Interview Marc Segatto "L'arrêt Bosman n'a pas été positif pour tous les joueurs"

Olivier Baute
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Marc Segatto "L'arrêt Bosman n'a pas été positif pour tous les joueurs"
Photo: © SC

Ancien joueur du Standard (jusqu'en espoirs)et d'Eupen, Marc Segatto s'est ensuite spécialisé dans la formation des jeunes. A présent, il souhaiterait s'occuper d'une équipe première et est donc disponible sur le marché.

Wf : Tu viens de finir ta première saison en tant que coach des U19 du CS Visé. Quel bilan tires-tu de cette campagne ?

Concernant la formation, je suis très satisfait de la progression collective. Au niveau tactique , mise en place d'un bloc solide qui a joué la zone, avec des reconversions rapides et des reprises de tâches qui se faisaient   magnifiquement bien. Individuellement,  les joueurs ont aussi amélioré leur passing et leur contrôles. Leur maîtrise du ballon et forcement leur jeu en possession de balle, leurs relances étaient meilleures. Ils ont compris aussi que chaque joueur a son importance, mais un rôle diffèrent. Nous avions souvent la possession du ballon. Le seul regrêt,  c'est notre jour sans contre OH Louvain.  

Au classement final, nous terminons quatrièmes, avec deux matches en moins contre le dernier et l'avant-dernier (dans les championnats de jeunes, les matches remis ne sont pas toujours rejoués). En sachant, que tous les joueurs présents sur la feuille jouaient au moins 45 minutes. Dans certains matches, cela nous a coûté des points. 

Mais, la plus grosse satisfaction, c'est le remerciement de tous mes joueurs et de leurs parents pour l' apprentissage qu'ils ont reçu. Pourtant, je suis un entraîneur exigeant, je crie, je gesticule. Pas toujours facile pour les joueurs, car je ne lache rien. Mais une de mes victoires, c'est qu'ils comprennent que c'est pour leur bien, car j'explique toujours le pourquoi du comment. Je crois vraiment que c'est la bonne méthode, vu tous les remerciements en plus du respect que j'ai reçu de mes joueurs.
 
 
Wf : Certains joueurs de cette équipe pourraient rejoindre le noyau A du club mosan ?

Oui. Pas dans l'immédiat, mais certains joueurs ont les qualités techniques pour arriver en équipe première. Il faut être complet, aussi bien en perte de balle qu'en possession de balle. Le mental est très important, apprendre à se faire mal. Il reste encore du travail. Ils doivent croire à leur rêve, mais ils doivent aussi faire tout pour y arriver, travailler, travailler et encore travailler. Le joueur qui stagne, même si il est bon, commence déjà a régresser.
 
 
Wf : Avant de rejoindre Visé, tu as officié durant de longues années en tant que formateur au Standard de Liège. Quelles ont été tes principales satisfactions dans ce club ?

La plus grande satisfaction pour un formateur, c'est de voir un des jeunes du centre de formation arriver en équipe première. Participer a son éclosion engendre toujours un plaisir et une fierté. Et ces dernières années, au Standard, nous devons être fiers. Cela tourne plutôt bien. Par exemple, l'année dernière contre Hambourg, il y avait sept jeunes du centre de formation dans le groupe. c'est aussi voir se reproduire sur le terrain ce qu'on leur a appris.
A titre plus personnel, les titres de champions de Belgique sur huit saisons en classe 1 ou 2. Le dernier titre, nous avons eu tous les records, une seule défaite, meilleure attaque, meilleure défense, le plus de points. Et tout cela, en comparaison avec toutes les catégories des U11 aux U21. Les victoires dans certains grands tournois, et à deux reprises, la coupe du meilleur coach. La reconnaissance de mon travail par des gens du foot et du football déployé par mon équipe.
 
 
Wf : Tu étais annoncé parmi les candidats au poste d'entraîneur de l'équipe promotionnaire de Seraing. Envie de coacher une équipe première ?
 
 
Oui certainement, mais une équipe première ambitieuse, qui veut jouer avec des jeunes.  Même si je sais bien qu'il faut des joueurs d'expérience pour les encadrer. En sachant, que je préfère des joueurs à caractère, qui ont envie, plutôt que des anciennes stars qui viennent pour gagner un peu d'argent, tout en n'ayant plus envie de se faire mal. Juste passer un peu de bon temps sur la pelouse.
 
 
Wf : Une expérience au niveau provincial pourrait t'agréer ?

Oui. Mais comme je l'ai dit plus haut, un club ambitieux, avec des règles et de la discipline. Je suis un entraîneur exigeant, avec moi même, comme avec mes joueurs.
 
 
Wf : Avant d'être formateur, tu as été joueur durant de longues saisons au niveau national, aussi bien sur prairie qu'en salle. Quels aspects ont changé entre ton époque et l'actuelle ?

Je crois que les joueurs de maintenant ont de meilleurs entraîneurs. Des diplômés, mais pas encore assez d' entraîneurs qui savent montrer les gestes comme aux Pays-Bas, où on passe d'abord le test sur terrain avant l'examen théorique. Ici, si tu es intelligent, tu peux réussir l'école des entraîneurs même si tu as les pieds carrés. Il y a aussi les conditions et les fréquences d'entraînements. Le championnat des jeunes est national, donc plus difficile.

L'apprentissage est meilleur. Ils sont en général plus doués techniquement, mais ils sont trop vite satisfaits de leur prestation, pas assez critique envers eux. Ils manquent de volonté, de courage, de mental et parfois, aussi ils oublient leur premier rôle.

L'arrêt Bosman n'est pas positif pour tous, car certains joueurs, pour un oui ou un non, changent de club. L 'argent est aussi un facteur déterminant, même si les joueurs ne peuvent pas avoir de contrat avant 16 ans. Mais pour les meilleurs, ce sont souvent les parents qui en profitent. 

Il y a aussi tous ces managers qui sont comme des requins, prêts à n'importe quoi pour prendre les joueurs sous contrat. Ils pensent plus à leur compte en banque qu'à l'avenir du joueur. Même si il y a des managers honnêtes et là, c'est peut être intéressant pour aider, conseiller les parents dans les choix.  Mais, c'est pas évident à trouver. Comme les clubs anglais qui achètent tout ce qui est bon en Europe. Puis lorsqu'ils arrivent en équipe première, il n y a pas place pour tout le monde. La preuve, c'est que dans les tournois internationaux jusque à l'âge de 16 ans, nous sommes toujours dans les meilleurs et les Anglais nulle part. Et puis, à partir de 17 ans, ils font de meilleurs résultats.
 
Je crois que les joueurs de mon époque avaient un meilleur mental, plus de courage. Rien qu'au niveau des entraînements, nous n'avions pas des groupes de travail de VMA. Tous ensemble. Petite VMA et grosse VMA, tu devais courir, un point c est tout. Nous n'en sommes pas morts, c est vrai.
 
L'évolution du foot veux que l'on travaille plus scientifiquement et c'est un plus. C'est très bien, les performances sont meilleures. Le seul petit revers de la médaille, c'est qu'ils ne savent plus se faire mal. Ils ne savent plus souffrir, d'autant plus qu'en rêgle général, chez eux, ils sont gâtés par les parents. Maintenant, on joue à la Playstation tandis que nous, nous étions dehors par tous les temps àjouer au foot. 
 
Le plus bel exemple, c'est notre équipe nationale. Personne ne peut ignorer que tous les joueurs sont plus doués techniquement que l'ancienne génération, mais les resultats ne sont pas les mêmes. Pourquoi ?   Mental, caractère et ils faisaient ce qu'ils savaient faire. Chacun son rôle, enfin une équipe, un bloc.

Intéressé par le challenge de reprendre une équipe première, Marc Segatto est contactable par mail  à marc.segatto@teledisnet.be 
 
 
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