Interview Patrick Aussems, un Belge roi de Tanzanie

Patrick Aussems, un Belge roi de Tanzanie

Les Belges s'expatrient avec succès et ce bien au-delà des frontières de l'Europe. C'est le cas de Patrick Aussems, entraîneur du Simba SC, géant du football tanzanien, qui nous a raconté son expérience...

Patrick Aussems a quitté la Belgique depuis longtemps.  Cet ancien joueur du Standard a entamé sa carrière d'entraîneur en France avant de partir une première fois pour l'Afrique, au Cameroun en 2004, puis d'y retourner pour entraîner le Bénin en 2006. "Tout s'est toujours fait via des rencontres, des contacts, notamment à la suite de cette aventure au Cameroun. Je retournais en France, où j'ai une maison, entre chaque contrat", nous explique Aussems.

"Aujourd'hui, je suis un peu catalogué « entraîneur africain », j'ai donc attendu des offres l'été passé, certaines ne m'intéressaient pas... jusqu'à celle du Simba SC. Quand j'ai vu la passion, le sérieux du projet – l'investisseur principal est milliardaire - , je n'ai pas pu dire non". 

Du Bénin à la Tanzanie en passant par... le Népal

Il faut dire que la passion d'Aussems l'a déjà fait relever des challenges un peu fous, dans des conditions parfois difficiles bien loin de ce qu'offre l'Europe. "Il faut distinguer sportif et extra-sportif. Au Bénin, j'étais directeur technique et sélectionneur, ce qui amène une vision globale et à long terme très intéressante. Quand j'ai entraîné Al-Hilal, au Soudan, sportivement, rien à dire : on jouait devant 20 à 30.000 personnes, les infrastructures étaient nickel, mais la vie à Khartoum était difficile", raconte-t-il. 

Son plus grand défi : reprendre la sélection... du Népal, en 2015, quelques mois après le tremblement de terre qui secoue le pays et fait 17.000 morts. "La FIFA m'a contacté à l'époque, sachant que j'étais libre, pour les aider à reconstruire quelque chose. Grâce aux gens fantastiques avec lesquels j'ai pu y travailler, nous avons pu repartir de presque zéro avec des jeunes et ça continue de bien marcher pour eux", se réjouit Aussems. 

Anderlecht ou le Standard, c'est de la peccadille à côté de ce que je vis en Tanzanie 

Aujourd'hui, le voilà en Tanzanie, dans le plus grand club du pays : le Simba SC, champion en titre et avec lequel il s'est récemment qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des Champions africaine. Il affrontera le TP Mazembe, plus connu dans nos contrées.

Un pays de football 

"Il faut savoir une chose, c'est que la Tanzanie, même si elle n'obtient pas de résultats à l'international, est un pays de football et qu'il y a surtout deux grands clubs ici : Simba et Yanga (les deux clubs de Dar es Salam, nda). Tout le monde supporte l'un ou l'autre, c'est comme ça", explique Aussems. "Un tel engouement, encore plus avec les résultats aidant, c'est absolument fou. Quand on se déplace, ce sont des milliers de personnes qui nous accompagnent à l'aéroport. Ma famille est venue à Noël : se rendre en ville, au bar ou au restaurant, c'est impossible, on m'arrête toutes les cinq minutes". 

Le tout dans un cadre exceptionnel. "Pour ne rien gâcher, la Tanzanie est - de très loin - le plus beau pays que j'ai vu", confesse le coach du Simba. Qui reconnaît tout de même : "On ne s'habitue jamais vraiment au football africain. Mettez Pep Guardiola ou José Mourinho ici, il s'enfuit en courant (rires). Il y a de très bons joueurs et infrastructures, mais ce qu'il y a autour, notamment les affaires de sorcellerie... cela va parfois à l'encontre du bon sens. Mais ça fait partie du charme du football africain". 

Une chose est sûre : un retour en Belgique, ce n'est pas forcément ce dont rêve Patrick Aussems, qui n'a jamais entraîné "chez lui". "Bien sûr, quand on obtient des résultats dans de telles circonstances, on se dit qu'on doit pouvoir réussir en Belgique. Les conditions de travail seraient meilleures en Europe. Mais je ne retrouverais jamais la passion africaine pour le football, nulle part. Je m'excuse de le dire, mais le Standard et Anderlecht, c'est de la peccadille à côté de ce que je vis ici", affirme Aussems. "Nous avons une assistance moyenne de 58.000 personnes par match en Ligue des Champions. Où trouverais-je ça en Europe à part dans un club du top absolu ?". 

L'ambiance dans le stade de Simba SC, à Dar es Salam :

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