Walfoot en Russie - 11 : On a mangé au 5 étoiles

Walfoot en Russie - 11 : On a mangé au 5 étoiles

Légendaires. D'ores et déjà. Voilà ce que sont nos Diables. Et le récit de cette légende vécue de l'intérieur (et de l'intérieur de beaucoup de trains) par Walfoot continue...

L'adrénaline de la qualification miraculeuse pour les quarts aura mis presque deux jours à retomber : peu de sommeil à Rostov, peu de sommeil lors d'un trajet retour où nous retrouvons avec plaisir les mêmes têtes russes et japonaises qu'à l'aller... mais aussi quelques Belges, dont le déjà célèbre Super Belgium qui a même eu les honneurs d'un reportage sur TF1. Il espère pouvoir revenir pour la finale...

Mais une fois de retour à Moscou, dans cet hôtel qui nous accueille déjà depuis trois semaines, on retombe sur terre : le lobby, longtemps bondé de supporters de toutes les nationalités regardant ensemble les rencontres, est à peu près vide, élimination progressive des pays centre et sud-américains (Panama, Pérou, Mexique, Colombie, Argentine...) oblige. Le Mondial avance, et vendredi pourrait être synonyme de fin de parcours pour notre équipe aussi. Drôle d'émotion, qui pousse à savourer ce quart de finale comme aucun match auparavant.

« La Belgique va prendre dans le c...l »

Pourtant, au moment de prendre (encore) le train pour Kazan, je suis confiant : ce Brésil est prenable. Ce n'est visiblement pas l'avis des supporters auriverde dans le train : entre chants à la gloire de leur équipe et moqueries envers Messi déjà rentré à la maison, je comprends quelques « la Belgique va prendre dans le c... »... L'arrogance bien naturelle des cinq étoiles sur le maillot. On sait comment l'histoire se termine...

Mon plus grand regret de « touriste wallon » (comme le disent si justement mes collègues néerlandophones – mais quand reviendrai-je en Russie?), c'est d'arriver trop tard à Kazan pour en voir l'incroyable mosquée et le Kremlin de près. Je me contente de les admirer de loin sur la route d'un stade autour duquel les Brésiliens font la fête comme s'ils étaient déjà en demi-finale face à leur vieux rival français. L'Uruguay était un de mes favoris à la victoire finale, mais sans Cavani, ce n'est pas la même histoire...

« Sans Casemiro, je savais que c'était fichu »

Mais place à la nôtre, d'histoire. Dès les hymnes, le Brésil marque presque un but. L'hymne brésilien est long (environ 5 minutes) et donc toujours coupé pour les besoins du timing ; peu importe, les 20.000 auriverde dans le stade continuent a capella. Frissons, émotion et notre Brabançonne sonne tristement vide après une telle démonstration. Est-ce la raison de ce début de match fébrile ? Je peux me tromper, mais c'est possible. Vincent me terrifie, Toby loupe ses transversales, Axel est dépassé, Thiago Silva touche le poteau : le premier quart d'heure fait peur.

Comme un symbole, c'est Fernandinho qui débloque la situation... pour nous. Fernandinho qui ne devait pas jouer ce match. Casemiro, le titulaire, est suspendu : comme lors de la seule défaite brésilienne sous Tite (contre l'Argentine, 0-1), comme je le soulignerai dans le train du retour à un sympathique supporter brésilien. Pas besoin de le lui rappeler : le nom au dos de son maillot est celui du milieu du Real Madrid. « Je savais que sans lui, c'était fichu. Maintenant, battez la France pour nous, s'il-vous-plaît. Beaucoup de Brésiliens seront à Saint-Petersbourg et tous vous soutiendront ».

Direction Saint-Petersbourg

Car oui, la Belgique l'a fait : elle ira à Saint-Petersbourg pour défier la France en demi-finale de la Coupe du Monde. Kazan est le cimetière des grands : l'Allemagne, l'Argentine, maintenant le Brésil : tous ont chuté ici. Entre collègues, on a le sourire mais on ose à peine y croire : ce qu'on est en train de vivre, on pourra le raconter dans dix, quinze, trente ans. Un rêve éveillé. Comme j'aurais aimé vivre l'ambiance au pays... Mais aucun doute : ils ont fait la fête pour nous tous.

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