Le billet de Dupk : la direction standard

Dirk Diederich
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Le billet de Dupk : la direction standard
Photo: © SC

Le Standard vient de désigner les journalistes de la DH comme persona non grata. En cause : l'interview de Momo Sarr publiée par le journal.

Les directions de club de football en Belgique sont souvent de nature chatouilleuse. Un rien les brusque, les offense, leur fait pousser des cris d'orfraie. Un article hostile paru dans la presse et c'est le branle-bas de combat. C'est le crime de lèse-majesté, c'est le blasphème. Les directions de club se veulent intouchables. Mises sur un pied d'estale. Les gourous des sectes ne pensent pas autrement. Les dictateurs non plus.

Un article critique. Un texte négatif. Et le journaliste est un félon. Un fouille merde. Un plumitif en mal de sensationnalisme. Un rond-de-cuir à la subjectivité mal placée qui trempe sa plume dans l'encrier des rumeurs. Au lieu de répondre simplement, les directions préfèrent jouer aux vierges effarouchées. 

Nos clubs de football ne sont plus des collectivités sportives. Des tissus sociaux. Ils sont passés aux mains de spéculateurs et de faiseurs de fric qui considèrent le club comme une propriété privée, comme leur entreprise propre. Ils se voient en exploitant d'un Dysneyland du jeu à onze. Ils font du fric avec l'organisation de spectacles. Point barre. Pas contents? Allez voir ailleurs! Mais vous n'entrez plus dans mon parc, disent ces Oncles Picsous aux importuns.

En Belgique, nous avons pourtant une des presses sportives les plus gentilles d'Europe (Lisez par exemple les presses néerlandaises, espagnoles, italiennes ou allemandes et vous verrez ce que Craque-Boum-Dedans veut dire). 

Tout au plus, de temps en temps, elle se permet une petite griffe dans l'image d'Epinal du football que tentent de nous vendre les directions des clubs. Mais c'est manifestement encore trop.

Alors que notre presse sportive pourrait tirer au bazooka pour dénoncer toutes les malversations, toutes les luttes d'influences, tous les petits marchandages, tous les trucages de compétition, tous les détournements de fonds, elle se contente d'écrire une invariable resucée de "Tout le monde il est beau, tout le monde il est presque gentil". Cependant, ce presque est encore de trop pour les directions de certains clubs.

Le Standard déclare donc la Dernière Heure persona non grata. Parce qu'elle a publiée une interview pas trop lèche-bottes de Mohamed Sarr, un ancien joueur de la maison. Et parce qu'elle s'est laissé aller à quelques commentaires désobligeants. Rien de bien grave. Mais pour la direction liégeoise, décidément bien nerveuse, c'est déjà la preuve d'une campagne de dénigrement systématique.

Beaucoup plus grave, par contre, est la décision prise par la direction du club de boycotter désormais le journal. C'est un déni d'informer manifeste et intolérable. C'est surtout une manoeuvre d'intimidation pour que le reste de la presse s'autocensure encore davantage. Après la RTBF, maintenant la DH. Qui sera le suivant? 

Ce qui est regrettable, c'est que la presse ne réagisse pas d'une seule voix en décrétant désormais le boycott du Standard, du moins tant que le club phare du football wallon sera dirigé par une bande de vulgaires tyranneaux.

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