Interview Onur Kaya, enfant de Neerpede et d'Arnhem : "Vitesse m'a donné l'opportunité que je n'avais pas à Anderlecht"

Onur Kaya, enfant de Neerpede et d'Arnhem : "Vitesse m'a donné l'opportunité que je n'avais pas à Anderlecht"

Ce jeudi soir, Anderlecht reçoit Vitesse Arnhem. Deux clubs que connaît bien Onur Kaya : l'actuel joueur du KV Malines a passé la majeure partie de sa formation à Neerpede, avant de rejoindre les Pays-Bas. Walfoot s'est entretenu avec lui au sujet de son expérience à Vitesse.

Onur Kaya (35 ans) n'a jamais porté les couleurs du RSC Anderlecht en tant que professionnel : à 15 ans, le natif de Bruxelles quitte Neerpede et rejoint le centre de formation de Vitesse Arnhem, où il aura l'opportunité de faire ses débuts. ll y jouera 81 matchs (8 buts) avant de revenir en Belgique, au Sporting Charleroi. 

Bonjour Onur, peux-tu nous dire comment à l'époque tu es passé de Neerpede au centre de formation d'Arnhem ?

Les raisons de mon départ sont simples : j'avais 15 ans à l'époque et aucun contrat professionnel en vue. On m'a proposé un bail semi-pro pour débuter. Fin 2001, en équipe nationale de jeunes, des scouts de Vitesse étaient présents, c'est fréquent que les Pays-Bas prospectent en équipes d'âges. Théo Bos, aujourd'hui décédé (surnommé "Mister Vitesse", il en est le joueur le plus capé, nda), et Pascal Jansen, qui est coach de l'AZ actuellement , sont entrés en contact avec nous. Le choix a été vite fait puisqu'ils me proposaient un contrat pro de trois ans. À l'époque, Vitesse avait déjà une très bonne réputation chez les jeunes. 

Tu n'es pas le seul jeune du RSCA à être parti, ni même le jeune belge tout court. Ils reçoivent plus leur chance de nos jours ... 

Aujourd'hui, Anderlecht donne bien plus sa chance aux jeunes et c'est très bien, en effet. Car déjà à l'époque, à mes yeux, les équipes de jeunes du RSCA, c'était égal voire supérieur à celles de l'Ajax Amsterdam. Pourtant, dans les 10-15 ans qui ont suivi, l'Ajax a pris l'ascendant sur le plan sportif. C'est dommage. Et c'est pareil partout en Belgique, les choses ont changé. À l'époque, les jeunes belges préféraient souvent les Pays-Bas. Des gars comme Vertonghen ou Vermaelen, s'ils avaient le niveau pour percer à l'Ajax, ils l'avaient évidemment pour percer en Belgique. 

Vitesse Arnhem ne jouait pas vraiment le sommet du championnat à l'époque. 

Non, mais pour moi, franchement, c'était le top. En termes d'encadrement des jeunes, d'infrastructures, comme partout aux Pays-Bas, c'était excellent. Par la suite, j'y ai appris le métier de footballeur, et j'y ai vraiment vécu mes plus belles années de jeunesse. On ne jouait pas toujours les places européennes mais on visait le top 8 en proposant du beau football. Vitesse Arnhem reste dans mon coeur et je leur serai reconnaissant à vie de m'avoir offert cette opportunité. 

Est-ce qu'Arnhem te paraissait être une ville de foot ?

Ce n'est pas Bruxelles, Amsterdam ou Rotterdam en termes de taille, c'est une plus petite ville, il doit y avoir 100-150.000 habitants. Pourtant, les affluences moyennes étaient autour des 15-16.000 personnes, et pour les gros matchs, on jouait devant plus de 20.000 personnes. C'est quand même la preuve d'une ville qui vit pour son club. 

Tu es parti en 2010, juste avant la reprise du club. 

Oui, par un homme d'affaires géorgien, ou russe, je ne me rappelle plus (en réalité, les 2, comme nous l'expliquions ici). En effet, je n'ai pas connu la reprise, mais je sais que ça a un peu perdu progressivement son identité néerlandaise, c'est dommage. Le club alignait vraiment beaucoup de jeunes du cru à mon époque.

Un tout jeune Onur Kaya sous le maillot de Vitesse, en 2007

Tu es ensuite revenu en Belgique, du côté du Sporting Charleroi. C'était un besoin pour toi de percer "au pays" ? 

Oui, quand même. Je ressentais cette envie. Je ne me sentais pas forcément aussi suivi que je l'aurais espéré alors que j'étais souvent titulaire en Eredivisie, même si j'ai eu des absences pour blessure à Vitesse. Je n'avais par exemple plus été appelé en Espoirs avec la Belgique, alors que j'étais en équipes d'âge auparavant. C'est dommage, mais c'est comme ça. Charleroi est l'équipe avec laquelle j'ai pu me faire connaître, j'y ai vécu de superbes années aussi. 

Tu as eu peu d'opportunités de jouer en Europe, seulement 5 rencontres, avec Zulte Waregem. Mais l'incroyable coïncidence, c'est que ton seul but européen, c'est ... face à Vitesse Arnhem. 

C'est quand même le destin, ça ! (sourire). C'est probablement le plus beau moment de ma carrière : jouer l'Europe, et avoir la chance de le faire face au club qui m'a lancé, avec Zulte où j'ai vécu de si belles années, c'était superbe. 

Tes débuts professionnels avec Vitesse, ta période à Zulte et l'Europe face à Vitesse : les deux meilleures périodes de ta carrière ? 

(il hésite) Non, même si c'est symbolique. Mais mon retour en Belgique et Charleroi qui était un club très familial, où j'ai remporté le titre de D2 ... Puis le KV Malines (où il évolue actuellement, nda), où on remporte la Coupe et le titre en D2 également. Au final, j'ai une carrière dont je suis fier, avec évidemment des regrets, comme tout le monde, mais chaque étape a été positive. Il n'y a qu'à Lokeren, où le coach me faisait moins confiance, que ça a été plus difficile. 

Tu as évolué dans ta carrière à Vitesse aux côtés d'un certain Tom De Mul, auquel on promettait monts et merveilles. La preuve qu'une carrière est fragile ... 

Oui, voilà, c'est pour ça que même si je n'ai pas eu une toute grande carrière, je prends ce que j'ai vécu avec plaisir. Si tu m'avais dit que je jouerais toujours au football à 35 ans, je ne t'aurais pas cru. Les gens voient ça comme de l'argent facile, mais une carrière n'est pas toujours cousue de fil blanc, il faut prendre ce qu'on te donne. Tu ne sais jamais quand ça s'arrête. 

Tu suivras le duel entre Anderlecht et Vitesse, tes deux clubs formateurs, ce jeudi ? 

Je vais essayer, oui. Quant à dire qui je soutiendrai ... C'est difficile (sourire) ! Arnhem reste le club où j'ai passé neuf ans, où j'ai pu devenir pro, ce n'est pas rien. Mais Anderlecht, c'est mon premier club et pour moi, toujours, le plus grand club de Belgique. Que le meilleur gagne, voilà. Une réponse de politicien (rires). Ce devrait en tout cas être un match ouvert car ce sont clairement deux équipes qui aiment le ballon. 

Tu faisais partie de la génération de Kompany, tu l'as cotoyé. C'était déjà un leader dans l'âme ... 

Oui, tu voyais déjà à 14 ans qu'il avait ce caractère, même si tu ne peux pas voir à l'époque ce qu'une personne aura comme idées une fois dans le football. Mais ce leadership, il l'a toujours eu.

Voir le football offensif qu'il tente de mettre en place te rappelle sûrement ce que tu voyais en jeunes à l'époque. 

Anderlecht a toujours eu cette politique offensive, il fallait faire le spectacle ! Le problème, c'est qu'il faut aussi des résultats, ou les supporters s'impatientent. En ce moment, Bruges a repris l'avantage en Belgique, mais le RSCA reste à mes yeux le plus grand club de Belgique et de loin. Espérons qu'ils continuent à se redresser. 

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