Les effets inattendus du huis-clos : l'exemple surprenant de l'UFC

Les effets inattendus du huis-clos : l'exemple surprenant de l'UFC

Quels effets le huis-clos peut-il avoir sur le sport ? Les semaines et les mois à venir nous en apprendront beaucoup et seront très intéressants à observer. L'UFC, qui a repris samedi passé, a déjà fourni quelques pistes de réflexion ...

Dans la nuit de samedi à dimanche passé, une première grande organisation sportive faisait son retour : l'UFC, principale organisation mondiale de MMA (arts martiaux mixtes). L'occasion d'observer attentivement le protocole de sécurité mis en place (tests au Covid-19, isolation des sportifs et de leur staff), mais aussi la réaction de l'UFC aux imprévus : l'un des 24 combattants prévus sur la carte de la soirée a ainsi été testé positif, ce qui a laissé brièvement penser que l'événement serait annulé en dernière minute. Il n'en a rien été ; au contraire, se réjouissait l'organisation, c'est une preuve "que le protocole fonctionne". Pas faux. 

Une vraie réussite commerciale 

De manière prévisible, l'UFC 249, l'édition en place samedi passé, a fait un carton, même sans réelle star à l'affiche. Par star, nous n'entendons pas aux yeux des fans de MMA (la carte était peut-être la meilleure depuis des années, de l'avis des spécialistes) mais bien du public "mainstream" : pas de Conor McGregor pour booster les ventes. Résultat : le meilleur score de "pay-per-view" (achat à l'unité), plus de 700.000, depuis 2016 si l'on excepte justement les combats de Conor McGregor, qui explosent toujours les scores.

De quoi rassurer les détenteurs de droits de toutes les autres disciplines : sous des dehors réfractaires, le téléspectateur, en manque de sport en direct, devrait bel et bien allumer sa télévision. Les chiffres de la Bundesliga ce week-end, en tant que premier championnat à reprendre, seront très intéressants. 

Des effets ... inattendus 

Pour les curieux ou les fans ayant regardé l'UFC la semaine passée (ou ce mercredi, trois soirées étant prévues sur la semaine), il n'a échappé à personne une drôle d'ambiance : pas de public, voilà qui complique la tâche du chauffeur de salle et rend la marche des coulisses à l'octogone fort particulière. Les joueurs de Bundesliga auront découvert cette ambiance aujourd'hui.

Mais dans le cadre d'un sport comme le MMA, un effet a surpris : la salle était tellement silencieuse que les combattants ... pouvaient entendre les commentateurs, situés à côté de la cage (le ring de l'UFC). Comme dans beaucoup de sports, il y a parmi ceux-ci des analystes avisés, souvent sportifs ou anciens sportifs eux-mêmes ; ainsi, deux combattants ont reconnu après leur victoire qu'ils avaient entendu le commentateur (Daniel Cormier, double champion poids-lourds et vrai génie du sport) suggérer - à destination du téléspectateur - une modification dans leur approche ... et s'étaient exécutés, avec réussite. En termes d'éthique, c'est une vraie nouveauté ; imaginez un match de tennis durant lequel Justine Henin, aux commentaires, pourrait être entendue d'une tenniswoman qui appliquerait une analyse entendue au vol et renverserait une situation ...

Une approche plus prudente ?

Autre point étonnant : l'absence de public permet aux sportifs de se concentrer à 100% sur leur jeu, leur tactique. Alors que sous l'impulsion d'un public frénétique, la tentation de se jeter vers l'avant peut être grande, on a pu constater une vraie réduction des "finish" lors de l'UFC 249 : peu de K.O., peu de risques pris, des affrontements plus tactiques. Le fait que les combattants entendent leur coach en permanence, distinctement, est évidemment une explication. L'absence de rushs d'adrénaline, de clameur du public, et même de sifflets quand le rythme tombe, en sont autant d'autres. 

Avec un effet négatif : moins de spectacle, souvent, mais aussi des sportifs un peu perturbés. Anthony Smith, tête d'affiche de la soirée de mercredi, a ainsi perdu le fil de son fight après lequel ses coachs ont été très critiqués pour avoir été beaucoup trop bavards, déconcentrant le combattant et lui donnant trop de consignes. Les entraîneurs de football, habitués à être peu entendus par leurs joueurs, vont-ils également avoir plus d'impact qu'auparavant dans le football à huis-clos ? C'est à observer. Et quitte à regretter l'absence de public, cette nouvelle façon d'analyser le sport s'annonce passionnante ! 

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