Le billet de Dupk : Barça, més que un club!

Dirk Diederich
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Le billet de Dupk : Barça, més que un club!
Photo: © SC

"La politique n'a pas sa place dans ce Barça. Nous sommes Catalans et partisans de la cause catalane, bien sûr, mais nous ne sommes ni de gauche ni de droite". (Sandro Rosell - 24/09/2011)

Voir le FC Barcelone jouer, c'est un moment d'hypnose. Hypnose de la perfection, de la géométrie irréprochable et d’une invraissemblable alchimie.

On se pince pour se dire qu'on ne rêve pas. Et au moment du "Ouille"! on sursaute un peu. Soudain, néanmoins,  l'enchantement disparait.

Car le Barça est trop beau pour être vrai. 

Dès que la lucidité prend le dessus sur l’ensorcellante séduction de la flamme bleue et rouge, les joueurs catalans n’apparaissent plus que comme des clones de schtroumpfs coiffés de bonnets rouges. Des Schtroumpfs qui incarneraient des valeurs qui ne seraient plus menacées que par l'infecte Gargamourinho.

Les Messi, Xavi, Iniesta, Piqué et consorts sont tous des produits de la Masia, le centre de formation du FC Barcelone. Magnifiques sur le terrain, ils n'improvisent pourtant jamais. Ils ne font que répéter à l'infini les mêmes gestes répétés et reproduits des milliers de fois depuis l’enfance, selon des schémas dessinés comme des couloirs aériens. Appliqués, sérieux, efficaces, ils s'en tirent avec tous les honneurs comme les artistes sans joie du cirque de Pékin. 

Ce qui frappe au Barça, c'est que tous ces joueurs semblent sortis du même moule, celui des amitiés consanguines. Polis, bien élevés, ils tiennent en dehors des terrains  des propos d'une navrante banalité. Croisez-les. Echangez quelques mots avec eux. Ecoutez-les parler. Et vous aurez l’impression de vous retrouver dans l’univers artificiel du Prisonnier de Patrick McGoohan.

Au Barça, il n'y a pas de fortes gueules. Le temps des Maradona, Stoichkov et des Romario est définitivement révolu. Toute tête qui dépasse est passée à la guillotine d'un transfert. Samuel Eto'o? Par trop fantasque et imprévisible. Evacué. Zlatan Ibrahimovic? Un gitan fou, un Salvador Dali du foot. Ingérable. Oleguer Presas? Un anarchiste immédiatement liquidé par Pep Guardiola dès son intronisation. Thierry Henry ? La tchatche trop envahissante et caractérielle.  Dans un tel environnement, un George Best aurait été traité de Ben Laden.

Les petits schtroumpfs blaugranas incarnent désormais un bonheur villageois, quasi sectaire. D’ailleurs, ils ne s'exportent pas. Depuis 30 ans, la Masia produit des joyaux à usage interne. Pas un seul des joueurs formés dans la couveuse du Barça n'est parvenu à s'imposer ailleurs. Sortez Messi de son environnement et c'est le naufrage. L’Argentine a eu l’occasion de s’en rendre compte.

Alors qu’un recalé du Sporting d'Anderlecht peut faire une splendide carrière en Premier League. Pas un Barcelonais n’a pris le large pour exploser sous d’autres cieux. La seule exception à la règle, c'est Cesc Fabregas, mais qui durant des années, n’a cessé de pleurer pour pouvoir rentrer au bercail.

Le club catalan passe dorénavant pour la référence ultime sur la planète foot. Les élevages en batterie de petits joueurs sont le modèle à suivre. Même Manchester City prépare la construction d’une « Masia » britannique.

Le FC Barcelone est devenu l’incarnation d’une utopie inquiétante. Celui de la perfection homogène qui ne laisse plus de place à la fantaisie, à la roublardise, au jeu, tous des ingrédients fondateurs du football à l’ancienne. Le FC Barcelone est devenu un cirque, mais sans clowns.

Le Camp Nou n’est plus un stade de football qui vibre. Le voilà métamorphosé en salle de spectacle où on pousse quelques « Oh ! » et quelques « Ah ! » admiratifs pour conjurer l’absence de passion qui tout doucement est en train de pétrifier l’antre barcelonaise.

Dans l’histoire du football espagnol, le FC Barcelone avait pourtant longtemps fait figure de mythe. Celui de la rébellion libertaire contre l’Espagne catholique, rigide et conservatrice. C’est le club qui dans les années 70 en plein franquisme engagea Cruijff et Neeskens, les hippies de l’Ajax Amsterdam.

Aujourd’hui, le Barça a triomphé, mais à mille lieues du mythe fondateur. La rébellion, l’insolence sont définitivement rangés au placard . Et ironie de l’histoire, c’est à présent le Real qui incarne l’esprit de résistance.

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