Le suicide européen du Standard

Olivier Baute
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Le suicide européen du Standard
Photo: © SC

La refonte de la Jupiler League n'aide pas nos représentants européens. Depuis trois saisons, les Liégeois entament leur championnat au mois de janvier.

Le bilan de nos représentants sur la scène européenne n'est pas folichon cette semaine. Certes, le FC Bruges et Genk se sont qualifiés et le Standard bénéficie d'une deuxième chance, mais trois revers et un partage face à des équipes provenant de Serbie, de Suisse et d'Azerbaïdjan, cela n'aide pas la Belgique au niveau du coéfficient européen. Cet indice permettant à notre pays d'obtenir plus ou moins de représentants sur la scène européenne lors des prochaines années.

La refonte du championnat pourrait être à la base de ces contre-performances sur la scène européenne. A l'image du Standard de Liège ces dernières saisons, les clubs belges montent en puissance en cours de saison afin d'être au top pour aborder les play-offs dans les meilleures conditions. Anderlecht a été la victime de ce fait la saison dernière, dominant la première partie du championnat avec Genk avant de craquer durant les play-offs au profit du Standard de Liège et des Limbourgeois. Cette année, les Mauves négocient toujours leurs transferts principaux entrants et sortants alors que le championnat à débuté. A Genk, même histoire puisque Koen Casteels, Eric Matoukou et surtout Thibaut Courtois ont déserté le Limbourg quelques jours avant le double duel face à Belgrade. Seul Bruges s'est montré prévoyant en transférant une nouvelle équipe assez tôt dans le mercato. 
 

Le Standard néglige son début de championnat depuis trois saisons


Revenons sur l'élimination du Standard de Liège par le FC Zurich. Les Suisses n'étaient pas des foudres de guerre, mais les Rouches se sont proprement suicidés au niveau de la préparation de ce double duel permettant d'atteindre la poule aux oeufs d'or. Changement de direction, de staff technique, campagne de transferts surprenante, préparation chahutée, plusieurs paramètres ont joué et peuvent expliquer en partie cette élimination en Champions League.

Depuis trois saisons et la refonte du championnat, le Standard néglige son entame de championnat pour différentes raisons. Si en 2009-2010, l'attrait d'une qualification en Champions League pouvait expliquer en partie cette option sous l'ère Boloni, ce n'était plus le cas par la suite. En 2010-2011, alors que es Rouches étaient privés de scène européenne, ils ont également tatonné en début de saison. Obtenant leur qualification pour PO1 en last minute avant de terminer la saison en boulet de canon et passer à un coup de pied du doublé. Déjà au mois de janvier, Walfoot avait tiré le signal d'alarme au niveau de la gestion de la campagne des transferts durant la première partie du championnat.

Cette saison, c'est encore plus cahotique. Alors que le club était en lutte pour le titre avec Genk et Anderlecht, on parlait déjà de vente des parts de Margarita Bogdanova-Dreyfus et Luciano D'Onofrio aux investisseurs étrangers de Value 8 (3 juin) ou de Red Bull (31 mai). Finalement, c'est finalement le président trudonnaire Roland Duchâtelet (23 juin) qui s'offrait le club liégeois trois semaines plus tard au grand bonheur des supporters. Au lendemain de ce rachat, Luciano D'Onofrio était inculpé de blanchiment d'argent. Les premiers gestes de Duchâtelet étaient de refondre la direction du club. Sacha Daout (relations presse) et Frédéric Leidgens (directeur commercial) se voyaient ainsi invités à quitter le Standard. Seul le directeur général Pierre François était confirmé dans ses fonctions.

Entretemps, le duo Dominique D'Onofrio-Sergio Conceicao (6 juin) avait pris la poudre d'escampette, estimant sa mission accomplie. Trois semaines plus tard, c'est José Riga (28 juin) qui était intronisé à la tête du noyau A avec un nouveau staff technique composé de Peter Balette (ex-FC Bruges) et Bernard Smeets (ex-Visé). Avec Riga, Duchâtelet offrait un peu de couleur locale au Standard. Il donnait également une chance à un entraîneur ayant fait ses preuves dans des clubs tels que Visé et Mons. Peut-être un peu juste pour aborder un match qualificatif pour la Champions League ? Autre décision d'importance, la nomination de Jean-François De Sart, responsable de l'académie, en tant que directeur technique. Une mission qu'il découvre. 


 
Une campagne de transfert étonnante


Grâce à leur superbe fin de saison, les joueurs du Standard se sont mis en évidence et plusieurs ont été cités dans des grands clubs européens. Les Witsel, Defour, Carcela et Mangala ont fait la Une de la presse à plusieurs reprises. Toutefois, les tractations concernant la reprise du club ont retardé les négociations. Au final, seul Axel Witsel a pris la route de Benfica, mais Steven Defour et Eliaquim Mangala sont actuellement au chômage technique afin de ne pas perdre leur droit d'évoluer sur la scène européenne cette saison pour le compte de leur nouveau club.

Defour a été cité à Moscou, Rome et Lisbonne et semblait véritablement proche du Lokomotiv avant de finalement dire non. Pour l'instant, c'est un peu le calme plat de son côté. Le défenseur français Eliaquim Mangala est poussé vers Valence, mais la transaction tarde à se finaliser. La blessure de Mehdi Carcela a ralenti certains candidats, même si l'international marocain a également négocié du côté de la Russie. Le gardien de but Sinan Bolat et Meme Tchité ont également exprimé leur désir de partie à un moment ou l'autre durant l'entresaison. 

Au niveau des arrivées afin d'aborder la saison et surtout la Champions League, la direction du Standard a également opéré des choix étonnants. Les médians Guy Dufour (Lommel) et Ednilson Bergonsi (Brussels) ont été recrutés en D2. Le second nommé a d'ailleurs déjà été renvoyé dans le noyau B des Rouches. Le nom du Brésilien Henrique (Westerlo) a été cité pour renforcer l'attaque, mais il a préféré les lires turques. Le Standard a recruté des espoirs belges évoluant à l'étranger tels que Dino Arslanagic (Lille) ou Paul-José Mpoku (Tottenham), mais ils sont encore tendres pour être des titulaires indiscutables. 

Dans une moindre mesure, le même constat vaut pour Geoffrey Mujangi-Bia. L'ex-espoir de Charleroi sort d'une saison difficile à Wolverhampton. Le médian franco-algérien Karim Belhocine (19 juillet) s'est dit surpris par son transfert au Standard ! Il venait de disputer trois saisons à Courtrai, mais s'était surtout fait connaître en D2 auparavant  et il est déjà âgé de 33 ans.

Les deux réels renforts sont donc le meneur de jeu uruguayen Ignacio Gonzalez (21 juillet) arrivé de Valence ainsi que le Malinois Yoni Buyens (20 juillet). Toutefois, Gonzalez sort de trois saisons difficiles à Newcastle, Levadiakos et Levante et il doit retrouver du rythme. Buyens s'est fait connaître à Malines et il peut être le futur meneur des Rouches. Toutefois, comme José Riga, il n'a pas encore l'expérience européenne. Espérons que son exclusion sévère à Zurich ne lui mine pas trop le moral. 

Les principaux transferts ont été réalisés sur le tard puisque Gonzalez, Buyens et Belhocine ne sont à Sclessin que depuis quinze jours. Peut-être un peu tard pour aborder un double-duel tel que celui face au FC Zurich. Surtout que des éléments tels que Carcela, Defour et Mangala étaient absents. 


Pas la préparation idéale


La campagne de préparation est le dernier sujet de cette analyse. Outre le fait que le noyau a débuté la saison sous la conduite du préparateur physique et sans connaître le nom de son mentor, les Liégeois ont été victimes de certains choix. Comme d'habitude, le Standard est monté petit à petit dans les tours, affrontant tour à tour Richelle (P1 Liège), Hannut (P1 Liège), Namur (Promotion), Tirlemont (D2), Sedan (D2 française) et Tubize (D2).

Les trois matches-références étaient prévus du 15 au 21 juillet, les Liégeois devant affronter Twente, Fenerbahce et Genk. Le Standard s'est peut-être planté en participant à l'Iris Cup. Anderlecht s'était également engagé dans ce tournoi, mais a finalement préféré se rendre au Portugal afin d'y affronter Benfica et le PSG.  Les Liégeois ont dominé l'équipe B de Twente avant d'eux-mêmes aligner leur équipe B face aux Turcs de Fenerbahce. Ces deux duels n'ont donc pas été profitables à José Riga pour se faire une idée sur son équipe-type. Face à Genk en Supercoupe, le Standard s'est incliné face à dix Limbourgeois dans ce qui aura été leur seul véritable match de préparation aux chocs face à Zurich. De plus, le Standard a partagé l'enjeu face à Mons pour son entrée en championnat, pas véritablement un exploit.

Ce vendredi, le Standard va connaître le nom de son futur adversaire dans le cadre de l'Europa League. Il faut à présent rentrer dans le vif du sujet.
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