L'Alphabut : la lettre X comme Xénophobie

Dirk Diederich
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L'Alphabut : la lettre X comme Xénophobie
Photo: © SC

Voici l'anti-lepen-ultième lettre de l'Alphabut de Dupk : le x comme xénophobie.

X comme xénophobie

La peur de l’étranger est une phobie relativement cocasse qu’on observe chez les personnes rabougries et fripées du cerveau, chez les fonctionnaires chiffonnés de l’intérieur, chez les minus habens aux mines racrapotées, chez les silhouettes parcheminées de douaniers-guichetiers frustrés  et chez les tout en muscles, en crânes rasés, en poings de masse, en Bibendum Mi-chelin, Mi-Monsieur Propre.

Avec un certain recul, leur effroi haineux de l’autre, leur hantise du terrien originaire d’un autre terrier que le leur, donne dans le comique de situation. C’est l’hystérique fillette de bonne famille caricaturale qui grimpe sur la table du ridicule à la vue d’une minuscule araignée et qui s’enferme aux toilettes de la raison dès qu’elle entend un grincement de parquet peut-être provoqué  par une souris grosse comme trois raisins juste bons à produire un dé à coudre de vinaigre.

Moi, je  suis né nulle part sinon sur une planète qui tourne à la façon d’une roue de la fortune. Parfois, au gré des révolutions du globe, je me retrouve sous le soleil basaneur, parfois  sous la Grande Ourse tout en mammelles d’étoiles. Dans mes rêves, j’aime d’ailleurs décrocher ces étoiles érotiques et me les agrapher sur le coeur en guise d’identité de Juif errant de la Voie Lactée. Je passe pour bon vivant et je bouffe à tous les rateliers qui sustentent toutes les parts d’humanités de l’homo sapiens.

Et si je dois mourir un jour, ce sera dans un dernier râle d’humour noir qui m’arrachera alors un rire jaune, puis m’empourprera dans un étouffement ultime avant que je crève en blanc bec à cheval sur l’épitaphe que j‘ai déjà écrite: Ici repose Don qui shoote.

Le football est un sport sans drapeaux, sinon les quatres drapeaux placés aux coins de son terrain comme pour en arrondir les angles. Il n’est pas sans couleur. Avec rien que des petits blancs, on n’a pas de match, on a un pâle Real de Madrid, c’est tout. Avec rien que des noirs et des blancs, on n’a toujours pas de match, on a le Sporting de Charleroi et des zèbres anémiques dont les sabots claquètent un tagada d’ennui.

Le football se nourrit et ne vit que par les couleurs chamarrées et les rencontres panachées. Mille langues s’y cotoient, toutes bien pendues par les lyncheurs des solitudes maussades.

Car la langue du foot est universelle. Goal ! Union Belge Saligauds ! Bouge tes couilles ! You’ll never walk alone ! se comprend en eskimo, en chinois, en arabe, en tournaisis, en bruxellois et en swahili. Le foot est un melting-pot que la réalité du terrain aujourd’hui enfin respecte, nourrit, choie et encense jusqu’aux slogans sirupeux et mièvres de la FIFA.

Hélas, les tribunes encagées créent encore les tribus bornées, les repliés sur eux-mêmes, les accrochés sectaires aux écharpes de médiocre laine made in China, les parqués aux cerveaux de moule. Sous le prétexte que la foule est fool, les tribunes sont full d’entre-nous et rétablissent de facto l’apartheid dans les stades. L’autre devient le con du cocon grillagé d’en face, la petite-bite pédophile, le Wallon caca, le Flamouche nazillon.

Tandis que moi, je rêve d’un stade comme d’un immense zinc de comptoir où chaque supporter amènerait et partagerait un casier de boissons houblonnées de son terroir. Et où les seuls cris qu’on entendrait encore  au cours des bacchanales footballistiques seraient : Passe...ton verre ! Tire... bouchon ! Dégage ... gardien de fût !

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