"L'Eden Hazard des années 30" qui manquait le Mondial en Uruguay ... parce qu'il tenait un café

"L'Eden Hazard des années 30" qui manquait le Mondial en Uruguay ... parce qu'il tenait un café

La Coupe du Monde 1930 ne s'est pas très bien passée pour la Belgique, battue deux fois sans inscrire le moindre but. Il faut dire que les Diables Rouges ne pouvaient pas compter sur leur meilleur joueur : Raymond Braine, suspendu par l'Union Belge ... pour avoir ouvert un café.

C'est une histoire comme seule peut en fournir ce début de XXe de siècle durant lequel football et professionnalisme ne sont pas synonymes, à des années-lumière de notre époque. Alors qu'en 1930, nombreuses sont les fédérations à avoir autorisé le professionnalisme des footballeurs, la Belgique restera longtemps inflexible sur ce point (officiellement jusqu'en ... 1974, même si cette date est très théorique). Les débats auxquels vous avez pu assister dans la série The English Game, évoquant les débuts du professionnalisme au Royaume-Uni, sont donc toujours d'actualité chez nous à l'approche de la Coupe du Monde 1930. 

La principale victime de cet archaïsme belge sera la grande star de l'équipe nationale : Raymond Braine. Figure du grand Beerschot des années 20, quadruple champion de Belgique avec les Rats, il y comptabilise 141 buts en 142 matchs de 1922 à 1930 (deux fois meilleur buteur du championnat). "Mais à l'époque, tous les joueurs belges sont amateurs ... et n'ont pas le droit non plus d'utiliser leur célébrité dans un but lucratif", nous explique Stefan Van Loock, auteur de Terug Naar Montevideo, livre retraçant le parcours des Diables  et de John Langenus, arbitre de la finale, au Mondial 1930. Problème : Raymond Braine ouvre alors un café à Anvers, qui marche très bien en raison de son statut de véritable icône locale. 

Pas d'exception pour l'artiste 

"L'Union Belge a estimé que Braine profitait de son statut de footballeur pour améliorer ses revenus, ce qui était interdit par les règles du football amateur. Il a donc été exclu de la sélection", continue Van Loock. Son frère, Pierre Braine, également joueur du Beerschot, participe pourtant bien au Mondial 1930.

Mais Raymond, buteur à trois reprises en autant de matchs deux ans plus tôt aux Jeux Olympiques d'Amsterdam, ne sera pas de la partie. Il faudra attendre 1935 pour qu'il honore sa 31e cap avec les Diables Rouges. Entre temps, il est devenu une légende (en tant que professionnel) du Sparta Prague, qu'il rejoint en 1930 : 128 buts en 106 matchs, un record belge de buts à l'étranger qui n'a été effacé des tablettes qu'en 2018 par Dries Mertens. 

Sans Braine, la Belgique s'inclinera lourdement (3-0) face aux USA, et quittera Montevideo ... sans inscrire le moindre but. "Il y a peu de doutes quant au fait qu'avec Raymond Braine, ils auraient au moins marqué. C'était l'Eden Hazard de son époque, pas dans le style mais dans le fait qu'il était la première vraie star du football belge", conclut Stefan Van Loock, actuellement responsable presse des Diables Rouges ... qui ne devraient plus à l'avenir se passer d'un tel joueur à l'aube d'un grand tournoi. 

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