Le billet de Dupk : Shakira, c'est Legear en pire

Dirk Diederich
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Le billet de Dupk : Shakira, c'est Legear en pire
Photo: © SC

Shakira poussera la chansonnette le 5 octobre à Grozny pour l'anniversaire de Ramzan Kadyrov, le terroriste du Caucase. La waka-wakasse-tympans de la chanson mange décidément à tous les rateliers, comme le plus cynique des joueurs de football.

D'entrée, je joue carte sur table.Sans hypocrisie. Je considère ce qu'on appelle pudiquement les chansons de Shakira comme une propagande pour les boules Quiès. Avec sa voix qui ressemble au couinement d'un raton-laveur écrabouillé à coups de talons aiguilles, ses textes nunuches qui en font une version hot et reliftée d'une Mireille Mathieu du XXI ème siècle, inutile d'écrire que dès le départ, la désastreuse Colombienne, c'est pas ma tasse de thé.

Je l'ignore donc. Je l'évite.

C'est d'autant plus facile que je n'ai ni télé, ni radio, ni lecteur MP 3. Cependant, je lis machinalement les journaux comme on trempe une biscotte dans une tasse d'Oxo.

Or, ce matin, par hasard, je suis tombé sur cette dépêche : Shakira, l'insupportable ambassadrice musicale du dernier Mondial, ira chanter le 5 octobre à Grozny un Happy Birthday   pour les 35 ans de Ramzan Kadyrov, l'homme qui est à la tête de la Tchétchénie et du Terek, l'homme dont le palmarès ravale un Marc Dutroux au rang d'un Gandhi de la cause enfantine. 

L'homme qui a le sang de milliers de Tchétchènes et de Russes sur les mains, l'homme qui a fait fortune en multipliant les prises d'otages, les meurtres et les missions terroristes, l'homme dont le seul nom évoque en Tchétchénie les escadrons de la mort, l'homme qui a une carrière qui fait penser à celle de Ben Laden. Mais à rebours.  

La moindre organisation de défense des droits de l'homme lui impute la responsabilité d'au moins 7.000 morts. Deux WTC sur la conscience. 

Et aujourd'hui, il est à la tête d'une fortune colossale qui n'est certainement pas dûe à son salaire de Président.

Qu'un Jonathan Legear aille signer un contrat pour se mettre au service de l'Ubu du Caucase, soit.

L'ancien Anderlechtois n'a jamais fait de la retape pour des mots comme Respect, Droits de l'Homme, Dignité, etc. Le seul slogan qu'il ait jamais professé, c'est le fameux Veni, Vidi, Vici qu'il s'est tatoué sur son bras, l'Arbeit macht frei de Jules César, le génocidaire de nos ancêtre les Gaulois.

Mais Shakira, c'est autre chose. Elle est milliardaire. Icone du football par la force des choses. Elle chante à gauche, à droite, au centre en composant des textes débiles sur commande. Unicef-Waka-Waka. Fifa-Waka-Waka. Staline Kadyrov-Waka-Waka. Le comble du cynisme et du raccolage tous azimuths qui infecte tellement l'univers du football.

De fait, Shakira, c'est Samuel Eto'o en jupons. C'est tous ces gens qui prennent le fric le plus criminel sans se pincer le nez, qui ne veulent rien savoir et qui au même moment parlent de fair-play et d'éthique en posant de préférence devant un parterre d'enfants.

D'accord, la morale est une grosse naiveté, une imposture. Un machin qui nous donne bonne conscience et nous fait endosser facilement une robe de Procureur.

D'accord pour dire que si la morale était  attaquant au foot, tous les matches se termineraient par 0-0 tant elle est à côté de ses pompes. Et que si la morale était gardien de but, les marquoirs afficheraient des scores de basket-ball.

Mais alors qu'on le dise franchement. Qu'on arrête de revendiquer des trucs comme le fair-play financier. Qu'on l'avoue tout de go. Qu'on arrête de parler de garde-fous, de sportivité, de règlements.

Qu'on crie enfin sur tous les toits de la condition humaine que le seul jeu qui ait encore cours est celui du Qui sera le plus opportunistement abject! Qu'on entonne l'hymne du libéralisme le plus débridé.

Et à ce jeu-là, la bombe colombienne a plus d'un Whenever, Wherever d'avance, même si cela ne m'empêchera pas de sauter de joie au prochain but de mes équipes favorites.

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