Romain Molina présente un "autre" football dans son dernier livre : "Oui, le foot reste "The Beautiful Game"

Romain Molina présente un "autre" football dans son dernier livre : "Oui, le foot reste "The Beautiful Game"

Après avoir dénoncé la corruption et les magouilles des coulisses du football européen dans son livre "La Mano Negra", qui évoquait notamment l'Excel Mouscron et ses liens avec l'agent Pini Zahavi, Romain Molina revient à plus d'exotisme dans son dernier ouvrage.

Romain Molina est devenu une célébrité sur YouTube, entre autres, en dénonçant via ses vidéos les coulisses souvent peu reluisantes du football, principalement français mais également souvent belge. Son mot fétiche pour qualifier avec ironie les "magouilles" de cet univers : "folklorique". Mais s'il prend parfois le parti d'en rire, ce journaliste indépendant a également aidé à mettre en lumière des agissements très graves, récemment en Haïti où le président de la fédération, Yves Jean-Bart, a été banni à vie par la FIFA pour agressions sexuelles. Retrouvez ici la première partie de notre entretien avec Romain Molina, évoquant ce sujet

Romain, est-ce pour revenir à des pensées plus positives, à quelque chose de plus "pur", que tu as décidé d'écrire ce livre, "The Beautiful Game", qui traite d'histoires humaines liées au football, dans des pays qu'on connaît peu (Yémen, Népal, Irak ...) ? 

Je voulais un peu revenir à mes bases, qui étaient un livre intitulé "Galère Football Club" et dans lequel je racontais les déboires de joueurs sur la route du monde professionnel. De l'humain, en quelque sorte. Mais cette fois, je voulais m'orienter vers quelque chose de plus poétique, m'intéresser à ces pays moins connus, des pays qui n'iront jamais à la Coupe du Monde, dont on parle peu. Parce que c'est parfois dans ces pays-là que la passion est la plus pure, comme au Yémen, par exemple, où réussir à être passionné malgré les conditions est quelque chose à part. 

Cela dit, à force de fouiller, on se rend compte qu'il n'y a pas que de la poésie non plus (rires). Il y a des atrocités partout, on ne peut pas y échapper. Des affaires d'abus sexuels en Afghanistan, des magouilles dans les fédérations, de la torture en Irak, il y a des histoires horribles un peu partout et j'en raconte dans ce livre aussi. Mais le message se veut tout de même un message d'espoir : malgré tout ça, la passion du football trouve son chemin. 

"The Beautiful Game", c'est le terme utilisé historiquement pour définir le football, celui né en Angleterre au XIXe siècle. C'est symbolique, ou ironique, de l'utiliser pour définir ce football méconnu, loin du strass et des paillettes qui "dénaturent" le "beautiful game" européen ?

Ah mais pour moi, le football reste le "beautiful game", même le football européen ou ce qu'on appelle le football "moderne" ! On appelle la boxe "le noble Art" - et je n'y connais rien en boxe donc je vais m'arrêter là (rires) - et on appelle le football "the beautiful game", ce sont de belles expressions, que j'aime bien. Mais oui, il y a une volonté d'ironie par rapport à la couverture du livre : un jeune yéménite tenant une kalashnikov et rêvant d'un ballon. C'est une image frappante, ce n'est pas vraiment "beautiful" (sourire). Et pourtant, ça l'est, c'est touchant. 

Mais l'objet de mon propos, ce n'est pas de faire dans le snobisme inutile qui voudrait que ce soit mieux quand c'est "amateur", ou quand c'est pur, etc. Oui, le football "occidental" a été, je dirais, déshumanisé. Dénaturé. Mais si tu vas au Népal, par exemple, il y a aussi des histoires de corruption, des histoires criminelles, même, qui sont bien pires que ce qu'on trouve en Europe. Il ne faut pas être naïf. L'Afghanistan, pour moi, est la définition du "beautiful game" dans la façon dont les gens vivent le football là-bas, mais leur fédération a couvert des affaires d'abus sexuels au sein des sélections. C'est la nature humaine qui est horrible, où qu'on aille. 

Ce qui est certain, c'est que les histoires de ces pays plus "exotiques" sont moins connues. Ca ne rend pas l'histoire du Brésilien venu de sa favella pour réussir en Europe, ou celle de l'Argentin venu du barrio, moins belles, mais elles sont plus connues aujourd'hui. Et il y a ce côté un peu enfantin, pour le coup assez naïf, de l'appel au voyage, des terres sauvages, méconnues, ça fait fonctionner notre imaginaire, bien sûr. 

On voit d'ailleurs que le public a un peu ce "besoin". Les pages de géopolitique ou couvrant le football hors-Europe se multiplient et ont un réel succès sur les réseaux sociaux, notamment. Mais n'est-ce pas un peu par snobisme, parfois ? 

Non, je ne crois pas. Je pense que le fan de football est quand même quelqu'un de curieux, en tout cas c'est mon cas. Le football est une formidable porte sur la géopolitique pour les gens que ça intéresse. S'intéresser à l'humain, aux destins derrière le sport, c'est une belle curiosité intellectuelle. C'est quelque chose qui est également lié aux origines des uns et des autres, au métissage progressif. Chacun s'intéressera, l'un au football africain, l'autre au football des pays de l'Est, un autre à l'Asie parce que ça le touche personnellement, et il tentera d'amener les autres vers ça. Je trouve ça très bien.

Après, c'est aussi le défi d'un livre comme le mien : trouver des angles pour accrocher le lecteur, parce que ce sont en effet des pays et des histoires qui ne nous parlent pas toujours, qui viennent de loin. Le lecteur ne s'y rattache pas spontanément, c'est à l'auteur de faire le boulot. Mes sujets ne sont pas toujours très grand public, c'est clair. 

Cette volonté d'être indépendant, elle est présente chez toi dès le début ? Tu ne te serais pas imaginé en salle de presse pour le compte d'un grand média, à couvrir une grande compétition ? 

Moi, à la base, je voulais être basketteur (rires). J'ai fait mon bonhomme de chemin depuis les divisions départementales et je me disais que si j'atteignais la Nationale 3, j'aurais réalisé mon rêve. Je suis semi-professionnel, donc j'y suis arrivé, j'ai pu jouer en Écosse, à Gibraltar. Je me suis entraîné avec des pros, sans jamais le devenir moi-même, mais je suis satisfait. Cela dit, j'ai toujours su que je voudrais bosser dans le sport. 

J'ai été rédacteur pour des sites aujourd'hui disparus - Maxi-Basket et BasketNews - et ça m'a énormément formé. C'était la belle vie et une superbe école, l'ambiance était à la fois détendue et professionnelle. Si j'avais pu ne faire que ça de ma vie, franchement, je l'aurais fait. Car même si j'aime le football, "mon" sport, c'est le basket-ball ... 

Découvrez bientôt la suite et fin de notre entretien avec Romain Molina sur Walfoot.be, évoquant le football belge et ses vicissitudes. 

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