Le football belge, "un laboratoire du foot business", pour Romain Molina

Le football belge, "un laboratoire du foot business", pour Romain Molina
Photo: © photonews

Notre football a sa part d'ombre, révélée en partie lors de l'affaire du Footgate il y a quelques années. Une part d'ombre que Romain Molina connaît bien et dénonce souvent.

Avant de sortir son livre The Beautiful Game, paru en novembre dernier, Romain Molina avait exploré les coulisses du football européen, des jeux d'agents aux affaires de corruption, dans son enquête La Mano Negra : ces forces obscures qui contrôlent le football mondial (2018, éditions Hugo Doc). Dans cet ouvrage, il dénonçait notamment le football belge, qu'il vise aussi à intervalles réguliers dans ses vidéos. "Le football belge, j'en parle avec amour et dégoût", nous explique Romain Molina quand nous évoquons le sujet. 

"Avec amour parce que je considère que c'est un pays où la passion du football est encore bien présente, et ce malgré tout ce qui peut s'y passer. À Mouscron, de voir que les supporters suivent encore le club alors que c'est un hall de gare ces dernières années, c'est beau", continue le journaliste français. Mouscron, et notamment ses liens avec Pini Zahavi, ont en effet été l'une des cibles privilégiées de Molina. 

"La Belgique est une terre de foot, de passion, avec une qualité de formation réelle. Mais à côté de ça, les coulisses, c'est ubuesque", s'exclame notre interlocuteur. "Le nombre de faillites qu'on observe, notamment en D1B. Et cette D1B, d'ailleurs, mais comment est-ce possible ? Qui est l'esprit malade qui a pondu un tel format ?". 

Ce qui distingue la Belgique des autres pays, c'est à quel point nos clubs laissent la porte ouverte aux agents et à quel point y investir et y faire des affaires est facile. "C'est l'ancien propriétaire de Lommel, Udi Sochatovitch, qui le disait dans Sport-Foot Magazine : la Belgique, c'est un casino. Tu peux y faire n'importe quoi. Il ne s'en cachait même pas, ce qui est quand même fou ! La Belgique est le laboratoire du foot-business", explique Romain Molina. "Il ne faut tout de même pas oublié que c'est la Belgique qui a popularisé le système de "filiales", qui y sont désormais monnaie courante : Monaco, Lille, Brighton, Metz, Manchester City, Leicester, Brighton, tout le monde veut sa part du gâteau". 

Mogi Bayat, le mal nécessaire ?

L'un des personnages centraux du "Footgate" était Mogi Bayat, mais l'omnipotent agent n'est pas le plus pointé du doigt par Romain Molina. "Mogi Bayat, bien sûr, je suis en désaccord avec ses méthodes et il y aurait beaucoup de choses à en dire. Mais pourquoi est-il si influent ? Bon, premièrement, parce qu'il bosse énormément - c'est indéniable. Ensuite : parce que les clubs font appel à lui. Il réalise les deals, c'est un fait", souligne-t-il. 

"Si les clubs belges n'étaient pas si mal gérés, ils n'auraient pas besoin de faire appel à un tel personnage. Derrière, évidemment, il prend des commissions hallucinantes, comme à Gand, mais c'est un problème qui ne lui est pas propre. Zulte Waregem, un club en grandes difficultés financières, a payé 3 millions de commissions d'agents l'année passée", ajoute Molina. 

Et surtout, ces faits ne sont "que" financiers. "Mogi Bayat a beaucoup de défauts mais n'est pas un trafiquant d'êtres humains, ce que sont certains dirigeants de clubs, en Belgique et ailleurs. Les deals en Afrique en lien avec la Belgique, on se croirait parfois du temps de Léopold II", lâche notre interlocuteur avec emphase. "Les dossiers congolais du Sporting d'Anderlecht de l'époque - je ne parle pas de la direction actuelle - étaient nébuleux aussi. Pour une réussite comme Chancel Mbemba, combien de joueurs ont été laissés sur le bas-côté après avoir tout plaqué pour venir en Europe ?". 

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