Billet d'humeur Mbappé doit suivre l'exemple d'Hazard, pas de Martial

"Je vous avoue que je ne connais pas Kylian Mbappé", confessait Kevin De Bruyne avant la rencontre de Ligue des Champions opposant Manchester City à Monaco. Et si les journalistes français paraissaient surpris, il faut se rendre à l'évidence: sa carte de visite, c'est bel et bien hier que le jeune monégasque l'a remise à l'Europe. Car aujourd'hui, Kevin et toute l'Angleterre connaissent Mbappé, c'est une certitude.

Pour sa première titularisation en C1, et s'il n'a pas forcément été le plus régulier et le plus brillant de son équipe sur le terrain (Falcao et Bernardo Silva ont étalé leur classe), Kylian Mbappé a impressionné. Prises de balles fulgurantes, accélérations, crochets - et ce but, plein de sang froid: si Nicolas Otamendi a passé une si mauvaise soirée, c'est en grande partie à cause de ce petit gars de 18 ans. "Le plus grand talent de France", s'extasiait même le Telegraph. "Plus fort qu'Henry au même âge", surenchérit le Daily Mail. Car le surnom de l'attaquant de Monaco est tout trouvé: le nouveau Henry. Un peu comme... un certain Anthony Martial avant lui.

Et c'est là qu'il est grand temps de mettre le hola. Car après une telle prestation face à une équipe de Premier League, c'est clair, Mbappé pourra compter sur des candidats acquéreurs l'été prochain... et Monaco peut encore espérer revendre à prix d'or une de ses pépites, après les 50 millions + 30 de bonus obtenus contre toute logique sportive pour Martial. Espérons qu'ils n'en fassent rien.

Suivre l'exemple d'Eden

Car si le transfert d'Anthony Martial n'est pas à proprement parler un flop intégral, on ne peut qu'imaginer ce que l'attaque monégasque aurait donné si "l'ex-nouveau Henry" était resté sur le Rocher une saison de plus afin de parfaire son football, encore en pleine construction. Aurait-il vu sa valeur baisser? Certainement pas - elle aurait même pu réussir l'exploit d'augmenter, au vu du cours complètement fou du marché.

Un exemple devrait peut-être devenir celui à suivre pour les jeunes talents de Ligue 1: celui d'Eden Hazard. Talent tout aussi précoce que les Martial et Mbappé (ou Dembélé, contre-exemple qui réussit brillamment à Dortmund), Eden a probablement très vite intéressé les plus grands clubs d'Europe - et le LOSC avait un autre besoin de liquidités que Monaco aujourd'hui. Pourtant, le Diable est resté le temps de remporter deux fois de suite le titre d'Espoir de l'année... et est ensuite encore resté pour devenir deux fois Joueur de l'année, remporter le titre et la Coupe et s'imposer comme un vrai patron en Ligue 1, marchant sur le championnat comme aucun - à part Zlatan - ne l'a fait après lui.

Bien sûr, chaque talent peut s'épanouir d'une façon bien différente - nous avons cité brièvement l'exemple d'Ousmane Dembélé, dont le choix de partir tôt s'est avéré payant... mais qui s'impose dans un Dortmund à la peine en championnat, et plus vraiment au sein de la machine de guerre d'il y a quelques années. Mais l'habitude prise par les clubs français de revendre leurs pépites au plus vite n'est bonne ni pour leur championnat, ni, dans une bonne partie des cas, pour les joueurs eux-mêmes. Et dans le cas d'investissements non-rentables, les acquéreurs pourraient finir par revoir leur copie. Personne ne serait gagnant dans l'affaire. Conclusion: laissons Mbappé grandir, au risque de ne voir que trop brièvement son talent s'étaler...