Le billet de Dupk : Déblatérons Blatter!

Belgique, laisse béton 2018!

La Fifa défend un monde où tout s'achète et tout se vend : joueurs, gosses, droits télés, droits publicitaires, droits d'organisation d'événements, licences diverses, etc. A la Fifa, la seule poésie qui tienne est celle des chiffres imprimés sur les billets de banque. A la Fifa, tout s'étiquette, tout est mis à prix et tout se négocie, sans tabous. Le marchand y est roi. Et ce monarque a définitivement bouté le Christ de l'éthique dehors du Temple du football .

En affaires courantes alors que la crise économique est galopante, notre gouvernement n'a plus qu'une seule solution : mettre  le terme à cette course insensée et déséquilibrée, arrêter de courir et prendre enfin le temps de la réflexion. Ainsi, par cette attitude, il ferait coup double : il se permettrait d'abord le luxe de dénoncer une multinationale corrompue jusqu'à la moëlle et il éviterait ensuite la catastrophe de devoir organiser la Coupe du Monde 2018 (le risque est certes minime, mais on ne sait jamais). 

D'accord, il y aurait là une part de naiveté don quichotesque et peut-être un tantinet hypocrite de la part d'un Etat qui par ailleurs continue de financer à concurrence de 240 millions d'euros par an les agissements d'une secte qui croule sous les accusations de faits de pédophilie. Mais n'empêche, retirer maintenant la candidature belge pour 2018 aurait l'effet d'un carton rouge plein de panache!

Et puis, dégonflons une fois pour toute cette formidable baudruche qui prétend qu'une Coupe du Monde est une chance à saisir, une opportunité exceptionnelle, etcaeteri, etcaetera. Une Coupe du Monde ne rapporte rien aux Etats qui l'organisent, sinon qu'elle représente un formidable gaspillage d'énergie,  une aberrante exaltation de l'ego de quelques politiciens et des profits éhontés pour la FIFA, une association qui n'a rien d'une asbl.

Prétendre le contraire est une hypocrisie fieffée, les comptes de l'Euro 2000 nous le rappellent tous les jours. L'Euro 2000 était annoncé au début des années 90 comme un tournant unique que notre pays ne pouvait se payer le luxe de louper. En 2010, le bilan est pitoyable : le niveau de notre football n'a jamais été aussi bas, nos stades de foot rénovés à coup de millions pour l'événement sont dix ans plus tard de désuètes plaisanteries et le Centre National de Formation de Tubize, notre Clairefontaine à nous, est une aire lugubre avec un bâtiment principal qui est un chancre. Alors, Alzheimer nous voilà?

La construction de stades pharaoniques qu'on devra démonter après 2018 pour cause de gigantisme inutile sera principalement à charge des pouvoirs publics. Le coût des lourds travaux d'infrastructures réclamés par le cahier de charges de la FIFA est également pour la pomme des contribuables.

Certes, les promoteurs de la candidature parlent créations d'emplois, relancement du secteur de la construction et autres tartufferies. N'importe quel plan de construction de logements sociaux, de rénovations des bâtiments scolaires, voire à la limite d'érections de stades de football à dimension humaine créerait davantage d'emplois utiles.

Déblatérons donc Blatter. Sans Courtoisie. Il est temps de dire enfin non, d'oser dire un non majestueux et ferme. Au nom de la gloire du sport. Au nom d'un pays qui veut mourir dans la dignité.

Dupk