Chemsdine Talbi n'était que le début : comment le Maroc veut convaincre toute une génération de tourner le dos à la Belgique

Chemsdine Talbi n'était que le début : comment le Maroc veut convaincre toute une génération de tourner le dos à la Belgique
Photo: © photonews

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Les cas Talbi et Karetsas ont beau être réglés, le dossier des binationaux est loin d'être réglé à la fédération. Et malgré toute la détermination de Vincent Mannaert, la Belgique part peut-être de trop loin pour rattraper son retard.

Bilal El Khannouss, Anass Zaroury, Chemsdine Talbi : le Maroc a "chipé" plusieurs talents à la Belgique récemment, après avoir notamment dû se résoudre à voir partir des garçons comme Nacer Chadli ou Marouane Fellaini par le passé. 

Et les Diables ne sont pas les seuls à perdre des binationaux ces dernières années : Noussair Mazraoui (Pays-Bas), Sofyan Amrabat (Pays-Bas), Achraf Hakimi (Espagne), Brahim Diaz (Espagne), Amine Adli (France), Eliesse Ben Seghir (France), tous ont choisi leur pays d'origine plutôt que leur pays de naissance.

Les choses ont changé : si on ne peut pas encore parler de choix systématique en faveur des Lions de l'Atlas, en équipes de jeunes, c'est de plus en plus fréquent. Le processus se fait très jeune désormais, et plus aux alentours des 18-19 ans : la fédération marocaine investit des fortunes pour attirer les talents des quatre coins de l'Europe, issus des plus grands clubs.

De nombreux jeunes belges ont fait ce choix

Talbi a ouvert les yeux du grand public, mais il n'est que le plus talentueux et avancé dans sa progression du lot : de très nombreux jeunes ont quitté les équipes d'âge belges très récemment en faveur de celles du Maroc. Ismaël Baouf (18 ans), grand talent d'Anderlecht, international belge jusqu'en U19, est devenu U20 marocain en octobre.

Il a ainsi suivi l'exemple d'Ali Maamar, un peu délaissé par la Belgique après les U17... et donc désormais international U20 marocain confirmé avec 21 caps. Il y a très peu de chances que le back droit du RSCA revienne dans le giron belge. 

Plus bas, c'est la même chose : en U18, le jeune Ilyas Bouazzaoui (Genk) a été repris par le Maroc durant cette trêve, lui qui évoluait avec les U17 et U18 belges. Ilyes Benachour (Bruges) a quant à lui refusé la Belgique dès ses 16 ans. Et même dès les... U16, le Maroc séduit, ayant notamment convaincu le jeune Dalil Ouadrassi (KV Malines), lui aussi passé par les équipes de jeunes belges.

Une fédération marocaine aux petits soins 

Mais qu'est-ce qui pousse les jeunes belgo-marocains à préférer le pays de leurs parents ou grands-parents à celui où ils ont fait toutes leurs classes ? "C'est un ensemble de critères qui fait que l'énorme majorité des jeunes marocains pense choisir le Maroc plutôt que la Belgique. Tout d'abord, la fédération marocaine a des années d'avance par rapport à la belge en matière d'encadrement des jeunes", nous explique le père d'un jeune talent belgo-marocain. 

"L'encadrement est au top. Il y a des navettes pour aller les chercher à l'aéroport, les vols et l'hôtel des parents sont parfois payés pour les joueurs mineurs. Les coachs des jeunes prennent le temps de faire des entretiens en face-à-face avec chaque joueur, leur donnent un programme détaillé des prochaines échéances internationales", énumère notre interlocuteur. 

Le centre de formation Mohamed VI, situé à Salé, près de Rabat, sidère tous ceux qui s'y rendent. "Le Maroc vit en 2100 par rapport à la Belgique", nous résume-t-on. "Nous n'avons même pas de stade national digne de ce nom, alors que le Maroc aura bientôt le plus grand stade au monde, accueille la CAN 2025 et en partie le Mondial 2030... Même en France, il n'y a pas de complexe sportif comme celui du Maroc".

L'Union Belge risque fort de perdre tous ses talents marocains 

Les propos très offensifs de Vincent Mannaert, qui exige des jeunes binationaux qu'ils posent leur choix au plus vite, paraissent donc un peu contre-productifs. Car là où la Belgique pratique le bâton, le Maroc opte pour la carotte. Quand l'un de ses deux parents est excessivement sévère et que l'autre le gâte, il ne faut pas être grand clerc pour deviner dans les bras duquel un enfant ira se réfugier en cas de doute.

Sans parler de ce qui se passe en club. "Certains clubs mettent la pression sur de jeunes binationaux pour qu'ils choisissent la Belgique. Cela explique plusieurs départs", assure notre interlocuteur. À l'inverse, on sait de notre côté que dans l'autre sens, certaines fédérations africaines ou du Moyen-Orient ont des partenariats avec des clubs : si un jeune opte pour un pays, il obtiendra un transfert dans le club en question. Des pratiques cyniques, mais face auxquelles les fédérations européennes, et pas seulement l'URBSFA, ne font qu'ouvrir des yeux ronds.

Bref : celui qui pense pouvoir résumer le choix des jeunes Belgo-Marocains (ou autres binationaux) à un choix "du coeur", au fait de "se sentir Belge" ou de "devoir" quelque chose à son pays natal risque fort d'encore longtemps peiner à comprendre le coeur du problème. 

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