Romain Veys "Le Honduras veut faire oublier le flop de 2010"

Olivier Baute
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Romain Veys "Le Honduras veut faire oublier le flop de 2010"
Photo: © SC

C'est à nouveau Romain Veys qui défend les intérêts du Honduras pour notre site. Ce pays d'Amérique Centrale ne se résume pas à Andy Najar, découvrez-en les charmes!

Wf: Quel est ton rapport personnel avec le Honduras, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs?

Comme tout Belge, ma connaissance du football hondurien se limite dans un premier temps à Andy Najar et, dans une moindre mesure, Victor Bernardez. Si le flamboyant ailier du Sporting d'Anderlecht a éclaté durant cette seconde partie de Jupiler Pro League, l'autre était passé de façon tout-à-fait anonyme dans le même club bruxellois avant de repartir vers d'autres cieux. Sa compagne, la délicieuse Miss Honduras 2007 Wendy Salgado, avait d'ailleurs fait d'avantage les gros titres de la presse belge que son défenseur central de mari. Et puis on oublierait presque qu'un troisième joueur hondurien, Mario Martinez, a lui aussi revêtu la vareuse Mauve l'espace de quelques mois, mais sans jamais l'étrenner en match officiel. 

Le Honduras est par ailleurs connu comme le pays où s'est déroulée celle que l'on a souvent appelé la "guerre du football

Mais le Honduras, c'est évidemment bien plus que ces quelques joueurs vaguement connus par chez nous ! Le football est considéré là-bas, comme dans beaucoup d'autres pays d'Amérique latine, comme une véritable religion. La capitale Tegucigalpa abrite les deux plus grands clubs et rivaux locaux : le Club Deportivo Motagua et le Club Deportivo Olimpia. Ce genre de derby qui rythme la vie de tout un pays et qui accouche la plupart du temps de bastonnades entre socios. Il faut dire que le Honduras est réputé comme l'un des pays les plus dangereux au monde et c'est d'ailleurs une ville du Nord du pays, San Pedro Sula, que détient le titre peu envieux de "ville la plus dangereuse du monde" depuis avril 2013. Avec un taux d'homicides de 159 pour 100.000 habitants, il vaut mieux passer sa route ... 
 
Le Honduras est par ailleurs connu comme le pays où s'est déroulée celle que l'on a souvent appelé la "guerre du football". Nous sommes alors en juin 1969 et le Honduras affronte en éliminatoires pour la Coupe du Monde 1970 son voisin, le Salvador. Alors que les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues à cette époque, la double-confrontation censée départager les deux pays s'inscrit dans un contexte de vives tensions et d'hostilités envers l'équipe visiteuse. Chacun remportant le match sur son territoire, c'est donc à la faveur d'un match de barrage, disputé à Mexico le 26 juin, que les deux voisins se disputent la place qualificative pour le Mondial mexicain. Dans un climat d'émeutes, le Salvador gagne et entérine donc sa participation à la grand-messe du football mondial l'année suivante. Mais les tensions ne s'estompent pas, que du contraire, et culminent quelques jours plus tard, le 14 juillet, lorsque l'armée du Salvador pénètre au Honduras. S'ensuit un conflit armé qui durera... 4 jours. Et qui causera 3.000 victimes ! C'est finalement devant la pression internationale que l'armée du Salvador se retire, mettant fin à cette guerre que l'on a donc surnommé la "guerre du football".
 
Or, ce triste épisode a un lien direct avec les performances des Belges en Coupe du Monde ! En effet, l'année suivante, au Mexique, le Salvador sera défait 3-0 par nos Diables Rouges, lesquels remporteront là leur première victoire dans une phase finale de Coupe du Monde !
 
Si aujourd'hui les relations entre les deux pays se sont détendues, c'est donc le Honduras qui, ces dernières années, a pris l'ascendant sur son voisin. Au Brésil, l'équipe couchée par Luis Suarez participera en effet à une 2e phase finale de Coupe du Monde consécutive, la 3e disputée par le Honduras après 1982 et 2010.

Wf: Quelles sont les attentes autour de los Catrachos?

Après le flop de 2010, le Honduras est bien décidé à faire mieux que les deux défaites et le partage sans inscrire le moindre but concédés en Afrique du Sud. Ce sont les joueurs eux-mêmes qui l'affirment : ils sont plus forts aujourd'hui. Plus expérimentés surtout. Avec quelques joueurs de qualité évoluant en Europe, les Catrachos ont engrangé quelques beaux résultats depuis l'arrivée de Suarez à la tête de l'équipe. Après avoir qualifié l'équipe pour les JO de Londres en 2012, le tacticien colombien a donc réussi à emmener le Honduras au Brésil, à la faveur notamment d'une victoire historique au stade Azteca, 1-2, terminant troisièmes des éliminatoires continentaux derrières les USA et le Costa Rica, mais devant le Mexique. 

Une nouvelle fois, le Honduras sera considéré comme le petit poucet de son groupe, composé de la Suisse, de la France et de l'Equateur. Une victoire serait déjà une belle récompense pour cette nation d'Amérique centrale qui attend toujours un successeur à Hector Zelaya et Eduardo Laing, les deux buteurs hondurien en phase finale de Coupe du Monde (c'était donc en 1982).

Wf: L'équipe est-elle prête à défier la France?

A défaut d'être la plus qualitative ou la mieux organisée, la sélection hondurienne semble particulièrement déterminée. Pour preuve, Luis Suarez fut, à presque 40 jours de l'événement, le premier sélectionneur qualifié à dévoiler sa liste des 23 joueurs. Epargnée par les forfaits de dernière minute, habituée au climat continental, la sélection hondurienne partira comme outsider face à des Bleus qui semblent bien affûtés pour l'événement.
 



Wf: Si tu devais nous citer un joueur à suivre, lequel choisirais-tu?

La Belgique connaît évidemment Andy Najar, le flamboyant extérieur droit des Catrachos. Mais la star de l'équipe, c'est Emilio Izaguirre (en photo ci-dessus). Le petit format du Celtic est considéré par beaucoup de supporters écossais comme le "nouveau Roberto Carlos". Rapide et fort dans les duels, c'est un joueur de flanc capable d'apporter le danger dans le grand rectangle adverse en partant de l'arrière. 

On sera également attentif au duo d'attaque composé de Jerry Bengtson et Carlos Costly. Le premier est en train de se constituer tout doucement une solide réputation en Major League Soccer (aux New England Revolutions), tandis que le second, resté au pays (au Real Espana, le 3e club du pays), trouve facilement le chemin des filets sous la vareuse nationale (31 buts en 69 sélections). Deux atouts offensifs auquel les défenseur français et suisses devront faire particulièrement attention.

Wf: Donne-nous aussi une ou plusieurs raisons de supporter le Honduras!

Le Honduras reste une nation typique du continent latin, au sang chaud et à l'envie débordante. Désireux souvent de bien faire, voire trop bien faire, le Honduras n'est pas du genre à fermer les matches et jouera sans complexe face aux ténors de son groupe que sont les Bleus et la Suisse. Il devrait donc y avoir du spectacle avec un Honduras qui possède tous les éléments pouvant faire de lui ce "petit poucet" attachant qu'on se surprend à encourager alors qu'on ne le connaît finalement pas vraiment.

Et puis l'effectif à disposition du sélectionneur compte en ses rangs un certain Boniek Garcia. Si le joueur ne ressemble absolument pas à son illustre homonyme polonais, c'est bien en hommage à ce grand attaquant passé par la Juve et la Roma que les parents Garcia-Ramirez ont prénommé leur fils. Alors rien que pour voir Boniek marquer un but, les matches du Honduras vaudront le coup d'oeil !
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