Le boxing day belge est loin de faire l'unanimité : "Les gens s'en foutent des joueurs"

Antoine Arnould
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Le boxing day belge est loin de faire l'unanimité : "Les gens s'en foutent des joueurs"

Depuis quelques années, la Pro League se la joue à l'anglaise et inscrit dans le calendrier des matchs entre la Noël et la nouvelle année. Sauf que, outre-manche, une raison historique explique ce choix. Un choix que les coachs étrangers n'ont pas toujours apprécié.

Hormis en Grande-Bretagne, aucun match des grands championnats européens ne se déroule le lendemain de Noël. Contrairement à la Belgique, les Britanniques ont une raison historique pour élaborer un tel calendrier.

Le 26 décembre, le « boxing day » ou littéralement « jour des boîtes », est un jour férié depuis 1871. Les Historiens ne sont pas tous d’accords mais l’explication la plus courante est la suivante. Les lendemains de Noël, les prolétaires anglais pouvaient rentrer dans leur famille. Le personnel de maison dans les familles riches pouvait emporter une petite boite (« box ») avec les restes des repas luxueux des derniers jours.

D’autres historiens y voient une explication encore plus ancienne. L’origine serait religieuse ; au XVème siècle, on collectait des offrandes dans une petite boite dans les églises dans une optique de charité. Quoiqu’il en soit, depuis plus d’un siècle outre-manche, le 26 décembre est consacré au sport : hippodrome, stade de foot, de rugby, de cricket, à chaque fois il s’agit d’une occasion pour se retrouver entre amis ou famille pour pinter.

Le premier boxing day footballistique a eu lieu un 26 décembre 1860. Ce jour-là se joue un historique derby de Sheffield. Depuis la création de la Premier League en 1888 (Football League à l’époque), tous les 26 décembres sont consacrés au football. Ce jeudi aussi, 9 matchs de Premier League se disputeront.

Parfois, au plus grand malheur des coachs étrangers. Pep Guardiola et City ne jouent pas exactement le « jour de la boîte ». Mais ils enchaînent deux matchs le 27 et le 29 décembre. Le Catalan s’est exprimé avec colère sur cette surcharge : « C'est un business. Les gens se foutent des joueurs. Il est blessé ? Ok, au suivant ! ».

Jürgen Klopp et Louis van Gaal expliquaient la tendance aux mauvais parcours européens des clubs anglais (ils déclaraient ceci en 2015) par un calendrier surchargé. Ils s’en prenaient par ces mots au boxing day : « Vous n’avez pas de pause, trop de compétitions. Je pense que tout le monde sait que cela n’est pas la meilleure façon d’obtenir des succès » (Klopp) et : « C’est la chose la plus diabolique de leur culture. Ce n’est pas bon pour le football anglais, pour les clubs ni l’équipe nationale. L’Angleterre n’a rien gagné depuis combien d’années ? Parce qu’ils sont épuisés à la fin de la saison » (Van Gaal).

Les supporters anglais ont tendance à adorer cette tradition. Ils se rendent en masse dans les stades – encore plus que d’habitude -, dans les pubs ou devant leurs téléviseurs. Cependant, les fans de Liverpool n’ont pas apprécié l’horaire tardif de leur match de ce jeudi. Pour une question de profit des diffuseurs tvs, Liverpool jouera à 20h (heure locale) contre Leicester City.

Dans un communiqué, un groupe de supporters des Reds s’est farouchement opposé à cet horaire qui ne prend pas en considération les fans : « Les trains de la compagnie nationale ne circulent pas ce jour-là, et les transports publics locaux seront probablement très réduits, s'ils sont encore actifs à une heure aussi tardive » Ils réclament donc que les autorités « fassent le nécessaire » et reprogramment tous les matchs du boxing day à « heure raisonnable », l’après-midi par exemple.

En Belgique, alors qu’il n’y a pas de raison apparente d’en faire autant, la Pro League décide depuis quelques années de suivre le même schéma. Par simple désir de copier le prestigieux championnat anglais. Peut-être aussi pour caser des matchs dans un calendrier alourdi par le système des play-offs.

Comme pour les managers étrangers outre-manche, plusieurs entraîneurs de Jupiler Pro League ont un avis tranché sur la question. C’est le cas notamment de l’entraîneur de Mouscron : "Je trouve que les choses sont faites à moitié. Soit on joue pendant les fêtes et on continue le championnat. Soit on fait une vraie pause. Mais ici, on intercale un match entre les fêtes. Je n’aime pas trop ça" s’est-il exprimé lors de la conférence de presse ce mardi.

Un avis qu’est loin de partager Hannes Wolf : "En Allemagne, je n'étais pas habitué à jouer des matchs pendant la période de Noël. Mais cela ne me dérange pas, j'aime être à Genk et m'entraîner avec l'équipe" pouvait-on lire dans HLN.

La gestion du calendrier par les autorités n’a pas fini de faire débat. Le boxing day a une explication historique et commerciale en Angleterre. On ne peut pas en dire autant en Belgique. Et pourtant…

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