Le Sheriff Tiraspol, ce club qui ne représentera pas vraiment la Moldavie en C1 pour la première fois

Le Sheriff Tiraspol, ce club qui ne représentera pas vraiment la Moldavie en C1 pour la première fois

Ce mercredi, le Sheriff Tiraspol va disputer la Ligue des Champions pour la première fois de son histoire.

Moment historique ce soir pour la Moldavie à l'occasion de Sheriff Tiraspol - Shakhtar Donetsk : ce sera la première fois qu'un club issu de la petite république de l'ancienne URSS dispute les poules de la Ligue des Champions. Pourtant, il y a fort à parier que peu de gens en Moldavie se prendront de passion pour le parcours de ce "petit poucet" désigné de la reine des compétitions européennes, et pour cause : le Sheriff Tiraspol est le club de la capitale de la Transnitrie, territoire sécessionniste indépendant et non-reconnu par la communauté internationale. 

Un mastodonte du football "moldave" 

La Transnistrie, nom français d'une région appelée par les locaux (et les russophones) Pridniestrovie, est une petite bande de terre de 500.000 habitants, dont environ 150.000 habitent la capitale, Tiraspol. Le club de la ville domine outrageusement le football moldave - car le championnat intègre sans heurts les clubs de Pridniestrovie - depuis plus de vingt ans, n'ayant manqué le titre qu'à deux reprises depuis 2000, en 2000 et en 2011. 

À l'inverse de la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe et que la population fuit activement, la région sécessionniste de Transnistrie s'en sort financièrement assez bien en comparaison, grâce à de nombreux investissements en provenance de Russie (seul pays à reconnaître la Pridniestrovie en tant qu'État souverain). Se promener à Tiraspol est un voyage dans le passé, à l'époque de l'URSS au faîte de sa puissance, là où Chisinau, en ruines, renvoie une triste image de la Moldavie. Viktor Gushan, président du consortium industriel Sheriff et du club de Tiraspol, est un ancien membre du KGB et est l'acteur économique principal de la région. 

De 2017 à 2019, Ziguy Badibanga, formé au RSC Anderlecht, a porté les couleurs du Sheriff Tiraspol et témoignait de la puissance du club : "Un des meilleurs centres que j'ai vu. Il y a une dizaine de terrains, deux stades, des salles de sport. On est logés au stade, où il y a un hôtel", expliquait-il à Footballski en 2018. Il reste le seul joueur belge à avoir évolué en Moldavie. 

L'ironie de ce premier match 

Ce mercredi, le Sheriff Tiraspol représentera donc fièrement la Pridniestrovie en Ligue des Champions, car il ne faut pas se leurrer : une telle vitrine rend le tout très politique, et le thème de la Transnistrie reste source de tensions notamment entre la Russie, présente militairement pour assurer l'intégrité de cette langue de terre russophone, et l'Europe.

D'où l'ironie assez folle du tirage qui verra le Sheriff entamer sa campagne face au Shakhtar Donetsk, club en exil, interdit d'évoluer chez lui depuis la terrible guerre de sécession qui a éclaté dans le Donbass entre les séparatistes, soutenus par la Russie, et l'armée ukrainienne. Contrairement au Sheriff Tiraspol, le Shakhtar Donetsk n'est pas devenu le porte-drapeau de la République populaire du Donbass, mais est au contraire activement opposé à l'influence russe. Il y aura plus que du football à l'oeuvre à Tiraspol ce soir ... 

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