, et en permettant aux clubs de transférer sans limite, la porte était ouverte pour toutes les dérives et dérégulations actuelles. Les clubs les plus riches pouvaient désormais faire venir les joueurs formés dans les autres clubs, comme ils le souhaitent.

C'est bien sûr ce qu'ils ont fait ; peu après, le Real Madrid achetait Zidane pour 75 millions d’euros, Luis Figo pour 61 millions. Et l’équipe remportait la Ligue des Champions en 2002. Les meilleurs, ou plutôt ceux qui ont le plus d’argent, ont gagné… Un sacre bien différent de celui des Lisbon Lions !

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