Premier match pour le Kosovo, et après?

Speder Simon
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Premier match pour le Kosovo, et après?
Photo: © SC

Opposée à Haïti, la sélection kosovare a débuté son parcours officiel sur un score vierge. Mais là n'est pas le plus important.

Devant 15.000 spectateurs acquis à leur cause, le Kosovo s'offrait sa première rencontre internationale face à Haïti. Le petit stade Adem Jashari, situé à Mitrovica, voyait donc une page s'écrire dans ses travées. Pour la petite histoire, les locaux ont dominé la rencontre, mais n'ont pu inscrire le but victorieux, le score final demeurant nul et vierge. Mais là n'était pas le plus important, car le Kosovo a remporté sa première bataille : jouer enfin un match, six ans après l'annonce d'indépendance, consécutive à la scission unilatérale du territoire de la Serbie. 

Rien n'est pourtant fait pour la nouvelle nation, qui n'est pas reconnue par la FIFA, ce qui l'embarque dans un imbroglio juridique. Le Kosovo n'est pas reconnu par 5 des 28 nations de l'Union Européenne, et par 87 des 193 membres de l'ONU. Deux membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU, la Chine et la Russie, sont des alliés de la Serbie, et refusent de reconnaître le Kosovo en tant que nation. Ce qui a pour conséquence sportive d'exclure l'ex-province yougoslave de l'UEFA, qui stipule que tous ses membres doivent faire partie des Nations Unies... La rencontre de ce mercredi a été possible car elle devait respecter certaines conditions imposées par la Serbie, qui a toujours autorité sur le Kosovo en matière de football aux yeux de la FIFA : pas de symbole national (hymne national, drapeau) ni de rencontre contre des nations ex-yougoslaves. 

Au niveau sportif, la jeune sélection ne dispose pas vraiment de joueurs chevronnés. Les joueurs sont principalement des inconnus à l'échelle européenne, évoluant dans des clubs du ventre mou en Bundesliga (Toski, Alushi), ou dans les pays nordiques comme la Suède ou la Norvège (Kastrati, Pepa, Gashi, ...). Seul le second gardien, Mushica, évolue au pays, dans le club de Pristina. Né dans la capitale, Astrit Ajdarevic (Standard, prêté à Charlton) pourrait bientôt entrer en ligne de compte pour la sélection. Comme la rencontre face à Haïti n'est pas officielle aux yeux de la FIFA, certains joueurs présents à Mitrovica l'étaient pour le symbole, et ont déjà joué pour une autre équipe nationale. L'ancien gardien du Sporting Anderlecht Samir Ujkani (Palerme) défend habituellement les filets de l'Albanie, mais aura donc pris part à la première rencontre du Kosovo.

A ce sujet, Sepp Blatter a rassuré la Suisse entière il y a quelques jours, car les supporters de la Nati avaient peur de voir leur équipe décapitée. En effet, des cadres comme Valon Behrami, Granit Xhaka ou Xherdan Shaqiri n'ont jamais caché leur sympathie pour leur pays d'origine, et nombreux craignaient un retournement de veste. Le grand chef du football mondial a cependant précisé qu'on ne peut changer de sélection et jouer pour un nouveau pays que si on a joué pour la nation qui précédait sa création. Seuls des internationaux serbes entreraient dans ce cas de figure. La présence sur le terrain de l'international suisse Albert Bunjaku, présent au mondial 2010 avec la Nati, est donc purement symbolique.

La route est donc encore bien longue pour la jeune équipe si elle veut tenter un jour de se qualifier pour un grand tournoi. Mais construire un noyau compétitif semble tellement plus simple que faire tomber les barrières politiques qui empêchent les Kosovars de rêver d'un jour disputer un Mondial...

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