Edito Chiffres d'audience : Anderlecht joue son statut en Belgique à moyen terme

Chiffres d'audience : Anderlecht joue son statut en Belgique à moyen terme
Photo: © photonews

Les chiffres sont tombés comme un couperet : West Ham - Anderlecht a fait un flop, en comparaison avec ce que le RSCA signifie...et avec les scores de l'Union Saint-Gilloise en parallèle.

Premier constat : ces chiffres sont à relativiser. Anderlecht est un club à l'identité bilingue marquée, et même de plus en plus néerlandophone, une bonne partie du public peut donc avoir regardé West Ham - RSC Anderlecht et les autres rencontres de Conference League sur une autre chaîne. Au contraire, l'Union est un club principalement francophone, qui attire donc une audience plus ciblée sur la RTBF. Reste un fait : auparavant, cet écart n'était pas aussi frappant. Les derniers matchs de Coupe d'Europe du RSCA, face aux peu excitants slovaques de Trnava, dans une période plutôt sombre pour les Mauves également (on vous invite à aller voir le onze aligné), attirait 192.000 personnes, pour 146.000 jeudi contre un club de Premier League. 

Relativisons encore, pour qu'on ne puisse pas nous reprocher de ne pas prendre tous les critères en compte. Le temps a passé, les audiences télévisées ne sont pas vraiment réputées pour être en hausse, il s'agit aujourd'hui de la Conference League et pas de l'Europa League, et le public est gavé de foot à longueur d'année. Si nous, journalistes, dont c'est le job, en avons ras-le-bol du calendrier surchargé, le téléspectateur lambda sacrifie certainement aussi quelques soirées Conference et Nations League sur l'année. 

Tout n'est pas à relativiser 

Mais une chose est sûre : ces chiffres, même une fois mis en perspective, sont indignes du Sporting d'Anderlecht. Car Bruges, néerlandophone également, et bien que ce soit en Ligue des Champions, fait toujours un carton d'audience. L'Union, visiblement, a trouvé son public. Anderlecht, de son côté, revenait en Europe pour la première fois depuis 2018 : on aurait pu attendre un vif intérêt, une forme d'excitation. Il n'en est rien.

Les supporters les plus fervents d'Anderlecht nous diront à raison qu'un vrai supporter ne lâche pas son équipe quand elle est en difficulté. S'il ne peut pas être au stade, il sera devant sa télévision, quels que soient les résultats. Ils ont raison. Mais les "vrais supporters" - nous entendons par là les fanatiques, ceux qui achètent le maillot du club, ne manquent rien des rencontres, ont réellement "le coeur mauve" - ne constituent pas le gros d'une audience télévisée. Ce qui fait le succès d'un club en termes de chiffres d'audience, c'est sa capacité à attirer le reste. Le supporter lambda, qui allume sa télévision parce qu'il aime le foot, a fortiori le foot belge. L'amateur, éclairé ou non, n'allume plus forcément sa télévision pour regarder Anderlecht jouer. Il regarde Bruges, l'Union Saint-Gilloise, et si le Standard revient en Europe, il regardera peut-être les Rouches, qui ont longtemps mangé leur pain noir aussi. 

C'est peut-être un détail, mais ça veut dire beaucoup : au-delà des slogans, du statut - indéniable - de plus grand club de Belgique, Anderlecht peut perdre beaucoup s'il ne se retrouve pas, s'il ne séduit plus. Si votre gamin a 5 ans et commence à s'intéresser au football, il n'a pas encore vu les Mauves soulever de trophée. Cinq ans, c'est une éternité pour des gosses qui tombent amoureux d'une icône, d'un moment, d'un frisson - il manque un peu des trois au Lotto Park. Vincent Kompany, si critiquable qu'il ait pu être, avait tout à fait saisi cet aspect du club - et était lui-même une icône. Il savait qu'Anderlecht ne pouvait se permettre qu'une chose : gagner, et respecter son rang. Ce n'est pas trop tard pour le faire. Ce ne sera pas trop tard avant un bout de temps, car la légende du RSCA ne s'érodera pas vite. Mais à moyen et long terme, rien n'est gravé dans le marbre...

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