Romain Veys "L'Uruguay au pied du mur"

Olivier Baute
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Romain Veys "L'Uruguay au pied du mur"
Photo: © Photonews

Le match Italie-Uruguay est sur toutes les lèvres ce mardi. Un grand passera à la trappe. Notre ambassadeur pour la Celeste revient sur ce duel épique.

Wf: L'Uruguay est à nouveau dans la course. A-t-il les armes pour s'imposer?
 
Au-delà des armes dont dispose l'Uruguay, la question sera de savoir comment l'Italie va-t-elle aborder ce match après avoir subi une défaite-surprise face au Costa Rica. Car si l'Uruguay a elle aussi vu le petit-poucet du groupe l'emporter, la Céleste a entre-temps retrouvé le chemin de la victoire face à l'Angleterre.
 
Après un départ raté, mais je me répète, le Costa Rica a réédité son exploit face à l'Italie, montrant que la Celeste n'était peut-être pas passé à ce point à côté de son match d'ouverture, l'Uruguay a retrouvé un tout, son buteur providentiel, Luis Suarez, auteur des deux buts face aux Anglais, un style de jeu, grâce notamment au petit Nicolas Lodeiro replacé en meneur de jeu, et une organisation défensive, en l'absence pourtant de son capitaine Diego Lugano. 
 
L'Uruguay a-t-il les armes pour s'imposer ? Bien sûr ! Mais ce match se jouera également ailleurs que purement dans les jambes. Le mental risque de faire beaucoup également. Et si l'Uruguay est certainement gonflé à bloc après avoir un temps pensé que la Coupe du Monde était sans doute déjà terminée, les joueurs de la Céleste vont tout de même devoir se farcir un adversaire coriace qui pourrait se contenter d'un partage (en raison du goal-average). Et tous les amateurs de football savent que l'Italie est une spécialiste de ce genre de situation. A moins que Suarez ne passe à nouveau par là ? 
 

Wf: Le fait de souffrir d'une telle dépendance par rapport à Suarez n'est-il par néfaste? 
Clairement, oui ! C'est sûr que la dépendance vis-à-vis de son numéro 9 a sauté aux yeux durant ce début de campagne. Quand Suarez est là, tout va bien. Ou plutôt, l'équipe joue en confiance car elle sait qu'il ne faudra pas trois demi-occasions au buteur de Liverpool pour pousser le cuir au fond des filets. 
 
Et si l'on doutait de cette dépendance après le premier match, le second, face aux Anglais, est venu mettre tout le monde d'accord : oui, l'Uruguay a besoin de Suarez pour gagner un match ! 
 
Mais sachant que son buteur providentiel revient miraculeusement d'une opération au genou et qu'il est un habitué des avertissements, comment ne pas imaginer ce match si l'attaquant venait à malheureusement se blesser ou cumuler deux cartons jaunes ? Quelles seraient alors les solutions pour la Céleste ? Forlan vieillissant, Cavani d'avantage comme second attaquant que buteur, l'Uruguay manque de ressources sur son banc pour palier à une éventuelle nouvelle absence de Suarez. Les Stuani et Hernandez n'ont d'ailleurs pas le même profil, ni la même efficacité sous la vareuse nationale.
 
En d'autres termes, cette ultra-dépendance est évidemment néfaste pour la Céleste. D'autant que l'Italie possède quelques fameux défenseurs en marquage, à l'image d'un Chiellini qui pourrait être repositionné dans l'axe afin de servir de garde-chiourme au buteur uruguayen.
 
 
Wf: Comment la presse uruguayenne analyse-t-elle ce début de Coupe du Monde de la Celeste?

La presse est dans son ensemble plutôt confiante dans les capacités de la Céleste à passer ce premier tour face aux Italiens. "Llego la hora" (littéralement: "Le temps est venu") était ainsi repris par plusieurs quotidiens en Une du journal à la veille du premier match de la sélection face au Costa Rica, démontrant une certaine confiance ou, en tous les cas, l'absence de crainte de la part des observateurs nationaux.
 
Mais la presse nationale a rapidement changé son fusil d'épaule après la défaite-surprise dans ce premier match ! Faisant état des tensions et dissensions qui régnaient sur le campement de l'équipe nationale, les principaux journaux uruguayens n'y sont pas allés de main-morte avec leurs favoris. 
 
Et puis le succès face aux Anglais a une nouvelle fois changé la donne et renversant la vapeur : oubliés les tracas et tensions émergés au lendemain du premier match ! "Monstruo" (littéralement : "Monstrueux") titrait par exemple en Une La Diaria, sur fond de photo noir et blanc de Suarez célébrant son premier but face aux Three Lions. Car la presse nationale ne s'y trompe pas et Suarez occupe aujourd'hui, plus que jamais, toutes les Unes sportives des quotidiens du pays, là-même où en début de Mondial les Cavani et Forlan avaient encore leur tronche en photo !
 
Au final, seul Tabarez, mais c'est logique, semble faire fi de cette dépendance vis-à-vis de Suarez, expliquant le succès face à l'Angleterre par le fait que "La Céleste répond mieux quand il y a de la pression", faisant référence également aux matches de barrages, nécessaires à l'Uruguay pour rejoindre le Brésil. 
 
Toujours est-il que tout le monde au pays semble confiant pour le match de mardi. A condition que Suarez ne subisse pas de rechute d'ici-là ...
 
 
Wf: Alors qu'il était annoncé comme le petit poucet du groupe, le Costa-Rica est le premier qualifié. Prévisible?  
 
Sincèrement, non. Enfin, pas à mes yeux en tous les cas ! Car même si cette Coupe du Monde est placée sous le signe des équipes latino-américaines, je ne voyais sincèrement pas le modeste Costa Rica passer dans ce groupe historique. Et historique est le mot : pour la première fois de l'histoire de la Coupe du Monde, trois champions du Monde (Angleterre, Uruguay, Italie) étaient versés dans le même groupe. N'importe laquelle des équipes engagées dans le "pot 4" qui se seraient retrouvées dans un tel groupe aurait été pointée du doigt comme le premier éliminé certain. Alors quand en plus c'est tombé sur le Costa Rica ...
 
Mais force est de constater que le sélectionneur colombien Pinto a réussi de grandes choses avec sa modeste sélection. Battre l'Uruguay ou n'importe laquelle de ces trois nations en match d'ouverture était en effet une fameuse surprise. Mais quand vous battez dans la foulée un deuxième ténor comme l'Italie, ce n'est plus un hasard. Le Costa Rica joue sans complexe et, comme d'autres dans ce tournoi, pratique ce jeu tout en explosivité et en fraîcheur. Une preuve de plus que le football pétillant, au-delà du spectacle qu'il apporte, peut se révéler efficace face aux équipes plus traditionnelles qui se reposent sur une organisation tactique bien huilée, rigoureuse et sans imagination.
 
Quoiqu'il en soit, cette qualification va ouvrir quelque peu le tableau "de gauche", c'est à dire le tableau des huitièmes et quarts entre les groupes A, B, C et D. En cas de partage ou de succès face aux Anglais, le Costa Rica pourrait ainsi se retrouver confronté à la Côte d'Ivoire au tour suivant ! Un huitième de finale inédit qui offrirait un quart de finaliste historique ! Mais après tout, n'est-ce pas cela la magie de la Coupe du Monde ?
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