Bernardo "Un avant-match nombriliste de la Seleção"

Olivier Baute
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Bernardo "Un avant-match nombriliste de la Seleção"
Photo: © photonews

A quelques heures du match entre le Brésil e la Colombie, notre ambassadeur nous fait part des dernières news autour de la Seleçao.

Le Brésil semble s'être endormi dans les chaudes brumes matinales qui repoussent un soleil blanc, lui-même paressant dans ses lits cotonneux. Les gens me parlent encore de la victoire de la Belgique, chargée de la sale besogne de bourreau pour la mise à mort de l'Argentine. J'ai parfois cette rôle d'impression de devoir le faire personnellement.

La Colombie, prochain adversaire du Brésil en quart de finale, semble moins effrayer le peuple que le Chili. James Rodriguez n'a pas encore remplacé Falcão dans le rôle de la terreur adverse. Il semble bien que tout le monde se préoccupe plus de l'origine de la danse de célébration des buts des colombiens. Il s'agit d'une dance nationale qui fait fureur en Colombie : La Cumbria.

Un petit extrait ?




Les Colombiens, eux-mêmes, sont très relax. La bonne humeur et le plaisir transpirent souvent en leur présence sur et hors du terrain. Leurs supporters sont arrivés confiant à Fortaleza et se moquent gentiment des Brésiliens en leur rappelant, sans cesse, que Pelé a déclaré être effrayé par James Rodriguez. Neymar, en fait, préoccupe les Brésiliens. Parce qu'il semble bien que ce sont deux coups volontaires qu'il a reçu lors des premières minutes du match contre le Chili. Le premier, appelé béquille ou jambe de coureur, était le plus douloureux sur le moment et a paralysé le joueur quelques heures lorsque le muscle s'est refroidi. Ce méchant coup a monopolisé l'attention de tous durant 24 heures. Puis, on a appris qu'il avait également été touché au genou et que cette blessure était plus inquiétante. D'autant plus, que le joueur a continué à sprinter lors de ce match. Il est aujourd'hui certain qu'il aurait été remplacé dans tout autre compétition. Ce qui montre à la fois l'importance du joueur dans le dispositif de Felipão, la faiblesse du Brésil du fait de cette dépendance ainsi que la motivation de l'attaquant.

Ce joueur, de 22ans, semble, pourtant, très discuté en Europe. C'est très curieux. Alors que les prestations de Eden Hazard, un garçon en or, - qui aime les hamburgers, 22 ans lui-aussi, sont bien moins étincelantes, et il n'a pas encore marqué un seul but, du fait, sans doute, de la grande fatigue d'une saison et d'un cadre tactique coercitif, le crack belge n'est remis en question par aucun suiveur brésilien ; bien au contraire, ils regrettent qu'il n'ait pas cette liberté créative qui est celle de Neymar en Seleção.

Les suiveurs et supporters européens sont loin d'avoir la même lucidité et le même respect envers Neymar. Je ne comprends pas pourquoi. En lisant les commentaires des lecteurs de l'Equipe, qui appellent Neymar "Fils de pute", avec la bénédiction de la modération, je me suis rappelé la condamnation sans appel de certains supporters du Standard lorsque j'ai présenté le jeune crack brésilien, après l'avoir vu joué un quart de finale de la Coupe du Brésil, au Mineirão, avec Santos contre l'Atletico Mineiro. "Joueur surcoté, caractériel et fragile qui ne réussira jamais en Europe". J'ai failli acheter une playstation pour comprendre la culture de mes compatriotes supporters. Depuis, je ne comprends toujours pas d'où vient cet ostracisme envers certains joueurs et entraineurs sinon une grande incompétence liée à un orgueil incommensurable.

 

Un autre commentaire a bien résumé cela, hier, dans le journal la Dernière Heure. Un supporter du Standard a jugé le conflit entre le Standard et Kanu "bien fait pour Luzon qui l'avait relégué sur le banc pour faire jouer Ben Haim, raison pour laquelle nous avons perdu le championnat". Ce supporter a confondu toute la saison Ben Haim avec Dino Arsanalagic sans jamais se rendre compte de son erreur. Il persiste d'ailleurs. Un autre supporter, mauve lui, représente bien aussi une certaine qualité des relations humaines dans le football belge. Il écrit aujourd'hui, toujours dans la perspective Kanu que "Anderlecht n'a pas a recruté Kanu. La pourriture d'un club de barakis n'a rien à faire au grand Sporting". Ceci est inimaginable au Brésil comme cela l'était, il y a encore vingt ans, en Belgique.

Je ne trouve pas les mots exprimés mon désespoir envers l'humanité du football en lisant de tels commentaires. Je ne comprends pas en quoi cela fait vendre des journaux. Tous ces gens haïssent leurs rivaux. Contre qui acceptent-ils de jouer ? Il n'y a plus personne, sauf les plus faibles de leur région qu'ils se réjouissent d'humilier.

Cependant, cette manière de parler de Neymar Junior, jeune, professionnel, doué, élu par ses pairs, me paraît dégradante, pour les supporters français et leurs journaux. Surtout, c'est un manque de lucidité couplé avec un manque total d'éducation. J'ai décidé de cacher cette information à mes amis brésiliens qui vouent une tendresse à une France aujourd'hui disparue (le français a été durant des dizaines d'années dans les collèges brésiliens).

Hier après-midi, Neymar s'est présenté à la conférence de presse devant les journalistes de son pays. La vidéo d'une demi-heure, qui reprend les échanges, parfois vifs, circule sur les réseaux sociaux. C'est un grand adolescent simple et souriant qui a fait face au feu des questions comme des inquiétudes, car la pression est importante et des questions se posent sur les problèmes physiques.


Question : Ce n'est pas trop émotionnant de disputer une coupe du monde "à la maison" ?

"Je fais front et je surmonte la difficulté sans problème, parce qu'être à la Coupe du Monde est un rêve"


Question : Et les douleurs dans la jambe droite ?

"Je me sens bien, j'ai récupéré. Vous pouvez être tranquille".

Toute la carrière professionnelle de Neymar, déjà longue de 5 ans, montre qu'il dit chaque fois la vérité. Ce jeune homme frêle a toujours fait front face à toutes les difficultés, hors et sur le terrain. Il a chaque fois affronté et surmonté avec une apparente facilité les obstacles qui se dressaient devant lui.

C'est cette force de caractère, cette confiance dans la joie de vivre et sa fierté d'être un joueur de football, brésilien, qui emportent l'adhésion, les espoirs sinon les certitudes du peuple brésilien. C'est pour ce don constant de ses dons qu'il est aimé. Il répond aux doutes des journalistes sur les faiblesses tactiques et techniques du système de jeu mis en place par l'entraineur Scolari qu'il espère emmener le Brésil au sommet comme il l'a fait lors de la Coupe des Confédérations l'an passé.

"Nous jouons dans le jardin de la maison. Les supporters sont avec nous et nous devons être heureux d'être sur le terrain". Cette dernière réplique est considérée par les journalistes comme un message de Neymar aux supporters, à James Rodriguez, á tous les amoureux du football mais aussi à ses coéquipiers.




Car, décidément, les pleurs de Thiago Silva ne passent pas.

Alors que les journalistes européens semblent découvrir que la Seleção a recours à une psychologue, les journalistes brésiliens s'étonnent plutôt du peu de présence d'Helena Costa auprès des joueurs. La psychologue Helena Costa accompagne Felipâo depuis son passage à Palmeiras et est bien de connue de tous les suiveurs. Elle est très discrète et considère que tout interview est une atteinte à la règle de la confidentialité qui régit ses rapports avec ses clients (les joueurs et le staff). Cet élément donne plus de confiance en sa compétence professionnelle que les résultats de Palmeiras, qui est descendu en seconde division, suite à un changement d'entraineur catastrophique, il est vrai. Les journalistes brésiliens semblent penser que l'avenir de la Seleção est entre ses mains et les pieds de Neymar.

Le Brésil et la Colombie se sont rencontrés officiellement quatre fois lors des premières années de ce nouveau siècle, toutes ces rencontres ont eu lieu dans le cadre des éliminatoires pour des tournois officiels. Trois de ces matchs donnèrent lieu à un jeu très fermé et un opaque 0-0, deux d'entre elles se sont déroulées dans le stade de El Campin, à Bogota, et la troisième dans le stade du Marcanã.

L'unique match lors duquel un goal fut marqué, ce fut par un défenseur, Roque Júnior, lors de la petite victoire peu glorieuse du Brésil par 1-0 dans la phase de classification pour la Coupe de 2002.
Lors de ce match éliminatoire, l'entraineur était encore Emerson Leão, entré en fonction en l'an 2000 et qui sera substitué au milieu de la compétition par Felipe Scolari, qui sera sacré, deux années plus tard Champion du monde.

28 mars 2000 - Colombie 0-0 Brésil - El Campin (Bogotá - COL) - première journée des éliminatoires pour la coupe de 2002.

15 novembre 2000 - Brésil 1-0 Colombie - Morumbi - 10ème journée des éliminatoires pour la coupe de 2002 - goal de Roque Júnior

14 octobre 2007 - Colombie 0-0 Brésil -El Campín (Bogotá - COL) - première journée des éliminatoires pour la coupe de 2010

15 octobre 2008 - Brésil 0-0 Colombie - Maracanã - 10ème journée des éliminatoires pour la coupe de 2010.


Depuis 2000, il y eut également trois matchs amicaux entre les deux équipes nationales. Le Brésil gagna les deux premières : 2-0 (Etats-Unis - 19/7/ 2003), 2-1 (Colombie - 7/9/2003) et fit match nul lors de la dernière 1-1 (Etats Unis - 15/12/2012), avec des goals de Cuadrado pour les Colombiens et Neymar pour le Brésil. Mano Menezes était alors l'entraineur de la Seleção, avant de laisser la place, à la moitié de son mandat à... Felipe Scolari.

Le Brésil semble déjà avoir décidé de remplacer Gustavo par Paulinho. On ne connaît toujours pas la raison de la sortie prématurée de Marcelo, lors du dernier entrainement. Il a demandé pour se rendre aux toilettes. D'accord. Mais, il n'en est pas revenu.



David Luiz, arrière-central est le joueur qui a reçu, jusqu'à présent, la meilleure évaluation du logiciel informatique de la FIFA.

L'arbitre du quart de finale sera espagnol, monsieur Carlos Velasco, mais aucun brésilien ne se plaint parce qu'il parle la langue de l'équipe colombienne.

Le manque de communication entre les Polices Fédérale et militaire avec la FIFA serait le seule cause possible de nouveaux désordres dans l'administration de la Coupe du Monde. On ignore toujours comment le lourd dossier du dernier "streaker", pourtant habillé n'a pas été communiqué à la polie fédérale brésilienne, qui est très fâchée. Les journaux brésiliens pointent dans ce fait-là la preuve qu'il y a eu une défaillance grave dans la sécurité. Notamment à la FIFA car ce bon coureur à pied est entré avec une place achetée à la FIFA comme handicapé, physique (je précise).

Cependant, je ne résiste pas au plaisir de vous confirmer que toutes les sélections qui ont interdit à leurs joueurs tout contact avec leurs proches et tout rapport sexuel ont été éliminées Cela me paraît important car la grande différence entre le football sud-américain et le football belge est bien là : dans l'affection que tous les Brésiliens se témoignent d'une manière ou d'une autre alors que l'envie, le mépris et le dol ne cessent de prendre de l'ampleur dans le milieu du football belge.

PS : Sepp Blatter serait-il atteint d'un début de démence sénile ? Il a déclaré hier, à Rio de Janeiro, que dans les matchs de football, le meilleur ou le plus chanceux gagnait... Au moins, la FIFA s'est protégée des interférences de certains arbitres belges.

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