Interview Michel Iannacone compte déjà sept titres : "J'aimerais finir ma carrière à Al-Ahly"

Michel Iannacone compte déjà sept titres : "J'aimerais finir ma carrière à Al-Ahly"

Michel Iannacone commence à faire partie des meubles à Al-Ahly, en Égypte, où il a remporté son septième trophée en Supercoupe d'Afrique - un palmarès auquel il faut ajouter une médaille de bronze au Mondial des Clubs. L'entraîneur des gardiens du club du Caire devrait y prolonger son bail.

Michel Iannacone a remporté il y a quelques semaines un duel au sommet entre deux coachs belges : d'un côté, Marc Wilmots, T1 du Raja Casablanca et de l'autre, l'entraîneur des gardiens d'Al-Ahly, présent en Égypte depuis août 2019. Le plus grand club d'Afrique s'était alors imposé aux tirs au but, privant l'ancien coach des Diables d'un premier trophée au Maroc. Iannacone profite actuellement d'un peu de repos bien mérité et c'est depuis l'Italie qu'il s'est entretenu avec Walfoot sur son expérience et sur son avenir à moyen et long terme. 

Bonjour Michel, tout d'abord, quel est le programme en ce moment pour toi et ton club ? 

Actuellement, nous avons un peu de repos et je suis en Italie. Il a fallu attendre jusqu'au dernier moment pour connaître le programme précis car il y avait des incertitudes au sujet de la CAN, qui se disputera bel et bien, nous sommes donc en congé. Nous l'avons appris le lendemain de la Supercoupe gagnée face au Raja le 22 décembre ! 

Le championnat égyptien ne continuera pas pendant la Coupe d'Afrique ? 

Pas en tant que tel, non. Ils vont mettre en place une Coupe d'Égypte qui commencera le 9 janvier, puis le championnat reprendra plus tard. Al Ahly perd 9 titulaires à cause de la CAN, ce n'est pas rien ! C'est de loin le plus haut chiffre dans le championnat. Heureusement que nous avons un noyau large. Ca permet à des joueurs n'ayant pas de temps de jeu habituellement de se montrer, il faut voir ça comme ça ... 

Le calendrier est quand même incroyablement chargé pour vos joueurs ... 

Oui, car ils reviennent à peine de la Coupe Arabe pour certains, ils partent à la CAN, et dès leur retour c'est déjà la Coupe du Monde des Clubs qui commence : le 5 février, on affronte Monterrey ! Ca commence à être difficile, oui. Comme les footballeurs européens, le programme africain est surchargé et ce ne sont que des êtres humains. L'Égypte joue même encore en mars pour les barrages du Mondial 2022, car les qualifications africaines sont très difficiles avec des Playoffs même si tu termines premier de ta poule ... Ils ont très peu de repos. 

La Ligue des Champions africaine commence également en février. 

Oui, c'est vraiment la folie. Le tirage nous oppose aux Mamelodi Sundowns, que nous avions déjà affrontés en quart de finale, et à deux clubs soudanais, Al Hilal et El Marek, que nous avons également déjà affrontés depuis mon arrivée. Ca fera encore de solides déplacements (rires). Mais on y est habitué ... 

En championnat, depuis septembre 2020, tu travailles au sein du staff de Pitso Mosimane. Il est considéré comme l'un des meilleurs entraîneurs sud-africains de l'histoire. En Europe, il n'est pas du tout connu, comme la plupart des entraîneurs africains. Quelles sont ses méthodes ?

Il y a des différences entre chaque coach, européen ou non ! Je ne pense pas qu'on puisse établir de différence nette entre l'Europe et l'Afrique au niveau du coaching. Pitso est énormément dans l'analyse vidéo, nous avons deux analystes à temps plein qui travaillent là-dessus, qui préparent chaque match. C'est sa spécificité. Et depuis son arrivée, j'ai évidemment dû travailler mon anglais (rires). Je parlais allemand avant avec René Weiler ...

Sur le plan des résultats, c'est mitigé puisque malgré la victoire en Ligue des Champions, il y a eu cet échec en championnat, le premier depuis 2015. 

C'est particulier car quand je suis arrivé en 2019, les supporters disaient : "Le championnat, c'est moins important pour nous, il nous faut la Ligue des Champions car cela fait 7 ans que nous ne l'avons plus gagnée". Maintenant que nous l'avons gagnée, cela ne leur suffit pas, il faut aussi gagner le championnat (rires). Et c'est bien normal. Mais nous avons beaucoup joué, beaucoup gagné, et à un moment, nous avons subi une baisse physique et mentale. Cela ne devrait pas arriver, mais c'est inévitable, nous sommes humains. La C1 africaine est très difficile à remporter et il y a eu un relâchement. 

Nous avons enchaîné des matchs nuls pendant que Zamalek faisait un sans-faute. Eux avaient été sortis très tôt en Ligue des Champions. Ca fait partie du football, tu ne peux pas tout gagner ! Sur une saison, c'est faisable, mais sur la longueur, tu vas manquer quelques trophées, même le Bayern ne gagne pas tout (sourire). La fatigue est là. 

Il y a tout de même eu récemment cette victoire en Supercoupe, face au Raja Casablanca de Marc Wilmots. Aux tirs au but, ce qui est toujours un moment spécial pour un entraîneur des gardiens ! 

Malheureusement, il n'en a pas arrêté, mais il est toujours parti du bon côté. Les séances de tirs au but sont un peu moins stressantes pour nous autres gardiens que pour le reste du staff car nous n'avons rien à perdre - si nous arrêtons un tir, c'est un exploit, si l'attaquant rate, il "aurait dû la mettre". La pression n'est pas sur nos épaules. J'ai déjà vécu trois séances de tir au but, notamment en finale de la Supercoupe d'Egypte où mon gardien en avait sorti deux. Nous avons toujours gagné jusqu'ici, c'est un bilan très positif. 

En parlant de bilan, tu voyages énormément avec Al Ahly, tu vis en Égypte ; même si c'est évidemment beaucoup de boulot, est-ce que tu arrives encore à "profiter" de l'expérience ? 

Oui, bien sûr. Lors des déplacements, on prend toujours le bus pour 20-30km, on traverse les villes. J'ai pu voir le centre-ville de Kinshasa, par exemple. Sur place, on peut rencontrer les gens et voir un peu comment ils vivent. Ce sont également des cultures et des paysages très différents, c'est très enrichissant. Je n'aurais jamais vécu ça en Europe, c'est sûr ... 

Tu arrives en fin de contrat l'année prochaine. Quels sont tes projets ? 

Le contrat se termine en juin officiellement et est automatiquement étendu jusqu'à la fin du championnat, en octobre. Mais je vais prolonger ici. La direction m'en a déjà parlé, elle m'a dit de rester ici pour toujours (sourire). Et pour être honnête, je me vois bien terminer ma carrière à Al Ahly. 

J'ai travaillé 20 ans en Belgique, au RAEC Mons et à Charleroi : j'avais fait le tour. C'est une fierté d'être ici, de représenter la Belgique au Caire. Les Egyptiens adorent le football belge et je suis toujours très fier de leur en parler. Mais je ne me vois pas revenir, je suis très heureux ici. J'ai même commencé récemment à apprendre l'arabe, pour pouvoir communiquer avec mes gardiens à l'entraînement et m'intégrer mieux ! 

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