Romain Veys "Le Chili prêt pour sa finale"

Olivier Baute
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Romain Veys "Le Chili prêt pour sa finale"
Photo: © Photonews

Notre ambassadeur pour le Chili nous livre ses impressions sur le premier match des siens ainsi que les réactions dans la presse chilienne. Enfin, il aborde le futur choc face à l'Espagne!

Wf: Comment la victoire face à l'Australie a-t-elle été vécue par les supporters? 

C'est évidemment avec beaucoup de satisfaction que l'impressionnante délégation chilienne a accueilli la victoire de leurs favoris après le succès remporté face à l'Australie vendredi passé. Au pays aussi, la population s'est réjouie d'un succès qui, malgré qu'il n'ait pas été aussi simple à obtenir que les Chiliens ne l'auraient espéré, a fait le bonheur et les gros titres de la presse nationale.
 
Ainsi, El Mercurio, l'un des plus gros tirages du pays, titrait ni plus ni moins qu'un élogieux et chauvin "Le Chili atteint sa victoire la plus large en Mondial depuis 1962" ! La Segunda, dans sa version informatisée, titrait elle : "Alexis a mis le feu aux espérances", faisant référence au but rapidement inscrit par le joueur du Barça. Enfin, La Prensa Australe réservait l'entièreté de sa première page sur la folie qui s'était emparée de tout le pays à l'issue du match, avec comme titre un très clair : "Fête dans les rues pour le triomphe du Chili !".  
 
Après le match, Jorge Sampaoli, le sélectionneur heureux de la Roja, nuançait cependant le succès de ses joueurs. Il estimait ainsi, et à raison, qu'il avait vu "une organisation de jeu intéressante de l'équipe mais il ne fait aucun doute que certains aspects peuvent être améliorés.
 
Et s'il est vrai que le Chili a répondu à l'attente pour son premier match du Mondial, le relâchement coupable après les 20 premières minutes a laissé un adversaire qui n'aurait jamais dû avoir droit au chapitre entrer dans la rencontre et lui donner quelques sueurs froides, avant que le bien nommé Beausejour ne vienne assurer la victoire chilienne en fin de partie.
 
 

Esteban Paredes  "Ce sera la vie ou la mort pour eux. Et nous, ce sera une véritable finale."

Wf: A présent, c'est un ogre espagnol blessé qui se dresse face au Chili. Le coup est jouable? 

Mais le Chili y croît plus que jamais ! Toujours lors de la conférence de presse d'après-match, Don Sampa comme il est désormais appelé au pays prévenait : "La possibilité de sortir l'Espagne de ce Mondial va rendre le match électrisant dès le coup d'envoi." Une chose est sûre, comme face à l'Australie, le Chili devrait être poussé vers l'avant par une foule incroyable de socios. Imitant les Brésiliens la veille, les supporters chiliens avaient d'ailleurs donné le ton dès les hymnes face à l'Australie, dans un stade à peu de choses prêt totalement acquis à sa cause. Mais le soutien du public sera-t-il suffisant pour vaincre l'Espagne ? Pas sûr ...

 
D'autant que l'Espagne, déjà au pied du mur, ne peut en effet pas perdre. L'Espagne va devoir jouer l'offensive tandis que le Chili pourrait se permettre un nul tout en restant dans la course. Mais une victoire lui assurerait déjà la qualification.
 
En 2010, déjà, le match de groupe (c'était le 3e) entre les deux Rojas avait été déterminant pour les deux équipes. L'Espagne avait perdu son match d'ouverture (face à la Suisse, 0-1) et avait fort souffert face à des Chiliens qui avaient séduit. Mais l'efficacité avait choisi son camp et l'Espagne passa finalement par la petite porte avec le résultat final que l'on sait désormais. L'histoire va-t-elle se répéter ? Quelle Espagne le Chili croisera-t-elle mardi à Rio ? La presse espagnole et internationale, de même que les supporters de toutes nations confondues semblent avoir déjà condamné Iker Casillas et ses coéquipiers : "fin de cycle" dit-on par-ci, "ils n'ont plus assez faim" entend-t-on par là (Il est d'ailleurs interpellant de voir la vitesse à laquelle aujourd'hui vous pouvez passer de l'état de dieu vivant à celui de honte de la nation et Casillas ne méritait absolument pas ça). Mais l'Espagne n'a certainement pas perdu de façon définitive toutes ses qualités en 45 minutes.
 
Mais une chose est sûre, les Chiliens sont prêts à en découdre. Interrogé là-dessus par la presse chilienne, Esteban Paredes répondait de façon très claire : "Ce sera la vie ou la mort pour eux. Et nous, ce sera une véritable finale." Et la voie ouverte par les Pays-Bas doit d'ailleurs être suivie par les Chiliens pour l'emporter : c'est par des reconversions offensives tonitruantes et du réalisme devant le but que le Chili devra passer pour sortir l'Espagne de la coupe et rejoindre les huitièmes.
 

 
 
Wf: Quelles sont tes premières impressions par rapport à cette Coupe du Monde?
 
De façon générale, une chose me frappe : hormis l'Espagne, justement, toutes les stars jusqu'ici ont répondu présentes. Que cela soit Neymar, Messi, Van Persie, Robben, Benzema, Alexis Sanchez ou encore Balotelli pour ne citer qu'eux, les vedettes ont jusqu'ici répondu aux attentes pour nous offrir un football offensif qui est un vrai régal pour le spectateur. Conscient que le premier match est primordial, l'ensemble des équipes ont joué le jeu à fond et très peu de rencontres ont jusqu'ici accouché d'un match fermé. Le nombre de buts inscrits depuis le début de la compétition en est un exemple.
 
Si bien sûr l'Espagne a déçu, ce sont les chiffres qui ont rendu ce match épique. Mais la victoire du Costa Rica face à l'Uruguay est pour moi la véritable première surprise de ce Mondial ! Un peu comme l'Espagne la veille, les gars d'Oscar Tabarez ont été dépassés par la fraîcheur de l'adversaire, emmenés ici il est vrai par un Joel Campbell qui explose littéralement au grand jour. 
 
On a vu aussi que la chaleur et la fatigue étaient réellement deux facteurs déterminants dans ce début de compétition. L'Espagne et l'Uruguay ont craqué en seconde mi-temps mais d'autres équipes, comme le Japon par exemple, ont montré que dominer son adversaire durant 70 minutes ne servait à rien si on ne pouvait aller au bout de la rencontre avec le même dash et la même envie durant les nonante minutes.
 
Enfin, le match opposant l'Angleterre à l'Italie a été un régal pour les yeux. Une propagande pour le football offensif. Alors qu'ils nous avaient habitué à un début en mi-teinte dans les grandes compétitions internationales, l'Italie a remporté ce qui a été jusqu'ici le plus beau match pour moi. Les Anglais auraient évidemment mérité quelque chose avec un très séduisant Sterling sur le flanc droit et un Sturridge qui semble définitivement avoir passé un cap cette saison à Liverpool. Mais l'Italie, emmenée par un increvable Pirlo une nouvelle fois de niveau Mondial, a prouvé qu'elle restait une grande équipe dans les grands rendez-vous, et ce malgré l'absence de l'autre légende vivante, Gigi Buffon.
 

Bref, c'est vraiment un grand cru de coupe du monde auquel nous assistons, où je n'ai finalement qu'un regret : l'absence de Zlatan qui aurait, certainement au vu de l'impact des stars dans ce Mondial, laissé lui aussi une trace sur ce début de compétition.

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