Interview Walfoot : Danijel Milicevic

François Garitte
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Interview Walfoot : Danijel Milicevic
Photo: © SC

" Charleroi va devenir un club du top ou du subtop du championnat".

Alors qu’il allait reprendre la compétition avec le Sporting de Charleroi, Danijel Milicevic a été transféré durant ce mercato d’hiver à La Gantoise. Il faut dire que sa première partie de saison au sein de l’équipe carolo n’est pas passée inapercue : avec 8 assists et 3 buts, Milicevic a été l’un des pions majeurs sur l’échiquier de Felice Mazzu. Le joueur suisse, aussi passé par Eupen, a été un des joueurs qui a permis à Charleroi de connaitre une première partie de saison tranquille. Entretien pour Walfoot, au centre d’entrainement de La Gantoise, avec ce joueur souriant et disponible.

Qu’est ce qui vous a poussé à vous diriger vers le football? Ce n’est pas le sport numéro 1 en Suisse…

Tout le monde aimait bien le football dans ma famille. Mon père jouait pour une équipe amateure en Suisse et je le suivais durant ses rencontres. C’est donc lui qui m’a introduit au sein de ce monde footballistique. Aussi, je regardais toujours le football à la télévision, mon ballon ne me quittait jamais. Cela a véritablement toujours été mon rêve de devenir footballeur.

Votre carrière commence donc en Suisse. Puis vous arrivez en Belgique, à Eupen. Pourquoi avoir choisi la Belgique?

J’avais vraiment envie de changer. Je voulais tenter une autre expérience de vie. La Suisse est un chouette pays pour apprendre le football mais pas comme la Belgique. Ici, c’est le sport numéro 1, le football est suivi par de nombreuses personnes, il est très médiatisé. Ce n’est pas le cas en Suisse. Mon ancien manager avait des contacts en Belgique et j’ai donc atterri dans ce pays.

Vous avez joué dans les trois parties du pays : à Eupen, à Charleroi et maintenant à La Gantoise. Vous avez senti des différences entre ces trois clubs?

A Eupen, c’était une ambiance très familiale. C’était un petit club dont on a écrit une page importante de l’histoire. A Charleroi, je suis arrivé alors que le club était en reconstruction. Cela n’a donc pas été évident au début. Ici, à La Gantoise, ce qui frappe c’est le côté très professionnel. Le club a une mentalité, comme on dit en Suisse, “à l’allemande” : tout est programmé, rien n’est laissé au hasard. Vu que je suis Suisse, je dois dire que cette mentalité me plait.

Après votre passage à Eupen, vous avez rejoint Charleroi, alors en Division 2. Durant cette saison-là, vous avez joué contre des petites équipes, devant très peu de supporters. Vous rêviez sans doute mieux que cela…

C’est certain que ce n’était pas facile au début. Charleroi m’a transféré dans le but d’aider l’équipe à remonter directement en Division 1. C’était l’objectif et on a rempli notre mission. C’est sûr que c’est compliqué d’aller jouer, par exemple, à Wetteren, à huit heures du soir devant très peu de monde. Cela fait tout de même partie du football. Personnellement, cette expérience en Division 2 m’a fait grandir, aussi bien en tant qu’homme qu’en tant que joueur.

Durant cette première partie de saison, Charleroi a battu Anderlecht on encore Genk. A côté de cela, il y a eu des défaites contre le Lierse ou bien contre Mons. Sans cela, le club aurait pu se retrouver dans le top 6!

Je pense que ce qui nous a manqué, c’est de la stabilité. Cette stabilité s’installe maintenant, grâce à la belle direction qui a été mise en place. Dans les grands matches, on faisait toujours de bons résultats, des exploits. Puis, contre les plus petites équipes, il nous a manqué une certaine continuité. On était une équipe jeune et motivée mais on n’était pas toujours dans le match. Si on avait gagné les matches que l'on a perdus bêtement, en effet, Charleroi serait aujourd’hui en play-off 1!

Vous avez donc quitté Charleroi pour La Gantoise, après les départs de Kaya et de Renard. “Carolos are back”, ce slogan tient toujours la route?

Je pense que, depuis l’arrivée de Monsieur Debecq, la direction fournit un gros travail. Pour moi, ce slogan tient toujours la route : la direction est en train de construire un bon noyau, avec des jeunes prometteurs mais aussi des coups de poker. Il faut aussi dire que ce n’est pas la direction qui m’a mis dehors. La possibilité de jouer pour La Gantoise, c’était une opportunité autant pour moi que pour le club. Ce que je peux dire, c’est que Monsieur Bayat a tenu sa parole. Pour le futur, je suis vraiment confiant pour Charleroi. D’après moi, ce club va devenir un club du top ou du subtop du championnat belge, dans les années à venir.

En début de saison, Felice Mazzu est arrivé pour reprendre l’équipe en mains. Les joueurs n’ont pas eu peur d’être entrainé par une personne inexpérimentée du haut-niveau?

On a eu la même chose avec Monsieur Ferrera dans le passé, qui a vécu sa première expérience en Division 1 chez nous. Cela s’était plutôt bien passé. En ce qui concerne Monsieur Mazzu, on avait entendu qu’il avait fait de grands résultats avec le White Star. On savait que c’était un bon entraineur, et il l’a démontré encore cette saison. Pour moi, Mazzu deviendra un très grand entraineur car il a tout ce qu’il faut pour réussir.

Comment avez-vous vécu le départ anticipé de Yannick Ferrera la saison passée?

Son départ en cours de saison a été surprenant. Cela a été un véritable coup de tonnerre. On ne pensait pas qu’il allait démissionner, en plus juste avant le match contre Anderlecht. On n’était, à cette époque, pas encore sauvé mathématiquement. C’est dommage car il avait fait du très bon boulot. Pour moi, il aurait pu finir la saison avec nous.

Si l’on regarde le classement, Charleroi est à égalité de points avec La Gantoise. D’un point de vue du classement, votre transfert ne vous fait pas faire un grand pas en avant…

C’est sûr mais à côté de cela, La Gantoise était toujours, dans les années passées, dans le top 8 voire le top 6. Financièrement et sportivement, La Gantoise est au-dessus de Charleroi. Aussi, il y a une très grande concurrence dans le groupe et c’est ce qui fait avancer le club. En plus, le club vient de finaliser le nouveau stade. Jouer toutes les deux semaines devant 20 000 spectateurs, cela fait vraiment plaisir. Il y a une motivation en plus. Tous les footballeurs pros rêvent de jouer dans un stade pareil toutes les semaines. C’est presque un stade de Bundesliga, compétition avec des stades magnifiques, de bons joueurs, du beau foot,… C’est ce que recherche tout joueur de football.

Vous avez été éliminé de la Coupe de Belgique avec Charleroi. Aujourd’hui, vous êtes en demi-finale avec La Gantoise. Ne pensez-vous pas que ce mercato d’hiver fausse la compétition?

Le problème avec le mercato d’hiver est qu’il n’est pas au milieu de la saison. Il a commencé alors que l’on avait joué 21 rencontres de championnat, et pas 15. Après, le mercato est présent dans tous les pays. Un joueur peut aller faire la différence pour un autre club, dans une autre équipe : c’est aussi cela le football.

La Gantoise est pour le moment huitième, loin du top 6, malgré des joueurs talentueux comme Kagé ou encore El Ghanassy. Quelle explication peut-être apportée à cette situation?

Cela ne fait pas longtemps que je suis à Gand. Ce que je peux dire, c'est que cette saison est une saison un petit peu à part pour le club gantois. Je pense que la construction du nouveau stade a engendré des dépenses d’énergies mentales pour tout le monde. Maintenant, cette saison n’est pas encore gâchée : si l’on gagne à Genk, ce que j’ai déjà fait avec Charleroi cette saison, on pourra peut-être encore espérer nous qualifier pour les PO1. On va tout faire pour y particier, même si ce sera difficile. A côté de cette possible qualification, je dois dire que l’obejctif est véritablement de remporter la Coupe de Belgique.

Vous avez 28 ans. Vos objectifs à court-terme sont bien entendu de réussir à Gand. Quels sont vos objectifs à long-terme?

Je n’ai pas véritablement pensé à mes objectifs à long-terme, étant très concentré sur ce transfert à Gand. C’était véritablement une volonté de ma part de jouer pour ce club, qui est un grand club belge. Je souhaite donc confirmer à Gand, comme je l’ai fait à Charleroi, en faisant des assists et en marquant quelques buts importants. Dans le football, tout peut se passer très vite. Mais, pour le moment, je suis très concentré sur La Gantoise, équipe avec laquelle on pourrait jouer le titre l’année prochaine.

Vous avez joué jusqu’en Espoirs avec la Suisse mais jamais en équipe A. Cela pourrait arriver?

Pour le moment, personne ne m’a appelé… En fait, j’ai trois passeports : un passeport suisse, un autre serbe et enfin un passeport de la Bosnie. J’ai joué pour la Suisse jusqu’aux moins de 21 ans et puis plus rien. Pour le moment, il y a de très bons joueurs qui jouent à ma place en équipe nationale, mais on ne sait jamais : il suffit d’un match amical, d’une blessure,… Dans le football, tout peut aller très vite. La Suisse va aussi aller à la Coupe du monde. Elle est, d’après moi, favorite de son groupe avec la France. Même si la France est un peu plus fort que la Suisse. Mais cette équipe de Suisse peut quand même aller loin. Je connais de nombreux joueurs, c’est un groupe de qualité qui est très soudé. Comme surprise pour la Coupe du monde, je verrais plutôt la Belgique que la Suisse. Je vois bien les Diables Rouges aller juqu’en demi-finale.

Pour en revenir au championnat belge, beaucoup d’observateurs disent que le niveau a baissé ces dernières années. Quel est votre avis sur la question?

Durant ma première année en Division 1, il y avait de très grands joueurs comme Witsel ou encore Defour. Au niveau qualitatif, le niveau a donc peut-être un peu baissé. Une chose est cependant sûre : il y a beaucoup plus de concurrence pour la première place. Dans le passé, Anderlecht et le Standard étaient au-dessus du lot. Aujourd’hui, Bruges ou encore Genk peuvent revendiquer le titre de champion de Belgique.

Que souhaitez-vous faire à la fin de votre carrière de footballeur?

Je souhaiterais continuer dans le monde du football. C’est difficile d’arrêter le football du jour au lendemain, car cela te rentre dans le sang. Je verrai ce qui sera possible, entre le job de manager, de directeur, d’entraineur,… Je pense que la meilleure chose est de faire comme Olivier Renard, qui est devenu directeur sportif à Malines.

Que voudriez-vous dire aux supporters de Charleroi, qui vous ont soutenu durant votre période au Mambourg?

J’avais déjà remercié les supporters carolos via les réseaux sociaux après mon départ. Je sais que certains étaient mécontents de mon transfert. Je me sentais bien avec eux, on avait une bonne relation. Si je devais leur dire quelque chose, ce serait d’être toujours derrière l’équipe car les joueurs en ont vraiment besoin. Le public de Charleroi est un public très chaleureux qui fait vraiment figure de douzième homme. Même avec le stade qu’ils ont aujourd’hui, ils sont présents. Peu importe s’il pleut, s’il neige, ils sont toujours présents. Ce sont des supporters fidèles, que j’apprécie beaucoup, et qui m’ont toujours soutenu.

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