Interview [Lie] Francis Aimont : "Pep Guardiola, Gattuso et Fellaini" "

Michele07 Pirard
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[Lie] Francis Aimont : "Pep Guardiola, Gattuso et Fellaini" "
Photo: © SC

Les coachs ont la vedette mais quel est le rôle de leur adjoint. Le T2 de Bas-Oha nous explique le sien auprès d'Yves Dethier

WF : Avant toute chose que pensez-vous du championnat de Bas-Oha cette saison?

Il faut savoir que Bas Oha avec "l’affaire Namur " pensait jusque fin mai au maintien et lorsque le verdict est tombé,  J.Ph Brassine et Yves Dethier ont seulement pu commencer le mercato d’été. Beaucoup de joueurs avaient déjà trouvé un club et le noyau s’est constitué  à la hâte avec comme objectif de se maintenir en P1 d'y faire bonne figure, préparer l’exercice suivant et ramener un climat serein dans le vestiaire. L’objectif est atteint, même si il faudrait encore trois ou quatre points. Quand on voit la qualité technique du noyau et les éloges de certains T1 (Bodart et Falcione entre autres), on se dit que Bas Oha n’est pas à sa place. L'équipe manque de gabarit pour émerger de P1, car si elle a les qualités pour se maintenir en promotion elle ne peut s’extraire de la P1. Il n y a pas dans cette équipe un véritable patron sur le terrain. Le patron c’est le T1 mais il n’a plus l’âge de rechausser les crampons et croyez moi c’est bien dommage. Dans les moments difficiles à gérer,  il n’y a pas de gars capable de remettre l’église au milieu du village. Seul Pippo Del Arba pouvait le faire, mais de sa ligne de but il lui était impossible de faire passer de tels messages. Il faut aussi dire qu’intra muros le staff nourrissait  plutôt l’envie d’un top 5 qu’un top 8  et je vous dirais qu’au fond de moi j’espère  encore remporter la troisième tranche mais quand je dis ça à Yves, il me traite de doux rêveur. L’objectif est là  mais un sentiment de frustration est bien présent au sein de la cellule sportive qui aurait voulu dix points de plus à trois journées de la fin.

WF : Pouvez vous nous définir votre rôle auprès d'Yves Dethier ?
 
 Comme tout le monde le sait , Yves est un gars exceptionnel, un papa gâteau , une personnalité attachante mais quand il pousse la porte d'un vestiaire est un véritable compétiteur qui ne laisse rien au hasard. Il est  "le feu » , il ne connaît pas le mot "défaite". Il est entier, humain, parfois très très dur, mais il est toujours juste. Mon rôle est, avant un débriefing d’essayer de le tempérer avant qu’il ne parle au groupe. En fait je suis « l’eau », mais l’eau pétillante pas la plate  car moi aussi, toujours avec son accord quand j’ai quelque chose à dire je ne me gêne pas. C’est justement cette association feu-eau qui fait notre liant vis a vis des joueurs. Yves n'a jamais donné un entraînement sans me dire comment il se passera en tenant compte du match passé. Il me demande toujours mon avis en ce compris pour la compo tout en sachant que l’ultime décision sera prise par lui. J'ouvre des portes, lui donne mes idées dans ses théories d’avant match, je reentends mes paroles sauce Dethier et ca passe par un petit regard complice entre nous. Cela fait plaisir de savoir que je ne suis pas là pour faire tapisserie. Il existe une véritable osmose entre lui et moi et c'est plus ou moins 100 sms par semaine et un à deux coups de téléphone par jour  rien que pour Bas Oha. Quand vous saurez qu’il est mauve et moi rouche vif ........vous imaginez l’affaire.

 
 
WF : Depuis combien de temps le secondez-vous ?

Cela fait six ans qu’Yves et moi collaborons  car même si l’an dernier j’etais T1 à Templiers, j’étais en permanence en contact avec lui, j’allais visionner pour lui. En fait tout a commencé à Vyle Tharoul. Yves avait signé comme joueur entraîneur , j’étais sur le banc et lui sur le terrain et très vite  il s’est rendu compte de la difficulté d’être à la fois à 150% dans son match et à 200% coatch. Il a pris la sage décision de s’installer à mes côtés et de transmettre ses directives du petit banc. Après deux ans il a repris le club de son coeur et m’a pris dans ses valises en P1. Depuis lors notre collaboration est totale, il a une entière confiance en moi. Il sait que jamais je ne lui mettrai de bâton dans les roues, dans l’espoir de le voir déstabilisé.
 

WF : Une petite anecdote à nous raconter ?

Un samedi matin lors d un petit décrassage il m’a demandé (à noter que j’ai 59 ans) d’enfiler une chasuble et de me placer au poste d’arrière gauche car il voulait répéter une phase de reconversion. Face à moi Gael Boussard, 20 ans, 1m85 et 80kg. Inutile de vous dire  que quand le ballon passait dans mon dos le temps de faire demi tour mon adversaire m'avait pris 15 mètres. Quand nous sommes rentré au vestiaire, j’étais sur les genoux et il m’a dit très sérieusement qu’il me restait un « un bon placement ».

WF : Avez-vous une grande influence dans ses choix tactiques et de noyau ?

Une grande influence, je dirais  non  mais de l’influence, oui je le pense. Tactiquement, nous partageons la même vision du foot avec les joueurs dont nous disposons cette saison. Au niveau du noyau on est toujours d’accord, le noyau de base se dessine dès le mardi et se confirme souvent le jeudi, un dialogue s’installe sur l’état de forme des joueurs, l’état d’esprit aux entrainements (on voit tout de suite si un gars subit l’entraînement ou s'il s’y investit entièrement. Il me demande mon idée sur  mon onze de départ et 9 fois sur 10 nous sommes d’accord. Parfois la position d’un joueur sur le terrain diffère mais il a toujours le dernier mot. Pour le banc, là aussi un dialogue s’installe car on ne gagne pas à 11 mais bien à 15. On a le second gardien et bien souvent un joueur par ligne. Là c’est un choix tactique parfois mais aussi pour récompenser un gars qui durant la semaine a montré de belles choses.

WF : Est-ce qu'il lui arrive parfois de prendre du recul et de vous laisser les rênes de l'équipe ?

Oui, en match amical très souvent pour prendre un peu de recul et voir le match d’un angle différent. Avant le match amical il donne quelques instructions. Aux entraînements, il me fait régulièrement donner l’échauffement ce qui lui permet de peaufiner le reste de la préparation tout un jetant un oeil sur les joueurs. Quand il est malade, une fois en six ans ou retenu par le boulot j’ai quartier libre. Mais là, les joueurs profitent de son absence pour se la jouer cool. Mon rapport suit et ne le laisse pas indifférent. Les retombées peuvent parfois faire mal.  J’ai aussi l’occasion d’arbitrer et souvent de réaliser mon "dada", visionner nos futurs adversaires. Ma fille Tamara est aussi dans l’ombre, elle adore  visionner et cette saison nous a rendu bien des rapports intéressants. Elle n’a pas son pareil pour décortiquer  la tactique de l’adversaire.

WF : Aimeriez-vous ou envisagez-vous de coacher une équipe en tant que T1 ?

J’ai dejà, avant de connaître Yves été T1 avec Templiers en P2. C’est  une pression différente mais le job de T2 tel qu’Yves me le fait vivre au quotidien me convient parfaitement. Je pense que quoi qu’il arrive dans le futur pour lui, il me gardera dans ses valises et  un jour ou l’ autre l’opportunité se présentera pour lui d’évoluer un ou deux crans plus haut mais ne brûlons pas les étapes.

WF : Si vous deviez citer un entraineur, lequel prendriez vous en exemple ?

Pep Guardiola… J’aime sa facon de vivre "son" match sans arrogance,  une présence sur le terrain et en conférence de presse qui fait de lui un gentleman. Pas facile de gérer toutes ces stars et pourtant jamais on n’entend parler de "clash" au Barça.

WF : Quel joueur rêveriez vous de coacher ? 

Je vais vous surprendre, mais un garçon comme Gattuso me plairait, un gars entier, un battant. Derrière son coté "mauvais garçon" il doit être  un type attachant. Je pourrais dire Marouane Fellaini aussi, cela doit être agréable d’entraîner des garçons qui ne comptent pas leurs efforts et qui, sur le terrain sont des "boss" en match comme à l’entraînement.

WF : Que pouvez-vous déjà nous dire sur la future saison de Bas-Oha ?

Nous devons tirer les conclusions de cette année. Le budget est le budget, il faudra transferer juste. En coulisse on travail d’arrache pied croyez moi ! Le club a fait resigner des valeurs sures et il faudra pallier au départ de certains élements clés. Mavinga a signé, d’autres vont suivre dans les jours prochains.

WF : Et, pour finir, si  votre T1 était limogé pour mauvais résultats et  qu'on vous demande de lui succéder ?

Je refuse car j’estime que si le T1 est mauvais, le T2 l’est plus encore et puis humainement vis à vis de lui c’est une chose que je ne peux même pas  imaginer. Question d’éducation peut être? J’en ai connu qui travaillait dans mon dos quand j’étais T1 et cela me rendait malade.

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