Interview Jérémy Perbet: " si on se donne à 100%, nous n'aurons pas de regrets "

Jérémy Perbet, bonjour, merci à toi d'avoir répondu favorablement à notre demande d'interview. Un jour avant le choc face au Real Madrid, comment te sens-tu depuis ton arrivée en Espagne?

Tout va très bien ici, mon départ a été précipité en fin de mercato de janvier. Je m'attendais à partir l'été d'avant ou voire plus tôt dans le mois de janvier, mais finalement à la fin du mercato en Espagne. J'aurais pensé à la France ou à l'Italie, mais Villareal a montré beaucoup d'intérêt pour moi et ils ont fait une offre intéressante pour Mons et moi, que ce soit financièrement ou sportivement. Nous sommes désormais en Liga, tout s'est passé comme prévu malgré que nous avions treize points de retard, mais nous avons fait une bonne série en faisant une défaite en vingt matchs.

Promu en Liga cette saison avec Villareal, quels sont tes objectifs tant personnels que collectifs?

En arrivant en deuxième division, je devais changer ma manière de jouer, jouer sur le collectif. Le style de jeu est différent ici. J'ai du faire beaucoup d'efforts. Le groupe n'a pas beaucoup changé cette année, on avait déjà l'équipe du niveau de la Liga la saison dernière. Mon objectif principal est de jouer le plus souvent possible malgré la concurrence car nous sommes pas moins de cinq attaquants. Il faut se battre tous les jours à l'entraînement pour avoir sa place, on prend les matchs un par un collectivement. Pour l'instant nous sommes en haut du classement, il faut se dire que nous n'avons pas encore affronté des équipes du top. Mais il fallait gagner et c'est chose faite. Désormais, le calendrier va se compliquer un peu plus en affrontant le Real demain et d'autres équipes du top lors des prochains matchs. On verra alors à ce moment là où on peut se situer.

A quelques heures du choc face au Real Madrid, comment vis-tu cette situation? Affronter des joueurs comme Gareth Bale, Cristiano Ronaldo, alors qu'il y a peu, tu jouais encore en Belgique?

Tout a été très vite. L'objectif était de remonter en Liga, c'est chose faite. La famille et les amis me parlaient de ces matchs du top face au Real, Barcelone ... demain, nous jouns contre eux. De très grands joueurs, de très grandes équipes. On va jouer et en aucun cas trop les respecter, nous pouvons espérer un résultat favorable après trois victoires dès le début du championnat. C'est gratifiant de jouer contre de tels joueurs et une telle équipe. Il ne faut pas viser trop haut et risquer d'être déçu. Mais si nous nous donnons à 100 %, nous n'aurons pas de regrets.

Quel est le joueur qui t'a marqué le plus depuis ton arrivée à Villareal?

C'est difficile à dire car il y a tellement de bons joueurs ici. Je dirais Marcos Senna, de par son humilité, sa façon de travailler à 100% après tout ce qu'il a remporté comme trophées, tout ce qu'il a vécu dans le monde du football. C'est quelqu'un de très professionnel, même quand il ne jouait pas et qu'il était sur le banc, il était toujours le même. Il était très proche de tout le monde, il aidait les nouveaux à s'adapter. C'était un joueur qui m'a réellement marqué alors qu'il avait 35-36 ans. Footballistiquement, Bruno est très fort. C'est d'ailleurs notre capitaine. Cani est également un joueur très important pour le groupe.

Pourquoi avoir choisi l'Espagne et ne pas avoir privilégié un retour en France?

Je n'ai pas eu beaucoup de choix. Mons avait fixé une clause de départ. Villareal s'est manifesté et donc j'ai été prêté et tout le monde a été gagnant. Ensuite j'ai obtenu mon transfert. Je n'ai donc pas eu le choix, si j'avais eu une offre en France ou en Italie, j'aurais bien évidemment accepté. Mais Villareal m'a montré qu'ils étaient fortement intéressés par mon arrivée et j'estime qu'à 27 ans, on n'a plus de temps à perdre.

Envisages-tu un jour de retrouver la Belgique, le pays où tu t'es fait un nom?

Je suis encore sous contrat trois ans ici. Après mon contrat de quatre ans, j'aurai 31 ans. Ce sera donc possible pour moi de rejouer ici en resignant ou partir autre part. Que ce soit en Espagne ou en Belgique, tout dépendra des opportunités. Pourquoi ne pas revenir en Belgique, tout est possible dans une carrière. Mais je me sens bien ici.

Quels sont les meilleurs moments que tu as vécu en tant que footballeur professionnel?

Le premier, c'est la signature de mon contrat professionnel sans passer par un centre de formation. Très difficile à faire en France. Après, je dirais les deux titres de meilleur buteur, un en France et un à Mons l'an passé. Collectivement, les trois montées que j'ai vécues aussi. De Ligue 2 à Ligue 1 avec Strasbourg. De Division 2 à Division 1 avec Mons et la montée avec Villareal.

Te vois-tu représenter un jour ta nation en portant la vareuse de l'équipe de France?

Tous les joueurs rêvent de représenter leur nation. Maintenant, il y a de très bons attaquants chez les Bleus même si pour le moment il y a un passage à vide. C'est un rêve ...

Point de vue adaptation en Espagne, peux-tu nous raconter la relation que tu entretiens avec membres du club, joueurs, direction et supporters?

Ici, c'est un club très familial, comme Mons. Très bonne ambiance, tout le monde se connait, beaucoup proviennent du centre de formation. Je parle désormais espagnol, j'ai donc fait des efforts pour m'adapter au pays. Tout se passe bien. Directement j'ai été accepté par les supporters. Dès le premier match amical à domicile, j'ai marqué directement deux buts. J'ai reçu beaucoup de messages d'encouragement, les fans sont derrière moi et leur équipe. Cette année, dans une ville qui comprend 50.000 habitants, il y a 21.000 abonnés. Le club est aimé et les fans ont une bonne image de moi. Mes statistiques et mes matchs réalisés, mes prestations également sont là pour confirmer. J'ai planté 12 buts avec Villareal pour l'instant, on se fait mieux accepter ainsi.

Demain, tu affrontes le Real Madrid, sais-tu déjà si tu seras titulaire? Comment sens-tu ce match?

Généralement, on sait si on est titulaire plus ou moins deux heures à l'avance. J'espère l'être. Ce match se déroulera à domicile, sans aucune pression. Si on perd, c'est normal. Donc au final, nous avons tout à gagner. Maintenant, on a des valeurs, on a des choses à montrer et le Real n'est pas au top de sa forme pour le moment. Dans le foot, on ne sait jamais. On n'espère ne pas avoir de regrets et se donner à 100 %. Si on se donne, peu importe le résultat, on n'aura pas de regrets. Il faut quand même admettre qu'il y a un monde d'écart entre cette équipe et nous, soyons réalistes!

Peux-tu nous évoquer ton transfert avorté au Standard?

Il y a différents paramètres qui se sont passés à ce moment là. Le Standard et sa direction n'étaient pas tout à fait d'accord avec Mons pour le prix de la transaction. Moi, j'avais d'autres contacts et j'étais dans un moment où le choix de l'Italie était le mieux. Beaucoup de choses se sont passées à cette période là et maintenant, le Standard reste pour moi un grand club en Belgique. Ca aurait pu être bien de signer là bas, maintenant c'est terminé. Je ne dis pas que je n'ai pas eu des regrets sur le coup, mais les dirigeants n'étaient pas forcément d'accord et à partir de ce moment là tout devenait compliqué.

Jérémy, nous te remercions de nous avoir accordé de ton temps libre pour cette conversation téléphonique. Nous te souhaitons le meilleur pour la suite du championnat avec Villareal, ainsi qu'un très bon match demain face au Real Madrid de Carlo Ancelotti.

Il n'y a pas de soucis, merci beaucoup. J'espère que ce sera un beau match, je vais tout donner. A bientôt sur Walfoot, je dois vous avouer que je vous lis souvent.

Interview réalisée par Florentin Etienne