À la découverte du Skënderbeu Korçë

La première question qu'on peut légitimement se poser, c'est: "Qu'est-ce que c'est que ce nom?". Non, Skënderbeu n'est pas un bled albanais, pas plus qu'Ujpest et Ferencvaros ne sont des villages hongrois, ni Schalke une ville allemande. Le Skënderbeu Korçë tire son nom... d'un seigneur de guerre du XVè siècle, Skanderbeg, véritable héros national albanais, personnage badass au possible qui est devenu une icône de la lutte contre l'Empire Ottoman et dont les nobles de Venise étaient prêts à payer cher pour la mort. Un peu comme si Anderlecht s'appelait l'Ambiorix de Bruxelles, donc.

Voilà pour mettre dans l'ambiance. Skënderbeu, c'est un club albanais et fier de l'être. Et Korçë, c'est une ville du sud-est de l'Albanie, la sixième du pays en termes de nombre d'habitants. Et du point de vue footballistique?

Le Skenderbeu Korçë est loin d'être un grand club historique en Albanie. Très vieux club, né en 1909, il n'a toutefois accédé de façon durable à la Superliga albanaise (la division 1) qu'en 2009! Tout d'abord véritable petit poucet du championnat, Korçë finira par s'imposer comme... le meilleur club du pays, remportant le championnat en 2011.

Des investisseurs sauveront le club, mais les rumeurs de magouille viendront avec le succès

Par quel miracle? Le miracle de l'argent. Des investisseurs arrivèrent et sauvèrent le club. Le représentant de Red Bull en Albanie, plus précisément. Fort heureusement pour le folklore local, le club n'a pas été renommé Red Bull Skënderbeu Korçë (l'illustre guerrier albanais se serait retourné dans sa tombe), mais l'effet sera radical: après ce premier titre, quatre autres suivront.

Mais sans grande surprise, les rumeurs de magouille viendront avec le succès. En cause, notamment, l'implication dans la gestion du club d'un ancien ministre albanais des finances, Ridvan Bode. L'homme est parmi les actionnaires principaux de Korçë, et est loin d'avoir une image clean: blanchiment d'argent, magouilles, chiffres de croissance du pays truqués pendant son mandat...
Pour ne rien arranger, le match de préliminaires de Champions League contre les Crusaders, club d'Irlande du Nord, aura un parfum de polémique. Vainqueurs 4-1 à l'aller, les Albanais mènent tranquillement 1-2 à dix minutes de la fin. 300 000 euros sont alors investis dans des paris en ligne sur cet obscur match, et Skënderbeu arrêtera à peu près de jouer, faisant n'importe quoi et laissant les Nord-Irlandais gagner 3-2. Normal...

Sur le terrain, Skënderbeu a tout de même quelques atouts. Notamment un buteur particulièrement expérimenté: Hamdi Salihi, attaquant international albanais (11 buts) et star de l'équipe. Pas le premier venu: Salihi a marqué 55 buts en 94 matchs pour le Rapid Vienne entre 2009 et 2012, faisant ensuite un tour du monde via DC United aux USA et Jiangsu Sainty en Chine avant de revenir au pays, où il claque but sur but. Salihi, c'est pas loin de 200 pions dans sa carrière.

Reste que pour le moment, magouilles ou pas, Skënderbeu, en Europa après avoir été éliminé par Zagreb dans l'antichambre de la C1, ne brille pas sur la scène européenne: deux matchs, deux défaites et pas de but inscrit. Dans un groupe impossible avec le Besiktas, le Sporting Lisbonne et le Lokomotiv Moscou, Korçë aura bien besoin de l'esprit du héros dont s'inspire son club pour relever la tête!