Billet d'humeur Nous sommes Belges, pas Radjaïotes : tous derrière les Diables

Nous sommes Belges, pas Radjaïotes : tous derrière les Diables

C'est fait, et il n'y a pas place pour le fol espoir : Radja Nainggolan ne sera pas à la Coupe du Monde 2018. Un choix terriblement impopulaire, probablement un peu psychorigide, regretté même par les Diables. Mais un choix irrévocable.

Commençons par notre avis personnel : ne pas sélectionner Radja Nainggolan est une erreur, pas tant sur le plan sportif que sur le plan humain et relationnel. Car si le Ninja n'a effectivement pas sa place dans le onze de Roberto Martinez (c'est une explication acceptable et même logique au vu de la campagne de qualification), celui-ci fait un terrible aveu d'échec en reconnaissant à demi-mot qu'il ne sait pas gérer un tel caractère au sein de son groupe. Et plutôt que de mettre de l'eau dans son vin, il prend le risque de se mettre 90 (99?) % du public belge à dos - un calcul rarement avisé en football. 

Erreur humaine

Bien sûr, ce choix est regrettable et laissera des traces dans la relation opposant (c'est hélas le terme à employer) Martinez à son public. Mais les choix difficiles sont le lot de tous les sélectionneurs, y compris belges : rappelons-nous de Marc Wilmots se passant en dernière minute de Timmy Simons et Guillaume Gillet, fidèles lieutenants ayant participé à toute la campagne qualificative, pour le Mondial 2014. Ces choix étaient moins impopulaires ; humainement, ils étaient pourtant tout aussi douloureux pour les joueurs concernés. Voire plus, car moins prévisibles. 

Car c'est sur le plan humain qu'il faut juger cette non-sélection, répétons-le : si regrettable qu'elle soit sur le plan sportif - car il est dommage de ne pas réussir à intégrer à son système un joueur aussi flamboyant et talentueux que Nainggolan - elle n'est pas plus choquante, par exemple, que la décision de Jorge Sampaoli de laisser chez lui un Mauro Icardi. Fut un temps également où Joachim Löw laissait à la maison Stefan Kiessling, qui empilait les buts à Leverkusen. Fut un temps également où c'était à Marc Wilmots de se passer d'un Nainggolan déjà énorme. Karim Benzema ne reverra jamais l'Equipe de France, pour d'autres raisons. Bref, les choix illogiques s'ils sont pris sur le plan purement sportif sont légion en football de sélection. 

Qui aimons-nous? 

Il est temps désormais de faire son deuil : selon toute vraisemblance, Radja ne reviendra pas et les Diables devront aller chercher cette Coupe du Monde sans lui. Et c'est au public de faire en sorte que cette regrettable erreur humaine de Roberto Martinez ne sonne pas le glas du soutien populaire qui doit porter la sélection en Russie. 

Il suffit de lire les commentaires sur les réseaux sociaux pour se rendre compte des dégâts collatéraux, prévisibles, de ce choix : Axel Witsel et Yannick Carrasco (les "Chinois"), Christian Benteke, Jordan Lukaku, Youri Tielemans, Leander Dendoncker sont autant de têtes de turcs privilégiées. Comme si ces joueurs avaient "réclamé" l'absence de Radja Nainggolan. Comme si leur présence empêchait celle de Nainggolan, alors qu'il est évident que le Ninja aurait manqué le Mondial dusse-même un de ces joueurs se blesser avant la compétition. 

Posons-nous la question : qui aimons-nous? L'équipe nationale belge ou l'un ou l'autre Diable à titre individuel? La question pouvait déjà se poser au moment de l'arrivée de Martinez, qui a douché l'enthousiasme d'une partie du public ("Il n'est même pas belge!", entend-on avec une xénophobie sous-jacente et presque inconsciente). Sommes-nous Belges ou Radjaïotes? Notre amour pour la sélection dépend-il des joueurs sélectionnés? Si la réponse à cette question est "oui" pour certains, Martinez a du souci à se faire. 

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