Coupe du Monde 2022 : le Qatar, une équipe "naturalisée" ?

Coupe du Monde 2022 : le Qatar, une équipe "naturalisée" ?

Le Qatar, pays-hôte qui ouvre le bal ce dimanche, est souvent critiqué pour ses joueurs "non-qataris". Qu'en est-il réellement ?

Quand la Coupe du Monde est attribuée au Qatar, en 2010, tout reste à faire sur le plan des infrastructures au sein du petit émirat...mais pas que. Tout reste à faire également en matière de football. Le Qatar a douze ans pour se construire une équipe compétitive et éviter l'humiliation subie quelques mois plus tôt par l'Afrique du Sud : être éliminé en poules de "sa" Coupe du Monde.

L'arme secrète dans ce but, elle existe alors déjà depuis plusieurs années : c'est l'Académie Aspire, lancée à Doha en 2004. Elle développera le football de manière exponentielle au Qatar, via les jeunes talents locaux, mais aussi les immigrés, travailleurs ou enfants de travailleurs. Et c'est inévitable : au Qatar, sur 2,5 millions d'habitants, seulement...300.000 sont qatariens d'origine. Le reste ? Des expatriés. Avec de telles proportions, construire une équipe nationale ne peut se faire que par l'intégration des joueurs d'origine étrangère.

La FIFA a empêché le Qatar de faire comme au handball 

Ne soyons pas naïfs : si le Qatar avait pu, nul doute qu'un scénario comparable à la Coupe du Monde de handball aurait été répété. Lors du Mondial de handball au Qatar en 2015, l'émirat alignait une équipe composée de stars ayant changé d'équipe nationale presque aussi facilement qu'on change de club (et ira en finale). La FIFA, qui n'a pas fait que des bêtises dans son histoire, empêche totalement cela. 

© photonews

Il faudra donc respecter le règlement : si un joueur, ses parents ou ses grands-parents ne sont pas nés sur le territoire, il doit y avoir résidé 3 ans avant ses 10 ans, ou 5 ans entre ses 10 ans et ses 18 ans pour disposer de la nationalité sportive. L'Académie Aspire et ses antennes régionales, qui envoient les talents les plus prometteurs à Doha, facilite la chose. Avec 90% de résidents non-qatariens sur ce territoire d'une taille comparable à la Wallonie, difficile de faire mieux. Après tout, combien de nos Diables Rouges sont-ils "issus" de l'immigration, à divers degrés ? Le Qatar applique cela à large échelle, et en sautant une ou deux générations.

Non, Junior Edmilson n'est pas devenu qatari 

Ainsi, lors de la victoire du Qatar à la Coupe d'Asie, 5 joueurs qatariens sont nés à Doha de parents immigrés (fait très fréquent dans de nombreuses sélections), et 4 sont nés à l'étranger. On ne dénombre cependant pas beaucoup de cas de naturalisations hors des conditions susmentionnées et liées à la formation de l'Académie Aspire. Contrairement à ce que certains assuraient quand Junior Edmilson a signé à Al-Duhail, le Belgo-Brésilien, star absolue de la Qatar Stars League, n'est pas devenu international qatarien, pour ne citer que lui.

karim boudiaf

Le cas le plus évident est Pedro Miguel (dit Ro-Ro), Cap-Verdien né et formé au Portugal, évoluant au Qatar depuis ses 21 ans et international qatarien depuis 2016. On peut y ajouter Boualem Khoukhi (32 ans), Algérien arrivé à 19 ans au Qatar et Karim Boudiaf (32 ans), né et formé en France et à Al-Duhail depuis 2010. Trois seulement, donc. Les 20 autres joueurs, s'ils ne sont pas tous nés à Doha (c'est cependant le cas de la majorité), ont suivi la filière Aspire. Les 23 évoluent au Qatar depuis de longues années et y ont pour énorme majorité toujours évolué.

Il faut distinguer la nationalité sportive de la nationalité civile : le précieux passeport qatarien, qui donne des droits et avantages gigantesques (un revenu mensuel fixe, un terrain offert lors du mariage, des soins gratuits, pas d'impôts...), n'est pas toujours compris dans cette naturalisation par le ballon rond. Mais les 23 du Qatar sont-ils des mercenaires pour autant ? La vérité est plus nuancée...

Corrigeer
Une erreur dans l'article ci-dessus? Annoncez le ici!

Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot

Plus de news

Plus de news