Albert Cartier évoque les U23 en D1B : "On verra vite quels jeunes sont prêts à être pros"

Albert Cartier évoque les U23 en D1B : "On verra vite quels jeunes sont prêts à être pros"

Albert Cartier n'écarte pas un retour en Belgique et notamment en D1B, championnat qu'il aurait pu retrouver avec Seraing, club filiale de "son" FC Metz. L'ancien coach de l'AS Eupen évoque ces sujets dans la seconde partie de notre entretien.

Albert Cartier cherche toujours le bon projet pour se remettre dans le bain, comme il nous l'expliquait dans la première partie de notre entretien (à retrouver ici). Mais même s'il retrouve bientôt un banc, en D1B comme ailleurs, il devra probablement attendre avant de retrouver l'émotion d'un stade plein.

Comment un entraîneur gère-t-il les joueurs en l'absence de public ? Votre rôle est différent. Certains joueurs, comme Lionel Messi récemment, ne cachent pas que c'est difficile de rester motivé.

Il faut les aider à faire la bascule, à avoir le déclic. C'est évidemment un contexte difficile, mais ce n'est pas la peine de le répéter chaque semaine : oui, c'est dur, on a l'impression de disputer des matchs amicaux ... Mais plus vous allez rester bloqué dans cet état d'esprit, plus ce sera difficile d'aller de l'avant. Il faut rapidement permettre aux joueurs de changer de vision des choses, d'état d'esprit. 

Et comment faire ? C'est un rôle de psychologue, plus qu'un rôle d'entraîneur. Certains joueurs n'ont pas besoin, d'ordinaire, de ce genre de dialogue avec leur coach et se contentent de l'adrénaline du public ...

Le coach a toujours ce rôle de psychologue, mais encore plus actuellement, en effet. Un joueur qui vit ce genre de mal-être vous appelle à l'aide, il a envie de trouver cette motivation et il faut trouver les mots pour qu'il la trouve. C'est le rôle du coach d'identifier ceux qui ont besoin d'aide, il faut les récupérer au plus vite. Certains n'ont pas besoin d'un stade chauffé à blanc pour se mettre dans leur match, d'autres oui. 

Jouer à domicile n'est presque même plus un avantage aujourd'hui, cela dit. 

C'est même parfois l'inverse, car voir "son" stade vide, son enceinte sans supporters, c'est plus difficile psychologiquement qu'un stade adverse ! On ressent clairement que les matchs à domicile ont moins d'impact et si, à l'extérieur, l'adversaire a du mal à mettre de l'engagement, on peut plus facilement aller chercher quelque chose. 

Passons à un autre sujet. Vous aviez failli rejoindre Seraing, club filiale du FC Metz, l'été dernier. Que pensez-vous de ce système, qui lie les deux clubs, mais lie aussi Monaco au Cercle, Mouscron à Lille ... ? 

Je crois que c'est un système qui peut s'avérer gagnant-gagnant. Je vais parler surtout de ce que je connais, à savoir Metz : cela permet à des joueurs messins, notamment cette saison, d'obtenir du temps de jeu en D1B et donc de la compétitivité. La seule condition pour que ce soit bénéfique, c'est qu'il y ait un suivi hebdomadaire de ces joueurs, des retours, des échanges. Le joueur prêté doit avoir des perspectives d'avenir, sentir qu'il n'est pas là pour être mis de côté mais avec une réelle possibilité de percer après ce prêt. 

Le joueur prêté à un club "filiale" doit sentir qu'il a des perspectives d'avenir

Ca peut être à Metz (ou dans la "maison-mère" en général) mais aussi parce que là où il est prêté, il sera mis mieux en valeur pour les recruteurs qu'en étant en CFA ou CFA 2. On sait que les championnats belges sont très regardés par les clubs voisins. Si un club dispose de trois ou quatre attaquants de pointe, même si à son retour il n'a pas encore de perspectives, il aura attiré les regards et lancé sa carrière. 

La D1B compte une équipe U23 actuellement, celle de Bruges. Bientôt, d'autres devraient s'y ajouter. En tant que coach, pensez-vous que ces jeunes seront prêts, notamment au niveau des entraînements, au rythme plus élevé qu'en Espoirs ? 

L'exigence des entraînements est la même en Espoirs ou en équipe A. On ne demande pas forcément le même investissement aux jeunes, mais s'ils ne se donnent pas à fond en U21, ils ne progresseront pas et ne franchiront donc pas le palier nécessaire. Ils doivent avoir la motivation suffisante pour s'imposer les mêmes exigences quelle que soit la séance - sans ballon, avec ballon, tactique, technique ... C'est cette motivation qui déterminera s'ils ont ce qu'il faut pour réussir.

Les coachs identifient rapidement ceux qui y arriveront et on le verra vite en D1B. Lors d'un déplacement difficile, durant un match au scénario compliqué ... Si les joueurs ne perdent pas les pédales, restent calmes, le coach le verra, identifiera ceux qui sont prêts. Cette exigence est là chez les jeunes également. 

Être au contact des adultes est évidemment utile dans cette optique. 

Plus ils le seront, plus on identifiera aisément ceux qui sont capables à terme de passer ce palier. On voit très vite qui peut briller en A. Très souvent, des jeunes joueurs sont surclassés dans ce but. Aussi parce qu'ils perdent leur temps, voire régressent en restant dans leur catégorie. Mais parfois, à Metz, nous surclassions des joueurs pour une semaine ou deux, juste pour qu'ils goûtent à l'équipe A. Pas pendant un mois, sinon vous les cassez, car les entraînements sont en effet plus intenses, mais quelques jours pour leur donner goût au monde professionnel ... et les évaluer en même temps. 

Les jeunes joueurs actuels ont-ils moins l'esprit de travail que leurs prédécesseurs ? 

Non, c'est un cliché. J'ai connu des fainéants à mon époque de joueur, et plus tard en tant que coach. Il y en a aujourd'hui et il y en aura toujours, mais les jeunes actuels n'ont pas moins la passion du travail et de l'entraînement qu'à l'époque. C'est même moins possible de nos jours qu'à l'époque !

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