Vista local : Brésil version Coupe des Confédérations 2013

Brésil - Cameroun.

Le Brésil renoue avec l'équipe qui a gagné la Coupe des Confédérations en 2013.

Cette journée de dimanche, fertile en émotions et sentiments, se termine par la profonde déception des joueurs US, qui au bout de 94 minutes et 50 secondes de jeu athlétique dans une chaleur de plus de 30 degrés et une humidité proche de 100%, laissent filer la qualification et l'exploit devant une équipe du Portugal, désespérée, prodigieusement mal préparée - comptant déjà au moins quatre blessés sur problème musculaire - et bienheureuse sur un centre de grande qualité de Ronaldo pour la tête bien fraîche de Valera bien plus hautes que les rotules au sol des défenseurs nord-américains.

Dans ce match animé et vif, les américains ont joué en block dans un schéma tactique clair et bien exécuté, là où les individualités portugaises se sont cherchées, sans aucun fil conducteur sinon la recherche de l'exploit personnel.

Quatre goals qui succèdent à six autres goals dans un match endiablé - on a vendu notre ãme -, vif et spectaculaire qui a été une propagande pour le football offensif. L'Algérie et Vahid Halilhodžić réconcilie le Brésil avec le football après l'ersatz cochonné du Maracana.

Je me demande : A quoi devons-nous cette Coupe du Monde si belle, si inattendue, avec tant de goals et de surprises ? Qu'est-ce qui a changé dans le football en si peu de temps ? Plusieurs choses, dans le désordre : les maillots, très difficiles à tirer, le ballon, qui enfin file droit, la nouvelle règle sur la faute de main qui précise qu'il y a faute dès que le ballon est dévié, intention ou non et les lignes blanches pour les coup-francs qui instaurent, ouf !, un respect des distances sous la menace efficace d'une carte jaune, fusse-t-elle collective.

La qualité des terrains joue également un rôle, parce qu'elle favorise le jeu technique et préparé. La boue, les bosses, le sable, ... favorisent toutes les qualités d'improvisation, mais le billard permet des combinaisons étudiées.

Peut-être encore le fait, conscient ou non, de jouer devant des connaisseurs... J'espère que nous aurons l'occasion d'en reparler. Car il se passe et se dit beaucoup de choses au Brésil. Les étrangers qui
s'émerveillent du pays interpellent beaucoup les Brésiliens, qui se demandent d'abord pourquoi puis réalisent que l'herbe qui était plus verte ailleurs, notamment le cannabis légalisé en Uruguay, est parfois plus proche de la paille qu'ils ne le pensaient. Ernest & Young vient de publier un rapport de réviseurs contrôlé par une fondation universitaire de gauche sinon marxiste qui démontre une retour d'investissements de plus de 500% en 4 ans... très dérangeant pour les thèses des conservateurs et des manifestants, Au même moment, the Economist publie une étude de géographie économique qui prouve que les inégalités diminuent. C'est peut-être cela qui dérange ...

Un ami journaliste vient de m ́écrire : "J'ai cherché aujourd'hui des amis qui étaient, naguère, opposés à la Coupe du Monde. Je n'en ai plus trouvés". Les gens commencent à se rassembler pour regarder ensemble les matchs. Et, exceptés les matchs de la Belgique (et l'Argentine), c'est quasi la fête à chaque rencontre.

Cependant, la question des hooligans n'est pas résolue. Et quelques affaires méritent d'être rapportées. Ce sera pour demain ou après.

 

Aujourd'hui, le troisième tour, le tour des suspicions, débute et débute bien mal avec la juste colère de Louis Van Gaal, entraineur de la Hollande, qui rencontrera le Chili de Sampeoli, dans un match du groupe B qui vaudra la peine d'être vécu, mais avant le match décisif du Brésil et donc du groupe A.

Bon. C'est le même jour. Mais le tirage au sort étant ce qu'il est, ce match du groupe B devait avoir lieu après et aurait ainsi permis à la Hollande de choisir la première ou le deuxième place de son groupe en fonction de son adversaire, alors connu.

Demain, elle devra parier sur une victoire du Brésil. Une colère un peu factice, non ? Qui peut imaginer que le Brésil ne gagnera contre le Cameroun, ce pauvre Cameroun, tellement pauvre que des âmes bien pensantes - collections et collectors disponibles en grands nombres dans la classe moyenne et les églises brésiliennes - annoncent déjà un trucage, appelés dans ce cas-ci valise noire - : les joueurs camerounais, déjà éliminés, souhaiteraient arrondir leur fin de mois avec un petit bas de laine. Si je suis bien l'actualité, quelques prostituées accortes devraient les rassasier.

Pauvre Cameroun pauvre - exceptés les footballeurs internationaux (et les hommes politiques) !



En arrivant au Brésil, j'ai appris que le nom commun français crevette se traduisait en portugais par camarão. J'ai compris en un éclair que Cameroun signifiait crevette. Cela doit sembler drôle d'être citoyen du pays Crevette.

Comme appellerait-on les habitants de ce pays ? En tout cas, les crevettes font grise mine et les brésiliens sont prêts à les manger en croquettes ou pasteis dans ces fritures dont ils ont le secret et le goût. Avec une huile pimentée, sans doute. Mais sans persil frit. Ici, les crevettes grises sont les moins bonnes et les crevettes des lacs sont les plus gouteuses. Il y a en a de toutes les tailles. De quoi faire un beau bouquet... de goals.

Le Cameroun est, jusqu'à maintenant, et depuis longtemps, à la dérive. Dérive religieuse, dérive ethnique, dérive socio-économique, ... dérive dans les conflits entre Roger Milla et tout homme ou femme qui pourrait le contredire... Le gouvernement a d'autres soucis que le football et les joueurs ont fait grève pour une indemnité de participation fixe plutôt que pour des primes de victoire.

L'entraineur allemand Volker Finke est publiquement pris à partie ou insulté par Roger Milla, notamment et d'autres personnes. Je l'admire. il reste calme. Non, dit-il avec sérénité et assisduité, il n'y a pas eu de grèves, tout le monde travaille bien. Non, nous n'avons pas raté l'avion, juste un petit contretemps administratif, nous prendrons l'avion suivant. Non, il n'y a pas d'incidents, justes quelques mises au point et quelques faits quelques fois inacceptables pour des professionnels que tout le monde a vus, qui ont été résolus dans le vestiaire entre nous et qui ne se reproduiront plus. Attention, Heer Doktor, il reste encore un match et quelques jours au Brésil...

Pourquoi payer une équipe tant délabrée ? Quoique, devant le grand Brésil...

Parce que pour le peuple brésilien, il n'est pas question d'un match nul. Peu importe l'adversaire en finale. La Seleção doit gagner et avec la manière.

Le petit commandant Felipâo a bien réfléchi. Il a décidé d'en revenir à ce qui fonctionnait bien : l'équipe qui a gagné la Coupe des confédérations. Donc toujours avec Paulinho, qui s'entraîne dur et bien - et les autres ? - mais avec Hulk á la place de Fred. Fred reviendra quand il sera en forme.

Par ailleurs, il a tenu à mettre les points sur i. Tant qu'il y était, il a choisi un tréma, avec statistiques à l'appui : le Brésil a la meilleure défense du monde et la plus expérimentée (moyenne d'âge de trente ans), depuis 3 ans et l'axe défensif Thiago Silva - David Luis est le plus solide de tous les axes défensifs des équipes en lice. (Il me semble d'avoir lu quelque chose du même genre de la part de Capello pour les russes, cependant sans les preuves). Les chiffres, que je vous épargne, sont irréfutables. Ce qui est discutable, c'est leur valeur, car, depuis 4 ans, mis á part la Coupe des Confédérations, il n'y a eu que des matchs amicaux et d'entrainements. Quoique, les chiffres restent constants lors des matchs officiels, dont le nombre est, actuellement, méthodologiquement insuffisant.

Donc, tout va bien.

Haut les cœurs !

A bientôt en 1/8 finale, je passerai aussi mon équipe, si j'ai bien compris.