L'Alphabut : la lettre W comme Waseige

Dirk Diederich
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L'Alphabut : la lettre W comme Waseige
Photo: © SC

Dupk ajoute une nouvelle lettre à son Alphabut. La lettre W comme Waseige Robert.

W comme Waseige Robert

Waseige looks like a café owner. This may have got him the job, since Belgium's excellent manager of the 1980s, Guy Thijs, also looked like a café owner. Both Thijs and the fat little Waseige smoke cigars, drink whisky and have a knack for creating a happy camp, which suits the relaxed attitude of the Belgian footballer”. (The Guardian, 4 juin 2000)

Un pronostic? 2-1 mais je ne sais pas pour qui » ! (Robert Waseige)

 

 

 

Tout enfant se constitue rapidement un Panthéon d’idoles. Petit ramasseur de balles au stade Fallon à Woluwe-St-Lambert, j’y avais de sorte installé au premier rang une trinité solide :  Willy Tack, le gardien de but coiffé d’une casquette improbable avec ses airs de Jacques Tati dégingandé et qui durant les matchs taillait volontiers une bavette avec les supporters installés derrière son but ; Dédé Stassart, le défenseur intransigeant mais aussi, au demeurant, excellent joueur de balle pelote (mon sport préféré après le football) et enfin, pour compléter le tableau, Robert Waseige, le défenseur de poche accrocheur, batailleur et pugnace qui avait toujours un regard et un mot gentil après le match pour la caste des ramasse-cuir en culottes courtes dont j’avais le privilège de faire partie.

J’ai donc  suivi, parfois de loin, le parcours du plus Bruxellois des Liégeois, du plus Carolo des Limbourgeois, du plus Anversois des Belges.

L’homme a réalisé un parcours quasi sans faute. Et encore les seules petites fautes d’orthographes qu’il a commises durant sa carrière n’ont jamais altéré le personnage. Car le Petit Robert a  excellé par ses définitions précises et rigoureuses du football. Mâtin, rusé, finaud, roublard, Waseige a ainsi roulé pas mal d’adversaires dans la farine pour obtenir des résultats en forme tantôt d’un bon pain croustillant, tantôt d’une brioche savoureuse de fraicheur.

A Winterslag comme à Liège, à Charleroi comme chez les Diables, son jeu a toujours été basé sur l’enthousiasme. Sur une alchimie qui transforme un bout de simplicité en or. Comme pour Guy Thijs, le cigare lui tint lieu de bic et les volutes de fumée  de cartouches d’encre qui lui ont permis d’écrire parmi les plus belles pages de notre football.

Maniant l’humour et les sarcasmes qu’il trempe dans son single malt, celui qu’on a appelé « Mage » après tous ses tours de passe-passe (l’essence même du foot)  n’avait pourtant rien de magique. Il connaissait juste les bonnes recettes, celles qui font prendre les sauces. Sans suffisance. Sans arrogance. Avec une louche de rires. Une pincée d’auto-dérision. Une épice de rigueur. Un persil d’optimisme.

Son secret ? La communication, la précision et le respect des contrats. Waseige est communicatif. Mais tout est entre les lignes chez lui comme sur un terrain. Comme l’arc-en-ciel qui bien davantage que le gris s’intercale entre le noir et le blanc.

« Je ne suis pas pour les entraîneurs assistants sociaux qui passent leur temps à solutionner les petits problèmes intimes des joueurs et qui leur accordent une liberté exagérée, et encore moins avec ceux qui coupent les ponts à travers un système rigide et autoritaire. Je suis pour une méthode qui favorise le dialogue, qui responsabilise le groupe. Je ne parle pas d’individus car pour moi, nul n’est indispensable ».

Tout est là : la manifestation de l’intelligence comme celle de la souplesse, de l’empirisme comme du modèle social.

Hélas, aujourd’hui, à près de septante-et-une piges, Robert Waseige semble avoir pris définitivement place sur le banc de touche des bancs de touche. C’est sans doute sa dernière coquetterie : céder sa place à un jeune dans le train bondé des entraineurs de D1.

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